Le meilleur des mondes

novembre 24, 2008 0 Par Michel Santi

La science économique exige une soumission absolue de la morale, prix à payer pour assurer croissance économique et diminution de la pauvreté. Multiplication de la productivité et autres pouvoirs d’achat ne peuvent se déployer sans régression de la morale traditionnelle. L’ “Aimez-vous les uns les autres ” et le ” Pas de contrainte en religion ” ont été délaissés au bénéfice du veau d’Or omnipotent qu’est le marché : les divinités anciennes ont été remplacées par l’efficience des marchés dont le dogme enseigne que le marché reflète à tout moment le juste prix dans un contexte o๠toute valeur est échangeable…

La terminologie théologique s’est inversée : autrefois considérées “pêché mortel”, les dettes sont aujourd’hui devenues indispensables, voire recommandables puisqu’il convient de les accumuler grâce à l’effet de levier! C’est effectivement les dettes qui nous permettent de tout avoir rapidement car notre monde serait tellement plus pauvre s’il ne s’endettait pas. En fait, les dettes sont nos Noces de Cana car elles nous font tout avoir à partir de rien. Imprimer des billets, s’endetter, dépenser, consommer, tels sont nos commandements explicités par Keynes.

La dette s’impose ainsi comme structurellement nécessaire à l’évolution de nos sociétés dans une économie “globale” : tout lien entre dette et culpabilité ayant été rompu et même inversé puisqu’il faut se sentir coupable de nos jours pour n’avoir pas assez de dettes! Pour preuve : les pauvres se doivent aussi d’avoir leurs dettes, leur micro crédit…Marx avait bien compris, il y a longtemps déjà , que la dette était le levier absolu utilisé par le capital comme instrument de contrôle, tout comme Wells qui mettait en garde par rapport à la technique…

L’innovation financière, les instruments dérivés, les titrisations abattent et ringardisent toutes les règles prudentielles en consacrant l’avènement et la domination du papier-valeur. La morale ancestrale a cessé de régner dès lors que le risque a disparu. Commettre le pêché mortel risquait de nous précipiter en enfer, aujourd’hui tout risque est susceptible d’être maà®trisé, “hedgé” : les mathématiques nous apprennent ainsi à gérer le risque qui est réduit au degré de simple considération technique.

L’abolition de l’incertitude a assassiné la morale.

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