Internet: le changement de paradigme

août 17, 2010 0 Par Michel Santi

Le plagiat est, dit-on, la maladie des temps modernes car la tentation du “copier-coller” est grande auprès des lycéens, étudiants et pas que chez eux du reste… Nombreux sont ceux en effet qui déplorent le glissement des valeurs induit par internet parmi toute une génération pour laquelle partage de musique, lien hypertexte ou référence à Wikipédia auraient boulversé l’acception même du droit d’auteur. Toute une information contenue dans le cyberespace serait ainsi à disposition d’indélicats totalement dénués de sentiment de culpabilité et dont le seul mérite serait de cliquer sur une souris vorace…

Pourtant, outre que les statistiques qui étayent ces accusations font cruellement défaut, force est d’admettre qu’internet permet précisément une détection d’autant plus rapide et efficace du plagiat qu’une portion toujours plus importante du patrimoine littéraire et scientifique de l’humanité est progressivement appelée à être numérisée. Au demeurant, ceux-là même qui sont accusés de plagiat ont-ils vraiment attendu l’apparition du web pour s’y adonner alors que, de tous temps, des étudiants ont été pris sur le fait de recopier des chapitres entiers d’ouvrages mis à leur disposition par les bibliothèques? L’ordinateur et internet facilitent certes substantiellement la tâche des plagiaires mais les enseignants se sont adaptés d’une part en utilisant des logiciels permettant de confondre les malhonnêtes et d’autre part en exigeant de consulter les brouillons de leurs étudiants. Dès lors, l’image de l’étudiant qui effectue ses recherches et qui se livre à ses réflexions sagement assis dans la bibliothèque se doit d’être dépoussiérée! Il est donc impératif de dépasser ce débat un peu stérile où l’on se contente de débattre des violations du droit des auteurs amplifiées ou facilitées par un usage massif à internet.

Car les retombées culturelles majeures d’internet dépassent très largement ce phénomène et devraient nous forcer à nous interroger sur notre compréhension de la notion même de “créativité” et sur la manière dont elle évolue en ce début de troisième millénaire. En effet, comme – selon moi – la créativité ne provient ni n’émane du vide ou du néant, en vertu de quelle règle et de quels critères une compilation présentée sur You Tube qui superposerait sources et données différentes aurait-elle moins de valeur qu’une oeuvre originale? Un patchwork qui ainsi s’inspirerait et reprendrait d’autres travaux pourrait-il pour autant être taxé de moins intellectuel que ses sources? L’écrivain Wilson Mizner ne faisait-il pas remarquer – avec raison – que quand “copier une source est du plagiat, copier deux sources devient de la recherche”?

Autre défi lancé par internet: la facilité déconcertante de trouver sur le web une multitude d’opinions et d’avis sur tous les sujets n’aurait-elle pas tendance à anesthésier l’esprit critique de celui qui en fait un usage immodéré?

Dépassons donc ce cadre stérile de la moralité et de la bienséance individuelles pour nous poser les vraies questions suscitées par ce formidable outil qu’est le web.

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