Obama : retour vers le passé !

janvier 21, 2010 0 Par Michel Santi

La défaite Démocrate à l’élection sénatoriale emblématique du Massachusetts officialise la désaffection populaire grandissante vis-à -vis du Président Obama et de sa politique économique dans un contexte o๠les sondages indiquent qu’il décroche en-dessous du niveau de 50% d’opinions favorables.

Pour autant, Obama ne semble toujours pas percevoir – et encore moins comprendre – ces messages fort significatifs émis par une partie de son électorat ayant pour but de l’alerter sur la tournure fâcheuse que prend sa Présidence. Si cet échec – et celui annoncé de sa réforme de santé – n’achevaient pas de lui démontrer qu’il n’est décidément pas Roosevelt à qui il a maintes fois été comparé durant la campagne électorale et après son élection, Obama ne sera qu’un Carter, Président d’un seul mandat…

De fait, le Président et son administration, qui semblent magnétisés par le passé et ardemment désireux de répliquer les expériences de la Présidence Clinton, en arrivent à perdre le sens des réalités. La quantité impressionnante au sein du Gouvernement Américain actuel de transfuges et de rescapés de l’administration Clinton combinée aux priorités actuelles (réduction des déficits, réforme de santé) similaires à celles de l’ère Clinton fourvoient le Président actuel qui tente de faire de 2008 un remake de 1992!

Les conditions de l’accession d’Obama à la Maison Blanche ne vont certes pas sans rappeler la victoire de Clinton sur Bush père dans une conjoncture de crise économique symbolisée par le slogan rafraà®chissant: “It’s the Economy, stupid”. Néanmoins, les Etats-Unis ne subissent pas aujourd’hui un simple ralentissement de leur activité dà» à une surchauffe ou à une sur production. En effet, le paysage économique et financier du pays étant aujourd’hui balayé par un endettement ayant échappé à tout contrôle et par un abus phénoménal d’effet de levier s’étant traduit en une sévère dépression, l’utilisation par Obama des remèdes appliqués par Clinton en 1992 tourne à la catastrophe.

Les autorités US, qui se bornent effectivement à ressusciter la bulle, misent sur le retour à une prospérité toute superficielle et fragile parce que caractérisée par les mêmes déséquilibres et leur lot d’injustice. Demi-mesures, stimuli mal ficelés, sous estimation de l’impact désastreux des déficits budgétaires des Etats, promesse d’un taux de chômage qui se stabiliserait à 8% alors qu’il dépasse allègrement les 10%, l’administration Obama a déçu par la légèreté et l’absence de vision à moyen terme avec laquelle elle a tenté pouvoir résoudre des problématiques délicates.

En réalité, la tiédeur et la fadeur des mesures d’Obama ont révélé un homme obsédé par le centre, un Démocrate mou et opportuniste à la sauce Clinton. Cette personnalité, décrite par les Républicains pour des raisons purement démagogiques et électoralistes comme un “socialiste”, a pourtant perdu son électorat progressiste qui ne voit plus en lui qu’un homme du lobby néo libéral corporatiste. Obama, dont la dépendance à Summers et à Geithner ressemble étrangement à celle de son prédécesseur vis-à -vis de Cheney et de Rumsfeld, raconte – comme Schroeder, Blair et Koizumi – des histoires qui plaisent aux progressistes tout en agissant dans le sens des intérêts supérieurs de la haute finance.

Le plan mis en place à grand fracas dans la foulée de son élection, cet immense stimulus de près de 800 milliards de dollars destiné à sauver le système financier aux frais du contribuable, a certes bien fonctionné car la résurrection des Banques, de leurs profits et des inévitables bonus a dépassé les espérances des plus pessimistes. La générosité Gouvernementale ayant eu pour conséquence l’émergence d’institutions financières encore plus massives, donc plus dominantes, générant des bénéfices complètement déconnectés de la vie réelle. Obama et son équipe ont certes réussi puisque la vie à Wall Street a repris son cours normal…

Il n’en reste pas moins qu’ils ont dangereusement sous estimé une frange importante de leur population en pleine tourmente et dégoà»tée de cette éternelle collusion entre la gestion des intérêts publics et privés.

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