Le G 8 en retard d’un train

mai 20, 2012 0 Par Michel Santi

Contrairement aux fables qui nous sont contées par les fanatiques de l’orthodoxie, le continent européen ne s’enfonce pas dans la récession pour n’avoir pas respecté les critères de Maastricht en matière de limitation des déficits. Ces différences fondamentales quant au diagnostic de la crise se traduisent naturellement en des approches divergentes – parfois conflictuelles – sur le rétablissement de la croissance. Dont le G8 a pris acte dans son communiqué final en pointant les mesures qui “ne sont pas les mêmes pour chacun” des pays membres pour parvenir à relancer l’activité. C’est davantage de dérégulation, de libéralisation et de commerce qui seraient d’une part la panacée, saupoudrée de rigueur budgétaire qui résulterait en une croissance structurelle de qualité. Tandis que d’autres plaident pour une intensification des investissements de la part du secteur public qui stimuleraient consommation et innovation. Au final, c’est très probablement un compromis entre ces deux théories qui sera adopté sachant que cette troisième voie – celle de la mollesse et de la compromission – achèvera de pourrir la situation.

 

En dépit des déclarations d’intention des grands de ce monde, contrairement aux vœux pieux de tout miser sur et pour la croissance, l’urgence immédiate n’est cependant pas la relance de l’activité mais l’assainissement des établissements financiers européens. L’Union risque en effet d’imploser par son talon d’Achille, c’est-à-dire par la faute d’un système bancaire d’une fragilité extrême qui, tout en déstabilisant les marchés, aura un impact désastreux sur l’économie réelle ainsi privée de ses précieux financements. L’urgence des urgences étant les banques espagnoles qui devront être recapitalisées. Tous les efforts comme tous les sacrifices pour réaliser des économies budgétaires, pour rétablir la croissance et l’emploi tourneront donc court tant que le système bancaire européen n’aura pas été restructuré en profondeur. Faute de courage politique pour faire le ménage dans nos établissements financiers dont un certain nombre est à l’état de zombie, l’Union sera cassée net par la spirale de la dette par la déflation. En attendant, les « investisseurs » s’en donneront à cœur joie et imposeront à l’Europe périphérique (et prochainement à la France dont les banques ne sont pas des parangons de vertu ni au mieux de leur forme) des taux de financement rédhibitoires.

 

Tant et si bien que certaines nations se résigneront à sortir de l’Union avec, comme conséquence directe, la liquéfaction de l’Euro. Celles et ceux qui militent pour l’abandon de la monnaie unique arguent parfois que les effets dramatiques d’un tel évènement seraient tout comptes faits relativement circonscrits, le comparant même à la suppression de la convertibilité des monnaies en or dans les années 30. Il est vrai que c’est les pays qui avaient à l’époque le plus tardé à sortir de l’étalon or qui avaient eu le plus de difficultés à se rétablir suite à la Grande Dépression. Pour autant, la conjoncture européenne actuelle est radicalement différente car elle est composée d’une mixture hautement inflammable d’endettements privés et publics substantiels libellés en Euros qui, reconvertis dans la devise d’origine du pays qui abandonnerait l’Euro, provoquerait des réactions en chaîne de faillites dans le pays concerné et à travers tout le continent ! Non : l’option aisée des années 30 où les monnaies sortant de l’étalon or se contentaient de dévaluer n’est plus applicable aujourd’hui. La seule option, le seul horizon est l’Euro.

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