Musk lassitude

Ayant partagé sur X un message que Carlos Slim pourrait avoir des liens avec des groupes criminels, celui-ci annule sur le champ toute collaboration commerciale de ses sociétés avec Starlink en Amérique latine, faisant ainsi perdre instantanément 7 milliards $ à Musk.
Une heure plus tard, Slim annonce qu’il annule en outre ses projets prévus pour les 5 prochaines années avec Starlink, soit un investissement total de 22 milliards, en faveur d’entreprises chinoises et européennes.
Musk perd son principal partenaire dans 25 pays d’Amérique du Sud.
Chers lecteurs,
Ce blog est le vôtre : je le tiens assidument avec régularité et passion. Des milliers d’articles et d’analyses sont à votre disposition, dont les premiers remontent à 1993 !
Mes prises de position macro économiques furent autrefois qualifiées d’hétérodoxes. Elles sont aujourd’hui communément admises et reconnues. Quoiqu’il en soit, elles ont toujours été sincères.
Comme vous l’imaginez, vous qui découvrez ce site ou vous qui me lisez depuis des années, l’énergie déployée et le temps consacré à mes recherches sont substantiels. Ce travail continuera à rester bénévole, accessible à toutes et à tous.
Je mets à votre disposition cette plateforme de paiement, et vous encourage à me soutenir par des dons, ponctuels ou récurrents.
Que celles et ceux qui jugent bon de soutenir ma démarche en soient chaleureusement remerciés.
Carlos Slim a fait mon week-end 🙏🤣
Quant à savoir si la passe d’armes de Slim avec l’un (Musk) des manipulateurs hors norme des marchés financiers américains – véritable artisan d’un coup d’Etat économique à l’aune d’une politique Trumpienne de la terre brûlée – portera quelques saignées rédemptrices, évidemment qu’il en faudrait beaucoup plus, ne serait-ce qu’en ébauchant un plan visant à terrasser l’Hydre de Lerne. Une caste adossée un temps à quelques idéologies triées sur le volet du monétarisme sans bornes de l’école de Chicago, puis dans un autre suspendu à quelques préceptes des chantres de l’école Autrichienne tels des apprentis-sorciers [des “sciences économiques”] ayant totalement perdu le nord; pourtant rien ne les arrêtera mis à part le chaos. Ce sont ces mêmes créatures (tantôt néo-libérales ; tantôt ultra-libérales) qui ont paradoxalement contribués à gonfler les dettes publiques à partir dès années 70. Les mêmes idéologues endurcis qui furent pourtant nourris aux mamelles de l’État au prétexte de faire avancer les “progrès techniques et l’innovation” grâce à cette matière grise en mouvement sensée profiter au plus grand nombre. Un Intérêt général mais ni plus ni moins qu’un sophisme, en vrai ! Alors qu’en parallèle, diabolisaient-ils l’Etat garant de l’Intérêt général et du bien commun. Toujours cette même caste qui dès lors pompait les fruits de la croissance économique en retransférant [déjà] l’essentiel des retombées économiques du bas vers le haut; l’antithèse de la “Trickle-Down” qu’ils appelaient de leurs voeux comme la dérégulation massive des marchés financiers au nom d’une sacro-sainte efficience [énième idée zombie] par les prix, mais dont les nombreux errements [financiers et économiques] de ces dernières décennies furent épongés à coup de milliers de milliards de dollars sous forme d’un accroissement exponentiel des dettes publiques (sauvetages). Des dettes publiques suralimentées également au titre des nombreux programmes de relance économique et de baisses fiscales (du ressort des gouvernements via les fonds publics comme outils de relance budgétaire). Tandis que ces créatures gonflaient encore leur enrichissement [avec pour corollaire un accroissement mécanique des inégalités] grâce à la courroie de transmission monétaire (relance de l’économie réelle par une masse monétaire inflatée) tout en accusant les “prêteurs en dernier ressort” – à savoir les banques centrales – de tous les maux, n’ignorant au passage les avoirs corrompu au nom d’une idéologie totalement irrationnelle.
