Quand les critères tombent de leur piédestal

mai 29, 2010 0 Par Michel Santi

Sur le papier, la discipline de limiter les endettements publics par rapport au P.I.B. d’un pays fonctionne bien car elle permet de rassurer les investisseurs en interposant un garde fou à l’encontre des folies dépensières des politiciens. Le fait même de rassurer les marchés autorisant par là même à emprunter à des taux d’intérêts raisonnables dans une logique supposée indiscutable où les dépenses Etatiques sont proportionnelles aux recettes…

Pour autant, ce concept de déficit / P.I.B. démontre ses limites dès lors que le pays concerné est frappé par une récession nécessitant de la part de l’Etat de larges dépenses supplémentaires afin de tenter de soutenir la demande et c’est pourquoi – en théorie et dans un monde parfait tout au moins – les périodes fastes de croissance prolongée devraient être mises à profit afin d’équilibrer les comptes publics, voire d’engranger des excédents.

En fait, c’est grâce – ou à cause! – de l’Europe que cette notion des déficits ramenés au P.I.B. est aujourd’hui sérieusement battue en brèche, de cette Union Européenne où les seize pays utilisant l’Euro sont supposés adhérer à un régime strict où leur endettement public ne devrait pas dépasser 60% de leur P.I.B.! En effet, cette règle avait déjà été violé préalablement à la crise car la totalité des dettes publiques Allemandes était de 66% de son P.I.B. entre 2003 et 2007, ce chiffre étant de 64% pour la France et de … 105% pour l’Italie sur la même période! Ratios qui ont évidemment pris l’ascenseur suite à la crise car ayant respectivement atteint 73% pour l’Allemagne, 78% pour la France et 116% pour l’Italie en 2009.

L’Union Européenne envoie donc aujourd’hui au monde un message clair selon lequel cette règle ne marche plus même s’il est vrai que les Etats-Unis l’ont précédé sur cette voie avec leurs ratios qui dépasse les 90%. A leur décharge, les USA ne se sont jamais astreint à une telle règle qui semble parfaitement irréaliste en période de tourmentes.

Un dernier mot pour l’approche Keynésienne (que je ne partage pas étant partisan d’une stricte rigueur budgétaire) mais néanmoins pas dépourvue d’intérêt persuadée que l’endettement peut atteindre tous les sommets tant que la croissance est présente pour en financer la charge. A l’appui de leur thèse, ces théoriciens de la sortie de crise à la faveur des dettes estiment que c’est les questions structurelles (comme la sclérose Européenne ou la mauvaise réglementation financière) qui sont responsables de la récession et que le redémarrage de la croissance demain peut justifier (et éponger) tous les excès de dettes contractées aujourd’hui…

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