Banque Nationale Suisse: Alerte rouge
L’opération de change conduite par Kashya Hildebrand était-elle vraiment corrélée à sa galerie d’art ? Et quelle était réellement sa motivation pour acheter ces dollars ? Le fait est que les explications produites par son époux et par elle ne permettent pas d’exclure sans équivoque cette appétence à la spéculation et aux gains qui sont aux entrailles même des traders… Le fameux dicton n’enseigne-t-il en effet pas que « once a trader always a trader » ? Kashya souhaitait-elle refaire les bons coups du passé de l’époque de Moore Capital ? Toujours est-il qu’une certaine presse et que la majorité du peuple suisse étaient tout disposés à regarder de l’autre côté. Après tout, le patron de la BNS – ex champion de natation – constituait avec son épouse un couple jeune et qui savait charmer…
C’est pourtant en coulisse que la pression s’intensifiait ces dernières semaines avec un seul objectif : pousser Hilderbrand vers la sortie le pus rapidement possible et en faisant feu de tous bois. La puissance argentière et industrielle helvétique n’a en effet jamais pardonné au Président de sa banque centrale sa très mauvaise gestion ayant coûté plus de 20 milliards à la BNS dans le cadre de l’appréciation du franc suisse. Elle redoutait en outre que la politique du « peg » par rapport à l’Euro ne se solde par davantage de pertes. Le catalyseur fut probablement le montant des réserves de la BNS de Décembre dernier qui furent significativement plus élevées que celles du mois de Novembre, à savoir à 260 milliards de francs, soit 50% du P.I.B. du pays ! Sujet de préoccupation supplémentaire – et entièrement justifié – de cette puissance financière : l’emploi par la BNS et en quantités non divulguées au public d’options visant à maintenir la parité de l’Euro/Suisse au-dessus de 1.20. Cette question est effectivement fondamentale car nul ne semble maîtriser en réalité l’exposition de la banque centrale suisse aux produits dérivés !
Au-delà de l’aspect relativement anecdotique de cette transaction forex des Hildebrand, voilà en effet le vrai motif du départ précipité du patron de la BNS : il paie pour sa gestion désordonnée et impulsive de l’envolée du franc suisse et pour l’accumulation tout aussi impressionnante que dangereuse des réserves de son établissement. Dans un tel contexte, son successeur se devra au minimum de reconsidérer cette politique fort coûteuse du peg tout en limitant les dégâts potentiellement gigantesques de produits dérivés qui, vendus à découverts, sont susceptibles d’occasionner des pertes considérables. Alors que le secret bancaire est à l’agonie du fait de l’incompétence de nos politiques et de l’arrogance et des méfaits de certaines grandes banques, la Suisse voit aujourd’hui sa réputation internationale encore un peu plus ternie sachant que ses citoyens devront prochainement recapitaliser d’urgence leur naguère très respectée banque centrale.
Once a trader always a trader…
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