La BCE, ce pompier en dernier ressort de l’Union Européenne

janvier 23, 2012 0 Par Michel Santi

Les Etats doivent-ils capituler comme ils le font face aux agences de notation qui dégradent leur note en ignorant complètement les intérêts de leurs citoyens ? La mise en place de hausses d’impôts touchant l’ensemble des catégories de la population et de réductions généralisées des dépenses publiques dans le but de calmer le courroux d’agences payées par les investisseurs seuls préoccupés par la sécurité de leurs placements aboutit à une contraction économique certaine tout en attisant les dissensions sociales. Pour solde, ces politiques de rigueur débouchent sur une spirale infernale qui fragilise d’autant plus ces économies que les nations membres de l’Union Européenne sont parties défavorisées.

 

La grande – voire l’unique – problématique européenne et gigantesque défaut de sa cuirasse étant en effet la dichotomie congénitale voulue par les pères fondateurs entre pouvoir monétaire et pouvoir budgétaire des membres respectifs. Chacun de ces pays a ainsi abdiqué sa souveraineté monétaire (au profit de la BCE) pendant qu’il a pu conserver le pouvoir de lever des impôts … sans pour autant être en mesure de stimuler son économie de manière traditionnelle, comme le feraient les Etats-Unis par exemple. Cette paralysie – pour être juste, disons cette mobilité très limitée – des membres de l’Union à relancer leur activité économique et à encourager leur croissance provenant de deux vices de forme. L’impossibilité d’une part de battre sa propre monnaie et donc d’injecter des liquidités dans l’économie. D’autre part, la marge de manœuvre des Etats à consentir une fiscalité motivante et à intensifier ses dépenses (pour engager des fonctionnaires ou lancer des programmes de travaux publics substantiels), capacité fortement réduite par les critères de Maastricht qui encadrent strictement les déficits publics.

 

On le constate, la construction européenne n’a pas donné la priorité aux emplois qui se sont retrouvés sacrifiés sur l’autel de l’orthodoxie et de la rigueur économiques. Pour les pères de Maastricht, mieux valait en effet restreindre les dépenses et miser uniquement sur la croissance pour résorber le chômage… Cet édifice au libéralisme classique peut certes (de son point de vue) se défendre mais le colosse européen présentait dès le départ un talon d’Achille que l’efficience des marchés n’a pas tardé à dévoiler, à savoir que si les membres pouvaient emprunter librement sur les marchés pour financer leurs déficits, ils n’étaient nullement en mesure de garantir leur propre solvabilité en cas de tempête financière qui était du seul ressort de la BCE. Seule cette institution supranationale dispose effectivement de la force de frappe nécessaire pour acheter les Bons du Trésor des pays membres afin d’épargner à ceux-ci le supplice de payer des taux d’intérêts ruineux pour leurs économies respectives.

 

Cette création monétaire – qui dépasse bien-sûr l’esprit des traités – est pourtant vitale si l’objectif est bien d’éviter cette gangrène que représente le mal déflationniste. Ces « baisses de taux quantitatives » européennes ont d’ores et déjà porté le bilan de la BCE à 4’400 milliards d’Euros, bilan qui se retrouve aujourd’hui deux fois plus massif que celui de la Fed. En réalité, la leçon semble enfin comprise puisque la BCE en a fait en six mois autant que la Fed en deux ans ! Le spectre de la crise systémique s’éloigne donc. Il était vraiment temps que la BCE réagisse car les enjeux étaient de taille.

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