
Extrait de mon dernier livre

Fauteuil 37
Extrait de mon dernier livre: Fauteuil 37:
…. Pourtant, cette époque contestataire et de bouillonnement intellectuel marquée par des mouvements séduisants comme Nuit Debout et augurant d’une montée en puissance d’une nouvelle donne économique et sociale est – avec l’avènement d’Emmanuel Macron – bel et bien révolue, car l’orthodoxie règne désormais en maîtresse au pays de Robespierre et de la Commune. Moi qui suis imbibé d’Histoire de France, j’ai le sentiment que nous vivons – depuis le printemps 2017 – comme à l’époque de la Restauration des Bourbons en 1814-1815, marquée par un retour en force des émigrés royalistes qui mirent un point d’honneur à éradiquer méticuleusement le monde d’avant ayant suscité tant d’espoirs, celui de la Révolution et de l’épopée napoléonienne. Ayant un temps interprété son élection comme une bouffée d’air frais salutaire dans un monde dominé de plus en plus par des dictateurs, par des mégalomanes, souvent par les deux, le succès de Macron procède en réalité d’un besoin d’autoritarisme de nos compatriotes dans l’air du temps global, car équivalent aux pouvoirs forts qui se mettent graduellement en place dans nombre de nations de ce monde, et non des moindres. A cet égard, nous ne sommes guère mieux que les Américains qui ont Trump, que les Russes qui ont Poutine ou que les Turcs avec Erdogan, car nous aussi – Français – sommes en demande d’autorité et – accessoirement – d’efficacité, et c’est ce qui sauve Macron du reste. Il semblerait que les Français soient prêts à lui pardonner cet exercice très vertical et presque glacé du pouvoir, à condition qu’il soit un bon gestionnaire. Cette exigence qu’ont les peuples de reprise en main provient certes de l’instabilité induite par la longue crise financière, elle-même secrétée par les inégalités aberrantes. Elle est également issue d’une ambiance délétère où deux mondes s’affrontent : l’occidental ayant désormais enterré le spirituel et l’oriental (incluant les pays arabes, mais également des pays comme la Russie, la Turquie et même la moitié des Etats-Unis !) qui lui mène une guerre à mort en brandissant les armes de la religion et du conservatisme. Comme un pouvoir fort exige de se maintenir dans le temps, parfois par une révolution de palais, parfois par des élections libres, je ne serais pas étonné si l’un ou l’autre de nos dirigeants politiques occidentaux venait prochainement à réclamer rester au pouvoir au-delà de la période pour laquelle il fut élu, sous le prétexte que l’alternance démocratique nuit aux réformes… Je ne pense évidemment pas que Macron ait ce genre de tentation, pas plus que je ne l’accuse d’avoir des velléités de dictateur. Il n’en reste pas moins qu’il a – lui qui se révèle faible avec les forts et fort avec les faibles –, pour sa part, définitivement fermé une parenthèse philosophique ouverte par la crise financière et qui avait permis à certains comme moi de plaider – et d’espérer – pour un renouvellement des valeurs du capitalisme auquel j’avais même consacré un ouvrage au titre emblématique : « Pour un capitalisme entre adultes consentants ». Pire que ça même, puisque, non content de mettre un point final à toute velléité d’humaniser le capitalisme et d’horizontaliser davantage la société, ce jeune président de 39 ans – qui restera à jamais comme le président des gagnants – fut un autre Louis XVIII, dans la mesure où son administration, son gouvernement et son Assemblée nationale s’appliquent à transformer la France en un bastion néolibéral que la crise financière elle-même – combinée à la toute-puissance de l’Allemagne – n’avait réussi à imposer. Telles sont, à mes yeux, les similitudes de notre période actuelle avec celle de la Restauration qui reste un moment noir et honni de notre Histoire. Pourtant, la France n’est pas, aujourd’hui, plus favorable au capitalisme débridé, à la concurrence sauvage et à la globalisation aveugle qu’elle ne l’était au retour des Bourbons en 1814. Je ne vais pas me livrer à une analyse politique, mais, à mon sens, le prédécesseur d’Emmanuel Macron porte là une responsabilité écrasante, sa déroute ayant été totale, voire absolue, à plusieurs niveaux.
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Michel