Sauvés par les déficits !

août 21, 2009 0 Par Michel Santi

Le sauvetage du système financier mondial aura finalement coà»té près de 11’900 milliards de dollars, soit l’équivalent du cinquième de la production annuelle mondiale. Communiqué récemment par le F.M.I. et incluant injections de liquidités en faveur des banques, neutralisation des actifs toxiques et autres garanties diverses consenties par les Banques Centrales, ce chiffre sera vraisemblablement majoré si tant est que l’on connaisse un jour le prix réel du renflouement de nos institutions financières…Deux ans après l’éclatement de la crise, c’est les nations Occidentales qui, ayant dépensé quelque 10’200 milliards de dollars, se retrouvent le plus rudement pénalisées, les nations en voie de développement ayant pour leur part contribué à hauteur de 1’700 milliards de dollars.

Maà®tresse incontestée de la dépense publique, la Grande Bretagne occupe la pole position puisqu’elle aurait drainé 20 % de son P.I.B. au bénéfice de son économie et de ses établissements financiers! Quant aux pays du G 20, leurs déficits publics moyens seront de l’ordre de 10.2% de leur P.I.B. en 2009, ce chiffre étant le plus élevé depuis la seconde guerre mondiale! La Grande Bretagne, dont les déficits publics s’élèveront ainsi à 11.6% du P.I.B. en 2009, sera toutefois devancée par les Etats-Unis qui connaà®tront un déficit de 13.5% de leur P.I.B., mais précèdera néanmoins le Japon qui, en troisième position, souffrira de déficits de 10.3% par rapport à son P.I.B.

Le cas de la Grande Bretagne est à lui seul éloquent : Voilà en effet un pays qui, du fait de son déficit budgétaire pharamineux, risque à tout moment le décrochage de sa devise ainsi qu’une fuite de capitaux qui menacerait directement le financement de cette dette avec, à la clé, un appel au secours humiliant en direction du F.M.I et de sa cagnotte. Cet effondrement économique et financier qui s’accompagnerait d’une quasi irrémédiable perte de confiance n’a pu cependant être évité jusque là que par…encore plus de dépenses publiques! Le paradoxe étant effectivement troublant : Seule une dépense supplémentaire de l’Etat est capable de stimuler l’activité économique en cas de crise grave car ces injections de liquidités permettent de créer – ou de sauver – des emplois qui financeront tout à la fois la consommation et le paiement des impôts.

La boucle est ainsi bouclée, l’imbroglio étant inextricable : Impossible en effet dans nos économies dites développées de réduire les dépenses publiques – et d’augmenter le ratio de l’épargne – sans risque d’implosion économique! La rigueur fiscale consistant en une diminution des dépenses publiques et en une augmentation du niveau de l’imposition aboutirait aujourd’hui à une déroute totale de notre système. C’est ce même crédit, pourtant à la base de notre crise actuelle, qui nous sauvera! C’est le crédit et toujours plus de crédits qui nous permettront de consommer, de sauver des emplois et, en finalité, de contribuer à résorber, en partie au moins, nos déficits publics…La fuite en avant est ainsi consommée.

Dépêchons-nous en conséquence d’oublier la frénésie de dépenses publiques de nos Gouvernements et cessons de réclamer l’intensification d’une régulation financière qui, de toute façon, ne sera jamais adoptée par des dirigeants politiques tout à fait conscients de leur étroite dépendance, pour leur propre survie, du système financier. Cette crise, provoquée par un crédit excessif ayant échappé à tout contrôle, n’aura au final permis de brà»ler sur un même bà»cher que les banquiers gourmands et autres agences de notation bienveillantes pendant que nos dirigeants politiques, eux, ont été complètement absous!

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