La psychose de la dette
Explosion des déficits publics, spectre du défaut de paiement d’un ou de plusieurs pays ou restructuration de leur dette souveraine ne sont en rien spécifiques à la crise que traversent nos nations occidentales depuis 2007. Depuis la Révolution française, il est possible de décompter en réalité quatre phases majeures marquées par une escalade incontrôlée des endettements nationaux.
Un premier épisode allant de la fin des guerres napoléoniennes à 1848 où une moitié des pays, des États et des royaumes de l’époque ont successivement déclaré banqueroute. Une seconde phase, démarrée en gros après la fondation de l’Empire allemand (donc au début de la décennie 1870), ayant perduré une vingtaine d’années. La Grande Dépression, bien sûr, prenant clairement ses origines dans la débâcle boursière de 1929 et ayant duré jusqu’à la fin des années 1940. Enfin, une quatrième crise entièrement localisée dans les marchés émergents ayant fait des ravages durant les décennies 1980 et 1990 et où il est possible d’inclure le Japon, pays industrialisé à l’économie intégrée ayant souffert de l’implosion de multiples bulles dès le début des années 90.
L’époque moderne est donc jalonnée de crises liées aux endettements qui durent en moyenne deux décennies, voire plus longtemps, le Japon n’étant toujours pas sorti de sa « décennie perdue » qui dure en fait depuis plus de vingt ans ! Les déficits monstrueux ayant précédé et accompagné la Grande Dépression furent pour leur part résorbés par des faillites en bonne et due forme de certains États, tandis que l’hyperinflation devait violemment se charger d’éradiquer les dettes de nombreux autres (on pense bien sûr à l’Allemagne de Weimar).
Souvenons-nous également que l’ensemble des pays alliés aux États-Unis lors du premier conflit mondial firent défaut envers ce pays, à la seule et notoire exception de la Finlande. Aucune des nations ayant à l’époque défait l’Allemagne ne fut ainsi en mesure de rembourser ses engagements envers les États-Unis, et ce, particulièrement dès l’aggravation irrémédiable des conditions économiques déclinantes à la faveur de la Grande Dépression. Les déficits colossaux de la Première Guerre mondiale et de la Grande Dépression, qui ne furent jamais remboursés, trouvèrent donc leur dénouement dans des défauts de paiement ou dans des restructurations qui consistèrent en des remboursements partiels ou en des flambées inflationnistes.
Plus près de nous, la crise des pays émergents fut elle aussi réglée par une combinaison de restructurations assaisonnée d’hyperinflation, qui put ainsi terminer le travail d’assainissement des dettes et des bulles spéculatives. Les dettes font ainsi partie intégrante du fonctionnement et du train de vie d’un État. Elles rythment également notre propre vie quotidienne.
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