Bienvenue dans Germanland

juillet 13, 2010 0 Par Michel Santi

And the winner is? … Germany! Cette année 2010 aura ainsi été marquée par les conséquences ravageuses sur l’Union Européenne d’une discipline salariale et fiscale Allemande offrant un contraste cruel avec les tourmentes de l’Espagne, de son marché immobilier et de son système bancaire, sans même évoquer les autres pays d’Europe périphérique. Grande gagnante de la crise, l’Allemagne peut même se payer aujourd’hui le luxe (selon son institut public IFO) de bénéficier d’un boom immobilier alors même que les statistiques médianes donnent pour l’Espagne un excédent de 1’600’000 maisons invendues et situent sa crise encore à ses prémisses…

Bienvenue dans une Europe à deux vitesses composée de la berline luxueuse où le chômage ne cesse de diminuer depuis une année pour atteindre 7.5% de la population active et du bas de gamme subissant un 20% … et bienvenue dans un continent marqué par des évolutions – et des rancoeurs – sociales forcément différentes. Ces nations maudites comme l’Espagne, la Grèce, l’Italie et à certains points de vue la France subissent aujourd’hui de la part de l’Allemagne une malédiction similaire à celle que fait subir la Chine avec son Yuan au reste du monde! Ouvrons les yeux en cet été 2010 à une Union Européenne otage de l’Allemagne, à un continent enfermé dans des Traités dictés par un pays qui festoie en croquant à pleines dents la dépréciation de l’Euro face au Dollar, au Yen, au Yuan, au Rouble ou à la Livre Sterling… La baisse de la monnaie unique de l’ordre de 20% ne permet-elle en effet pas à la machine exportatrice Allemande de tourner à plein régime quand l’Espagne, qui tourne nécessairement moins vite, aurait plutôt besoin d’un Euro à 80 vis-à-vis du billet vert?

Après tout, la BCE – âme damnée de l’Allemagne – n’est-elle pas persuadée que les autres nations Européennes seront naturellement hissées hors du gouffre par la locomotive Germanique? Oui, cette BCE qui fait fi des affrontements politiques et sociaux qui vont fatalement dégénérer dans les pays Européens défavorisés est cette même Banque Centrale qui, souvenez-vous, avait relevé ses taux d’intérêt en Juillet 2008, quelques semaines avant une liquéfaction ayant bien failli emporter l’ensemble du système financier Occidental et ce sous prétexte que la flambée des prix pétroliers auraient pu favoriser l’inflation… Comment faire confiance à un établissement souffrant autant de la domination Allemande et comment négliger les remontrances d’un de ses membres (Allemands) prédominant (Jürgen Stark) qui exhorte à une interruption des achats obligataires des nations du PIIGS, au risque de les laisser s’étouffer!

Le F.M.I. prévoit-il pour 2015 une Allemagne dont les excédents (combinés à ceux de la Chine et du Japon) atteindraient 758 milliards de Dollars contre 596 milliards cette année? Ces excédents ne sont-ils pas directement proportionnels au refus catégorique Allemand de promouvoir une consommation nationale susceptible de relancer les nations Européennes sinistrées? Si l’Espagne, la Grèce, le Portugal et d’autres pays sont condamnés à souffrir par la faute d’une Allemagne intransigeante et nombriliste, alors il vaudrait mieux démanteler l’Union Européenne, dans l’intérêt même de cette Union Européenne. Regain de compétitivité des pays du PIIGS via des dépréciations massives de leurs monnaies retrouvées et réduction d’excédents Allemands qui ne profitent en rien au consommateur de ce pays, il est peut-être temps de laisser aller cette Union si tel est le prix à payer pour la ré équilibrer…

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