
Adieu VGE
J’ai rencontré VGE en octobre 2017, dans le cadre de ma candidature à l’Académie Française. Tête-à-tête d’une heure trente dans son superbe hôtel particulier parisien, reçu par une assistante souriante et spirituelle et par un jeune maître d’hôtel se forçant à être pompeux. Tout ce que je puis en dire est qu’une montre posée sur le bureau retentit une première fois vingt minutes après le début de cet entretien, ayant duré au total une heure et demie. Giscard éteignit ce réveil qui sonnait à intervalles réguliers. Il ne répondit jamais non plus aux coups de téléphone reçus par la suite. Notre conversation, ayant démarré comme un examen de passage, nous mena notamment au Proche-Orient en passant par l’ Académie française, dont il me confia certains secrets…pour se terminer en feu d’artifice car nous tombâmes tous deux d’accord sur le fait que la race des vrais hommes politiques s’était bel et bien éteinte. Après cette conversation à bâtons rompus ayant démarré comme un grand oral, l’ex-président et académicien marchant voûté comme un vieillard qu’il était, mais n’ayant rien perdu de sa vivacité intellectuelle, voulut me raccompagner. Je lui barrai aimablement la route, lui suggérant de rebrousser chemin, car je trouverais bien le mien, ne voulant pas le contraindre à faire des pas de trop. Il devait néanmoins rester à la porte de son bureau jusqu’à ce que je retraverse tout le salon rouge m’ayant servi de salle d’attente, et nous nous fîmes un petit signe d’adieu en refermant chacun sa porte. C’était la première et dernière fois que je le rencontrerai.
Source: “Fauteuil 37”, mon livre relatant cette candidature à l’AF.