A la recherche d’un nouveau paradigme européen

janvier 1, 2012 0 Par Michel Santi

Le vieux continent – plus précisément ses banques – inondées d’Euros! C’est en effet une masse de liquidités sans précédent – quelque 550 milliards d’Euros – qui a récemment été mise à disposition des établissements financiers de l’Union à prix modique, à savoir 1%. En sauvant les banques, les dirigeants européens espèrent sauver les nations fragilisées … à moins que ce ne soit le contraire ? Toujours est-il que la générosité de la BCE ayant grand ouvert le robinet des liquidités autorisera au passage les banques à boucler des profits faciles et connus d’avance. Il sera en effet dit qu’elles emprunteront à 1% pour simultanément prêter à l’Espagne et à l’Italie à … 4 ou à 5%. La BCE se meut donc en grande pourvoyeuse de liquidités devant l’éternel même si elle ne monétise pas les dettes européennes au sens classique du terme comme le ferait la Réserve Fédérale US. Cette toute dernière intervention en date permet en effet d’acquérir les Bons du Trésor européens par banques interposées.

 

Ce faisant, la BCE poursuit deux objectifs consistant à renflouer d’une part les Etats en faillite tout en soulageant par ailleurs un système bancaire en pleine crise. Car les banques doivent se remettre profondément en question, elles qui avaient accumulé les dettes dites « souveraines » naguère qualifiées de « sans risque » et qui ne parviennent plus à emprunter aujourd’hui faute de pouvoir nantir ces actifs désormais considérés comme pourris. Signe des temps, preuve de la liquéfaction en cours des établissements financiers européens : l’Allemagne a fini par céder tout en continuant à plaider pour une accentuation de la rigueur et pour un durcissement des traités  européens. Cette escalade allemande reste effectivement sur un plan verbal puisque – de fait – la BCE se retrouve aujourd’hui en 2012  dangereusement exposée aux PIIGS. En réalité, elle n’a cessé d’amasser leurs Bons du Trésor ces mois derniers et a presque doublé son stock en actifs pourris depuis l’été dernier qui sont passés de près de 440 milliards d’Euros à plus de 700 à son bilan aujourd’hui ! BCE qui n’est au demeurant pas au bout de ses peines et qui sera amenée à très courte échéance à prendre encore et toujours plus de risques car les banques ont et auront besoin de soutiens supplémentaires.

 

Saura-t-elle s’arrêter à temps ? C’est-à-dire avant que l’accumulation des Bons du Trésor grecs, italiens, espagnols et portugais ne la coulent par le fond ? Certes, la BCE – comme toute banque centrale – est en mesure d’étendre son bilan à l’infini mais – en l’occurrence – tout est question de crédibilité : Comment conserver la confiance des investisseurs, des marchés – et de l’Allemagne – en chargeant démesurément un bilan en papiers valeurs totalement décrédibilisés ? Quelle est réellement sa capacité en matière d’absorption des pertes et par quel artifice parviendrait-elle à éponger les pertes monumentales des intervenants financiers en cas d’une seule faillite souveraine ? Car la BCE – comme les responsables de l’Union au plus haut niveau – risquent de voir leur crédibilité complètement ternie pour n’avoir eu de cesse d’encourager leurs banques à thésauriser les Bons du Trésor des PIIGS, toujours comptabilisés aux bilans respectifs de ces établissements à leur valeur initiale… Pire encore puisque la toute dernière intervention de la BCE pousse littéralement ces banques à accumuler encore plus de ces Bons du Trésor et ce tant et si bien qu’une question politiquement délicate se pose et qu’une constatation financièrement cinglante s’impose : le défaut d’un Etat souverain européen aura désormais des conséquences d’autant plus dramatiques qu’il affectera frontalement les banques de l’Union vivement exhortées à amasser ses Bons du Trésor.

 

La seule et unique porte de sortie consiste en une union fiscale et budgétaire qui permettra à l’Allemagne de contrôler – et au besoin de sanctionner – les comptes publics italiens, espagnols ou français.

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