Nationalisations à pas forcés en Grande Bretagne
L’économie et les finances Britanniques sont certes dans une situation déplorable mais ne dramatisons pas pour autant car la City n’est pas Reykjavik et la Grande Bretagne n’est pas l’Islande! La dépréciation de la Livre n’est probablement pas encore arrivée à son terme mais, pour autant, la Grande Bretagne n’est pas en faillite. De fait, le système bancaire Britannique a connu un développement sans commune mesure avec la taille d’une économie nationale nettement plus vulnérable à la crise financière que l’économie US. De surcroà®t, la dépréciation immobilière – qui est également plus sévère en Grande Bretagne qu’Outre-Atlantique – a toutefois évité la liquéfaction que doivent subir l’Irlande ou l’Espagne! La City va connaà®tre une longue traversée du désert mais l’industrie automobile Allemande n’est guère en meilleure posture. L’endettement public de l’Etat Britannique n’est pas démesuré en comparaison aux déficits d’autres nations développées même si la situation devient potentiellement catastrophique si l’on y ajoute les endettements des entreprises et des ménages.
Du reste, la Grande Bretagne n’a rien à envier à une grande majorité des pays de l’Union Européenne, le seul qui s’en sorte pour le moment honorablement étant l’Allemagne qui bénéficie d’une ruée sur ses bons du Trésor considérés comme la valeur refuge par excellence en Europe. Le différentiel entre une obligation Allemande et Grecque à 10 ans est ainsi de 2.8%, celui entre une obligation Allemande et Irlandaise étant de 2.73%, ce différentiel étant de 1.58% entre l’Allemande et l’Italienne, reflétant à l’évidence une nette prédilection pour la sécurité Allemande et un accroissement du risque de défaut Grec ou Irlandais…La situation dans certains pays Européens semble effectivement si confuse que le Président de la BCE Jean-Claude Trichet a refusé de répondre il y a quelques jours à une question d’un journaliste évoquant le retrait possible de la zone Euro d’un ou de plusieurs pays Européens!
Il est vrai que des pays comme la Grèce ou l’Irlande auraient tout à perdre d’un retrait de l’Euro qui serait interprété comme un défaut de paiement pur et simple par les investisseurs mondiaux. L’Irlande ayant garantit les dettes de son système bancaire qui se montent à plusieurs fois la taille de son P.I.B., sa sortie de l’Euro augmenterait considérablement le coà»t de son financement international par des investisseurs ayant perdu confiance en ses capacités de remboursement. Il est vraisemblable que l’Union dissuaderait le départ de ces pays car l’appel au FMI d’une Grèce ayant claqué la porte Européenne signifierait un constat d’échec pour l’ensemble de la famille Européenne.
L’assistance du FMI envers la Grande Bretagne est naturellement de plus en plus évoquée actuellement même si les chances restent infimes que cette organisation soit sollicitée comme à la fin des années 70…Pour autant, notre période présente est riche en évènements inédits : qui aurait misé il y a seulement deux ans sur la nationalisation d’établissements bancaires Britanniques? Impensable en effet la participation majoritaire – voire unique! – de l’Etat Britannique dans Lloyds, Royal Bank of Scottland ou Northern Rock ! HSBC et Standard Chartered resteront-elles à fin 2009 les seules banques Britanniques à avoir leurs actions toujours cotées en bourse?
Du fait d’une économie structurellement orientée sur les services financiers et à cause de l’accroissement de la réglementation financière, la Grande Bretagne connaà®tra quelques années de croissance anémique et ce d’autant que les créances toxiques des banques Britanniques sont susceptibles de réserver encore des surprises très désagréables en 2009! Dans un contexte o๠une masse importante de débiteurs sur cartes de crédit et sur hypothèques non traditionnelles feront défaut cette année, le ralentissement de la consommation sera plus que jamais à l’ordre du jour avec, à la clé, la destruction de la totalité des capitaux accumulés par les banques ces dernières années…
Le grand pourvoyeur de capitaux frais étant ainsi l’Etat, les nationalisations en Grande Bretagne sont de plus en plus d’actualité.
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