
Google à la rescousse des banques centrales ?
Les banques centrales sont éternellement à l’affût de nouveaux indicateurs financiers. Saviez-vous qu’elles analysent les mots clés saisis et tapés sur Google dans l’objectif de décortiquer les comportements des consommateurs ? C’est ainsi qu’elles livrent au gouvernement de leur pays force statistiques afin de le conseiller et de le guider en matière de grandes tendances micro économiques, tout comme elles font elles-mêmes appel à ces études afin de déterminer les flux de capitaux dans le cadre de leur stratégie macro économique. De fait, tout y passe : de la marque de réfrigérateurs plébiscitée par le consommateur aux cours de langues étrangères privilégiées, au comportement de telle classe ou de telle tranche d’âge… L’idée étant de faire appel au moteur de recherches de Google du point de vue qualitatif mais également quantitatif – c’est-à-dire en analysant la masse de ces recherches sur internet – dans la détermination de leurs taux d’intérêt, mais également du niveau de leurs réserves.
Les banques centrales les actives de ce point de vue étant la Réserve Fédérale et la Banque d’Angleterre bien-sûr, mais également les banques centrales italienne, espagnole, turque, chilienne et israélienne. Cette dernière étant pionnière sur ce plan. Il semble effectivement devenu si ardu pour nos banques centrales de définir leur politique – dans une conjoncture en perpétuel changement – qu’elles doivent de nos jours adapter leurs propres études et les réaliser ainsi “en temps réel” dans le souci de suivre à la trace les comportements de leurs citoyens. Il est vrai que les statistiques traditionnelles – comme les ventes de détail, les balances commerciales ou encore le taux du chômage – ne font qu’indiquer une perspective passée. Elles dressent certes un état des lieux fiable mais, à l’instar de toute photographie, elles indiquent une situation passée, voire dépassée, qui ne permet donc pas à une banque centrale d’agir de manière optimale. Tandis que cette nouvelle technique d’analyse faisant appel à Google est réellement susceptible de faire la différence et d’éviter la récession qui serait remplacée, le cas échéant, par un ralentissement économique.
C’est ainsi que la Réserve Fédérale américaine reste persuadée que la crise des subprimes aurait connu une ampleur moindre si ses analystes avaient pu être alertés du ralentissement du marché immobilier à travers les recherches et interrogations des consommateurs et des investisseurs. Dans ce monde idéal, internet permettra-t-il désormais d’éviter une bulle spéculative ? Toujours est-il qu’une coopération étroite existe aujourd’hui entre Google et certaines banques centrales, la première mettant au service des secondes une série de données et de chiffres les autorisant à prévoir les ventes d’automobiles ou de résidences et autres indicateurs relatifs à l’activité nationale. La banque centrale d’Israël ayant elle-même tout récemment publié une longue étude qui conclut que l’analyse des données historiques fournies par Google lui aurait permis de réagir et d’éviter ainsi certains ralentissements économiques ayant affecté son économie. Comment prévoir une augmentation ou parer, au contraire, à un déclin des ventes ? Le chômage est-il condamné à s’aggraver si les usagers d’internet effectuent plus de recherches d’emploi ? Notre monde évolue de plus en plus et, de fait, les banques centrales, tentent de nous accompagner de près dans cette danse vertigineuse.
N’est-il pas tellement plus efficient de s’appuyer sur des données (procurées par Google) quasiment en temps réel que sur des statistiques traditionnelles qui remontent à au moins deux semaines, voire plus anciennes ? Nos comportements économiques sont donc scrutés de près par nos responsables monétaires, qui se sont résignés à utiliser les mêmes outils que les sujets de leurs études. C’est ainsi que Google permet à la Banque d’Espagne de prévoir le nombre de touristes britanniques durant la saison estivale ! Ou que la Réserve Fédérale de New York tente d’anticiper le nombre d’emprunteurs qui renouvelleront leurs hypothèques… Ces modèles ne sont à l’évidence pas encore totalement fiables puisqu’ils ne tiennent pas compte des personnes âgées et des pauvres qui n’utilisent pratiquement pas internet. Ils seront néanmoins affinés avec le temps. Voilà donc les banques centrales qui rejoignent la société dans sa fuite en avant.
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Michel