Brèves impressions sur les accords de “Bâle III”

janvier 11, 2013 0 Par Michel Santi

Dans le cadre de Bâle II, les obligations d’Etat notées BBB pouvaient être provisionnées par les banques à hauteur de 50%, les A étaient dotées d’une pondération de 20%, tandis que les AA et que les AAA pouvaient être détenues par le système bancaire sans nulle contrepartie. Autrement dit, les banques n’étaient tenues de ne conserver aucun capital en réserve en contrepartie de Bons du Trésor de pays qui bénéficiaient de la notation AA ou AAA. Ce qui a motivé les établissements financiers à rechercher activement à prêter aux nations européennes comme la Grèce ou l’Espagne, tout en comprimant à l’extrême les frais de financements de ces pays. Avec, pour conséquence logique, une carte blanche accordée aux gouvernements européens périphériques qui furent dès lors encouragés à emprunter sans compter. Le système bancaire global leur ayant, d’une certaine façon, forcé la main en ouvrant les vannes du crédit à très bas prix.

Cette problématique de détermination en qualité et en quantité des papiers-valeurs devant être détenus par les banques n’a toujours pas été clarifiée dans Bâle III. Aussi, les banques seront-elles une fois de plus très alertes à en déceler les failles et finiront par se charger en actifs considérés sécuritaires afin de ne provisionner qu’un minimum de capitaux, voire pas du tout. Et contribueront ainsi tout à la fois à fragiliser le système, tout en créant progressivement une ou plusieurs bulles spéculatives à force de thésauriser ces actifs estampillés « sans risque » par le régulateur. De plus, comme Bâle III tente de sauver la face en exigeant des ratios en capitaux beaucoup plus élevés, c’est l’ensemble des transactions de financement entre banques qui sera le premier à en souffrir, autrement dit le système assurant la liquidité au jour le jour du système.

La crise européenne pouvant à bien des égards être imputée à des déficiences au niveau de la régulation bancaire, il semblerait néanmoins que les autorités de règlementation n’aient toujours pas compris comment naît et se propage une crise financière ! Nos décideurs ne sont-ils donc pas intéressés à casser cette mécanique infernale en atténuant la prise de risques excessive des banques à travers l’édification d’un système financier qui devienne enfin vraiment résilient ? Dans cette attente, les contribuables n’ont qu’à bien se tenir car c’est eux – et encore eux – qui paieront l’addition de la prochaine implosion…