À quoi bon, finalement, rappeler à toutes ces créatures néo-libérales leurs contradictions, ayant même fini par virer leur cuti du côté sombre de l’ultra-libéralisme, que c’est bien leur nouveau chantre à la mode [de l’école Autrichienne] qui faisait déjà remarquer – dans les années 1950 – que “les crédits bancaires forment les dépôts dans le système bancaire de par la règle incontournable de la comptabilité à partie double”, et non l’inverse. Y en aura fallu des décennies pour terminer par un consensus admissible ! De quoi évincer certaines approches (monétarisme) du prophète de l’école de Chicago (Milton Friedman) et embrasser les thèses de l’école Autrichienne, notamment celle de Joseph A. Schumpeter avec son concept de “destruction-créatrice” comme “moteur essentiel du système économique”, via l’”innovation et le progrès technique”. Une innovation qui permettrait alors d’obtenir “un monopole sur le marché”, lequel serait à même d”‘offrir un production rapportant gros” [en terme de profit]. Une ligne de conduite qui sera ensuite dirigée par les fausses-vérités en “la loi des débouchés” (Jean-Baptiste Say). J’oserai dire une grosse fumisterie à l’ère moderne ! Autant de biais cognitifs consternants si l’on tire un parallèle entre l’époque du machinisme (révolution industrielle) et la disruption économique occasionnée par la digitalisation, la robotique et enfin l’Intelligence Artificielle. Tout aussi consternant leur vision étriquée de l’inflation, puisqu’ils ne savent toujours pas distinguer l’inflation comme un désordre macroéconomique dans le système bancaire (banque centrale et banques secondaires) du renchérissement des prix à la consommation…Bref ! Pour eux, le système bancaire (et boursier) aux valeurs surévaluées ne sont pas un sujet important au sens de l’inflation – ben voyons! – tout comme le concept des taxes douanières coercitives n’engendrerait un phénomène (hyper) inflationniste à moyen-terme, mais uniquement une inflation galopante temporaire. Quel sketch ! On les entendra surement dans quelques mois rasséréner l’océan de serfs sur le “bienfait” de l’inflation galopante, étant donné qu’elle érode la dette et au diable si elle laminera le pouvoir d’achat de la “populace” (i.e Victor Hugo). En fait,.”cette approche cognitive de l’apprenti-sorcier” soulève un problème d’incohérence des préférences qui nous dit qu’en chaque être il existe deux personnalités en conflit permanent, de véritables Dr Jekyll et Mr Hyde, jumeaux inséparables qui se détestent cordialement. Jon Elster proposa une solution à ce problème d’incohérence en s’appuyant sur l’exemple d’Ulysse et les sirènes dans l’Odyssée d’Homère: “Ulysse est sommé de gérer rationnellement son irrationalité. Il connait ses tentations, céder au chant des sirènes, il les gère par anticipation en liant au mât du vaisseau celui qu’il ne veut pas devenir”. Peut-être faudrait-il alors en faire de même avec les membres dérangés de l’administration Trump !
Toutefois, cette caste est-elle vraiment atteinte cognitivement parlant? Oui et Non ! Passée maître dans l’art de la manipulation – ne reculant devant aucune exagération de l’esprit ou valeurs morales à déformer à l’exemple du programme éducatif américain “No child left behind de 2001”, imposant déjà des pratiques éducatives autoritaires qui ne privilégient plus la compréhension, le talent et la créatvité, mais favorisant plutôt l’endoctrinement afin d’imposer l’ignorance – je pousserai même le vice en affirmant que ces Hydres à deux têtes sont brillantes eu égard à leurs propres intérêts. Car, si l’on reprend les “Nouveaux principes d’économie politique” de Jean de Sismondi (1773-1842), l’on y découvre que celui-ci évoque (déjà) une nécessaire redistribution des richesses si l’on souhaite préréniser le système capitalistique (logique eu égard aux dépenses escomptées – la demande – de consommation des biens et services afin d’écouler l’ensemble de la production – l’offre espérée – attendue des biens et services). Selon la vision copernicienne de Sismondi, “le libéralisme économique (dans sa forme la plus extrême) accroît la misère des travailleurs parce que la concurrence exerce une pression à la baisse sur les coûts de production, et donc sur les salaires également”. Puis, “le rythme élevé du progrès technique fera que les anciens résistent en bradant les prix et donc les salaires”. “Ajouter de la valeur c’est ajouter du capital fixe”, dira-t-il, comme “des machines, des entrepôts, des forces