E la nave va…
La Banque Centrale Russe a annoncé cette semaine son intention de modifier l’allocation d’une partie de ses réserves actuellement investies en Bons du Trésor US vers des obligations émises par le F.M.I. tout en procédant à la vente immédiate de 19 milliards de dollars de papiers valeurs Américains. Cette décision a de suite propulsé le rendement des Bons Américains à 10 ans à 4 %, soit à des niveaux plus vus depuis Aoà»t 2008, dans le cadre de la levée de fonds publique US en cours actuellement qui devrait procurer quelques 65 milliards de dollars supplémentaires à l’Etat Fédéral. Au même moment, le rendement sur les Bons à 30 ans s’élevait à leur plus haut niveau depuis Octobre 2007 à 4.8327 % dans un contexte général o๠marchés et investisseurs sont parfaitement conscients que de telles levées de fonds de la part de la Trésorerie Américaine se répèteront encore en de très nombreuses occasions du fait d’un Etat qui se fait le champion de l’emprunt toutes catégories.
La Russie détient 30 % de ses réserves – qui se montaient à 401 milliards de dollars à fin Mai 2009 – en Bons du Trésor Américain et a d’ores et déjà procédé à l’acquisition de 10 milliards de dollars d’obligations du F.M.I. dont la rentabilité est indexée sur un panier de Devises – les Droits de Tirage Spéciaux -, obligations constituant une manière alternative et originale de contribuer au fonds d’entraide internationale de l’institution. De fait, ces obligations émises par le F.M.I. – qui sont une grande première dans son histoire – suscitent progressivement l’engouement de nations désireuses de s’impliquer dans la coopération internationale et soucieuses de diversification hors du dollar puisque la Chine et le Brésil ont tout récemment annoncé leur placement prochain respectif de 50 et de 10 milliards de dollars.
La Chine, plus gros bailleur de fonds Américain puisqu’elle détient 767 milliards de dollars de Bons US et la Russie qui en détient environ 139 milliards de dollars, se retrouvent dans une conjoncture pour le moins périlleuse o๠l’Etat Fédéral Américain dépend plus que jamais pour sa survie de la charité étrangère dans un contexte o๠la suprématie du billet vert est plus contestée que jamais. Pour autant, ces nations du BRIC – par définition exportatrices – ont en tout cas pour le moment leur destinée toujours étroitement corrélée au niveau du dollar puisqu’elles n’ont pu se passer d’acquérir en Mai dernier quelques 60 milliards de dollars ( majoritairement placés dans les Bons du Trésor US ) dans le but de freiner l’ascension de leurs propres monnaies vis-à -vis du billet vert. Les chiffres de la Réserve Fédérale US démontrant ainsi que les réserves de toutes les Banques Centrales à travers le monde en Bons Américains ont augmenté de 3.7%, soit de 69 milliards de dollars, en Mai dernier, enregistrant pratiquement un record historique de papiers valeurs US détenus par l’étranger!
Ainsi, et en dépit de Bons dont le prix a par exemple augmenté de 0.50% ces 10 derniers jours, les “auctions” Américaines continuent de recevoir des souscriptions entre deux-et-demi et trois fois le montant des papiers offerts…Selon Merril Lynch, c’est les obligations sur le long terme qui perdent le plus de terrain puisque les Bons à 30 ans ont baissé de 28% en 2009 ( par rapport aux Bons à 10 ans qui ont reculé de 11% sur la même période ) démontrant ainsi une angoisse des marchés par rapport aux risques inflationnistes suscités par la politique Américaine hyper expansionniste que l’on connaà®t. Les travaux de Merril Lynch démontrent même que les craintes inflationnistes sont de nos jours à leur paroxysme puisque le niveau moyen de l’ensemble du marché obligataire Américain est en baisse de 6.2% et ce pour la première fois depuis 1998!
Le budget Fédéral étant déficitaire de 190 milliards de dollars en ce mois de Mai 2009 par rapport à un déficit de 166 milliards au mois de Mai 2008, la politique Américaine devrait encore l’aggraver puisque le Président Obama prévoit d’emprunter un montant global de l’ordre de 3’250 milliards de dollars au 30 Septembre 2009, montant quatre fois plus élevé dès lors qu’il est comparé aux 892 milliards de dollars empruntés durant l’année fiscale 2008, selon Goldman Sachs. Au total – et si tout va bien-, les Etats-Unis subiront donc un déficit budgétaire annuel au 30 Septembre 2009 de 1’850 milliards de dollars et en augmentation de 13% par rapport à l’année fiscale 2008.
Toutes choses étant égales par ailleurs, le Gouvernement US et sa Banque Centrale auront dépensé, engagé ou prêté ces 12 derniers mois près de 13’000 milliards de dollars, autrement dit la valeur de tout ce qui se produit dans leur pays en une année! Dans ces conditions, comment s’étonner des taux Américains qui montent du fait de la tâche tous les jours un peu plus ardue incombant à la Fed de trouver des fonds? Pire encore : Il semblerait que les marchés aient perdu confiance en les capacités de la Réserve Fédérale à contrôler ses propres taux d’intérêts.
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Michel