Bluff Allemand?
Les marchés ne croient toujours pas en l’hypothèse – et n’ont toujours pas escompté dans leurs prix – un sauvetage grec par le F.M.I. hors intervention Européenne. En fait, les observateurs estiment que les fermes déclarations des Allemands emmenés par leur Chancelière ne sont qu’un bluff destiné à calmer une opinion publique intérieure fort réticente tout en gagnant un temps précieux face à des marchés qui resteront amorphes…
Cette situation ne rappelle-t-elle pas le scepticisme quasi généralisé tout au long de l’été 2008 face à des autorités Américaines qui ne cessaient d’affirmer qu’elles n’interviendraient pas si un de leur établissement financier de taille importante était menacé de faillite? Les investisseurs semblent aujourd’hui n’accorder pas plus de poids aux mises en garde Allemandes qu’ils n’en avaient donné aux avertissements Américains, d’o๠le méchant décrochage et la volatilité exacerbée prévisibles dès lors que la Grèce sera effectivement abandonnée au F.M.I..
Les marchés n’avaient-ils pas parié sur le sauvetage de Lehman? On connaà®t la suite…
Dans le même ordre d’idées, les envolées boursières spectaculaires des valeurs financières depuis Mars 2009 ne sont-elles pas tout aussi redevables à la certitude – post Lehman – que tout institution majeure en péril serait secourue par les Etats? Aujourd’hui, les salles de marchés, fonds spéculatifs et autres investisseurs professionnels ayant misé gros sur une remise à flots grecque par la grâce de l’assistance Européenne tout en ne prenant pas au sérieux les déclamations Allemandes prises pour des rodomontades sont extrêmement exposés car, très clairement, la Grèce devra seule affronter le F.M.I. ou, hypothèse de plus en plus évoquée, se déclarer en cessation de paiement!
La Grèce trouverait du reste son compte eu égard aux conditions de financement du F.M.I. de l’ordre de 3.25% par rapport à des conditions Européennes plus strictes pouvant avoisiner 5% sans même évoquer les amendes qui lui seraient infligées sous l’initiative Allemande… Les marchés, investisseurs et observateurs du monde entier se rendront très prochainement compte que ce recours de la Grèce au F.M.I. ne fait que refléter une absence totale de leadership Européen aux effets collatéraux dévastateurs pour la monnaie unique. Il est inconcevable que les autorités économiques et financières Allemandes, naguère considérées avec encore plus d’égards que la Réserve Fédérale Américaine, démontrent une telle irresponsabilité et un tel nombrilisme.
Cette crise grecque débouche aujourd’hui sur la perte (imprévue) de l’aura Allemande et sur l’inhumation de ce qui reste de la crédibilité de l’Union.
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Michel