aveugles de la nature qui seront redirigées par l’intelligence et l’habileté qui sont autant de richesse future”. MAIS, “ce capital ne produit que s’il est fécondé par le travail qui le mettra en mouvement”. Hors, aujourd’hui, le mouvement “perpétuel” se fait par le truchement des bourses, de la dérégulation des marchés, la manipulation de ceux-ci et les nouvelles lois qui encouragent ce phénomène de prédation, puisque la seule vélocité de circulation du capital suffit au 21ème siècle à générer du capital neuf [tout en créant des dettes d’un côté et un accroissement du fossé des inégalités de l’autre]. Sismondi ajoutera à son époque que “le surplus et le profit sont accaparés par les riches qui sont propriétaires du capital et de ce fait peuvent décider seul du partage de la valeur ajoutée, et de la répartition de la richesse”. En ce sens, il est facile de comprendre qu’aujourd’hui le capital n’a plus rien de comparable au facteur Travail pour fructifier, en ce sens, le travail (ai-je dis des “Jobs à la con” pour emprunter le qualificatif à feu l’anthropologue américain David Graeber?) comme facteur essentiel de production tend à disparaître !Tout à l’image des biens régaliens comme la santé, l’éducation, la recherche, la sécurité intérieure et extérieure qui se détricotent dangereusement. Un ensauvagement de la société, une sélection darwinienne. Effectivement, utopiste et modéré, le macroéconomiste de Cambridge, John Maynard Keynes, lui, avait prédit dans les années 1930 – en estimant qu’avec l’augmentation de la productivité due aux machines – qu’il suffirait en l’an 2000 que chacun s’astreigne à trois heures de travail productif par jour pour subvenir à ses besoins. Pourtant les classes populaires et moyennes sont encore bien loin du compte en 2025, pire puisque le report de l’âge légal de la retraite reste un sujet de discussion dans les cénacles politiques. Et si les derniers “progrès disruptifs” [avec cette logique impitoyable du “crony-capitalism” de prédation] vont indubitablement mettre au placard plusieurs centaines de millions de jobs à travers le monde et reléguer d’autres à ce rôle d’esclavagisme moderne (logique car nous ne sommes plus à l’ère du machinisme) puisque les salaires des classes populaires et moyennes (politique économique par les prix) n’auront accès aux privilèges des rentes du capital ou des rentes de situation des politiques [déjà démissionnaires sur l’autel des choix publics] pour consommer toute la production écoulée (dans la veine des mantras de la “Supply-Side Economics”), alors il faudra m’expliquer avec de sérieux arguments comment ne pas sombrer dans les tréfonds de ces dictatures modernes où la liberté demeure un concept à géométrie variable.
Et comment ensuite (avec quel nouveau phénomène) la croissance économique pourra-t-elle se préréniser dans le temps et l’espace (à tout le moins pour éponger les endettements massifs)?
À bon entendeur.
Doucement mais sûrement, les États-Unis glissent vers la récession. La grande question étant de savoir Quand et de Quelle ampleur sera-t-elle cette fois !
https://realinvestmentadvice.com/wp-content/uploads/2025/03/Real-GDP-declines-to-Next-Recession.png
Question à deux sous. Où se matérialise l’inflation US…
https://bilello.blog/wp-content/uploads/2025/02/5-year-change-stocks-houses-inflation-3-3-25.png
…et qui en profite indécemment ?
https://bilello.blog/wp-content/uploads/2025/02/excess-savings-by-income-group-2-24-25.png
Face au mur des réalités et aux saillies de gros industriels américains de l’automobile, Trump accorderait un nouveau sursis des tarifs douaniers visant le Canada et le Mexique. A se demander si le “Lead Manager” en Chef des États-Unis – en totale roue libre – connaît certains pans de l’Histoire économique de son pays.
“Le tarif de 1816, appelé le tarif de Dallas, a été promulgué pour protéger les industries américaines en plein essor des produits britanniques après la guerre de 1812. Il espérait ainsi stimuler l’industrie manufacturière nationale, mais a également déclenché une division économique majeure Nord-Sud, car les États du Sud, fortement dépendants des exportations, s’y sont opposés”. Le mur des réalités des tarifs de l’administration Trump disent la même chose: – nous sommes trop dépendants des marchandises du Canada, du Mexique et de la Chine pour imposer des droits de douane et cette politique pourrait faire grimper les prix de tout, des biens de consommation aux matériaux de construction !
