Des tweets pour connaître Daesh

Daesh est un Etat. Ne le minimisons donc pas car ce n’est qu’en apprenant à le connaître qu’on pourra le combattre efficacement. C’est en analysant les milliers de tweets de ses militants et soutiens que des chercheurs parviennent aujourd’hui à mieux cerner l’Etat Islamique et à cartographier ce que peut être la vie quotidienne dans les territoires sous son contrôle. Cette analyse a en effet révélé que Daesh a mis en place un carnet de vaccination destiné à éradiquer les maladies infantiles, que l’EI a supprimé des programmes scolaires toute trace d’enseignement de philosophie, d’anglais et de français, ou a encore établi des règles strictes contraignant ses sujets à déposer leurs ordures dans des bidons plutôt que de les jeter par dessus bord… Autant de protocoles dont les manquements sont sanctionnés par des amendes. Toujours est-il qu’une des priorités de l’EI semble être l’endoctrinement des enfants vivant dans les zones sous son contrôle car un effort particulier est mis sur l’apprentissage de la violence dès le plus jeune âge.
Daesh a donc sensiblement modifié sa stratégie ayant initialement consisté à imposer des règles draconiennes en matière d’habillement pour se consacrer désormais à l’unification du territoire (syro-iraquien) hétéroclite qu’il a conquis. L’objectif actuel de l’EI semble donc d’imposer une juridiction – voire une jurisprudence? – uniforme à travers la définition de seize départements centralisés. Pour ce faire, Daesh a carrément publié des offres d’emploi sur les réseaux sociaux, tout en imposant un contrôle des prix et des loyers sur l’ensemble de la région sous sa botte. Il faut dire que l’EI a les moyens de son ambition puisque ses revenus mensuels sont de l’ordre de 80 millions de dollars, dont plus de la moitié est générée par la taxation, par des confiscations et par le trafic de stupéfiants, le reste provenant de recettes pétrolières.
Contrairement à al-Qaeda, le groupe terroriste le plus riche au monde n’est donc pas dépendant de donateurs extérieurs pour assurer sa survie. Voilà pourquoi, si elles ont certes affecté sa contrebande de pétrole, les frappes de la coalition n’entameront pas sensiblement ses revenus. Dans la victoire contre l’EI, l’argent est en effet le nerf de la guerre car il autorise sa marge de manœuvre, comme sa capacité d’attirer encore et toujours plus de combattants. Tant qu’il sera en mesure de lever des impôts et des taxes, de se livrer à son trafic de denrées légales et illégales afin de se structurer intérieurement, Daesh se dotera jour après jour davantage des attributs d’un véritable Etat.
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