“Le tristement célèbre tarif de 1828, connu sous le nom de “Tarif des Abominations”, a considérablement augmenté les droits sur les produits européens et surtout britanniques, et a contribué à la crise de la “nullification”. La Caroline du Sud a déclaré ces tarifs nuls à l’intérieur de ses frontières, créant ainsi un baril de poudre dans le sud des États-Unis qui était plus dépendant que le nord des marchandises importées. Il a notamment souligné la tension persistante entre les droits des États et le pouvoir fédéral qui a abouti, en fin de compte, dans la guerre civile. Ce conflit a illustré comment les droits de douane pourraient être politiquement explosifs non seulement en termes de déclenchement de guerres commerciales avec les pays qu’ils ciblent – mais comment les tarifs peuvent également favoriser des conflits civils destructeurs au sein des États-Unis eux-mêmes”. Ben oui !
“Parrainé par le législateur conservateur Justin Smith Morrill, le tarif “America First ” était celui de son époque, dans l’espoir de stimuler l’économie nationale en encourageant la consommation domestique. “The Morrill Act” a également désigné des terres à vendre par les États pour financer des collèges publics, y compris des collèges et des universités historiquement composées d’Afro-Américains. Il est passé juste avant la guerre civile, visant à protéger le Nord industriel tout en coupant les revenus du Sud sécessionniste alors que les États plus agricoles du Sud déclaraient leur indépendance du Nord en tant qu’États confédérés d’Amérique”.
“En entrant cette fois dans le 20ème siècle, les États-Unis ont maintenu des droits de douane élevés avec le “tarif Fordney-McCumber de 1922″, signé par Herbert Hoover. Son but était de protéger les agriculteurs américains, mais, comme on pouvait s’y attendre, a conduit d’autres pays à augmenter les taxes sur les importations américaines”. Un énième mur des réalités ! Vient ensuite le “tarif Smoot-Hawley de 1930”, qui a élevé les droits de douane américains à des niveaux historiquement élevés. Vu pour protéger les entreprises américaines sceptiques de la concurrence étrangère en réponse au ralentissement économique après la Première Guerre mondiale, le “tarif Smoot-Hawley” est souvent cité comme ayant exacerbé la Grande Dépression en déclenchant une guerre commerciale. Il a conduit à un cycle de tarifs de représailles dans le monde entier, conduisant à une forte baisse du commerce mondial”. – Il a aussi suggéré que nous devrions nous attendre à un résultat similaire, avec des pays qui adoptent des droits de douane pour se surpasser les uns les autres (escalade) et une Récession Mondiale comme résultat ! Encore un autre mur des réalités.
Après la Seconde Guerre mondiale, le paysage changera avec la mise en place de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) en 1947. Hallucinant, car même des entrepreneurs américains (électeurs pro-Trump?) doivent rappeler au magnat Trump les incidences pour son propre pays. À moins que le but à peine voilé de cette Oligarchie tyrannique au pouvoir est ailleurs, à des années Lumières (ai-je dis un retour aux obscurantismes?) de l’Intérêt général et du bien commun (et pour une meilleure appréhension des événements qui se jouent sous nos yeux, beaucoup devraient se pencher sur les écrits de Ayn Rand – respectivement Alissa Zinovievna Rosenbaum – chers aux Libertariens) dans la ligne du proverbe de la pièce “les femmes savantes” de Molière: “Qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage”!
Un truisme assorti d’un sophisme en une seule phrase, là faut le faire pour rasséréner la “populace” (les 90%?) face à un dérapage inflationniste !
“Access to cheap goods is not the essence of the American Dream” dixit Scott Bessent (The US treasury secretary)
https://home.treasury.gov/news/press-releases/sb0045
Et ce type qui semble avoir abusé du calumet “est” (également) un professionnel des marchés financiers, investisseur et gestionnaire de fonds spéculatifs.
[“Aux États-Unis, les 10 % ayant les plus hauts revenus consomment sans compter, au point de couvrir 49,7 % de l’ensemble des achats américains, un record, contre 36% y a trente ans selon une étude de Moody’s Analytics”] – The Wall Street Journal – Feb. 23, 2025 9:00 pm