Qui est plus dépensier: Démocrates ou Républicains ?

Contrairement aux idées reçues selon lesquelles les Démocrates sont dépensiers.
Les Républicains, qui prônent la rigueur, sont pourtant responsables d’un déficit fédéral (en rapport au P.I.B.) de 8.5% + élevé que lorsque l’administration est Démocrate.
Clinton fut le dernier Président à engranger des excédents budgétaires, de manière constante.
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Crise des dépenses ou crise des recettes ou encore les deux à la fois ?
Ou quand la politique surpasse l’économique à l’instar des approches dogmatiques – comprenons le une fois pour toute – l’injustice fiscale endémique (Capital vs Travail) voulue par les thuriféraires des politiques de l’offre a bien souvent contribué à l’explosion des déficits budgétaires. Que de souvenirs sempiternellement répétés ! En 2012, en 2014, en 2015, en 2018, etc…
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RAYMOND
22 janvier 2018 à 15 h 35 min
(…) Bien que nos économies modernes – en occident – se confrontent à des phénomènes impactant directement la demande agrégée, les élites y répondent systématiquement au moyen de boîtes à outils néo-libérales ou ordo-libérales. Les partisans du « trickle down » n’ont-ils pas été désavoués par les résultats issus du groupe de travail du FMI en 2015 ou encore ceux prévalant en 2014 et produit par l’OCDE ? Toujours dans la question de « l’alibi du ruissellement », ne trouve-t-on pas aussi quelques stratagèmes hérités outre atlantique et mis en évidence par les travaux de William Lazonick – économiste de l’université du Massachusett- intitulés « Profits Without Prosperity », qu’il faille à tout prix persister sur la voie de la pensée dominante ? C’est pourtant avec ce même genre de comportement privilégiant une caste que le rôle de l’État se délite au profit de la loi du marché. De la même manière, « le hochet » d’Arthur Laffer a souvent créé une véritable dichotomie de la dime entre Capital et Travail et/ou entre personnes morales et personnes physiques, pourtant, qui peut raisonnablement aujourd’hui encore ignorer que la seule circulation du capital suffit à le faire fructifier à contrario du travail qui, lui, tend à disparaître ? La vélocité de ce phénomène amène donc l’État à revoir la copie de ses propres contraintes en reportant la prime de risque sur ses administrés – la baisse des dépenses du filet social en étant une parfaite illustration – ou en abandonnant les PME (les petites et moyennes entreprises) à leur sort. Dans le débat théorique dominant, non seulement la « trickle down » aura justifié la réduction des dépenses publiques (neutralisant par effet de manche une relance efficace via le levier budgétaire) mais la courbe de Laffer a induit au sein de la même pensée dominante une allergie fiscale comme Say et Smith l’ont fait avant lui. Se pose alors la question : Dans leurs prérogatives, les Etats font-ils face à une crise des recettes ou des dépenses ? Nos économies modernes – et occidentales – ne sont-elles pas finalement confrontées à une « Supply-side economics » à bout touchant ?
Si la « théorie » de Laffer est néanmoins recevable dans le cadre de l’hypothèse ceteris paribus, les études empiriques tentant de vérifier cette relation aboutissent à des résultats plus que controversés. Il est donc difficile de faire une étude empirique sérieuse (pour asseoir une doctrine) car d’autres facteurs entrent en jeu, comme les besoins de l’État qui peuvent être différents ou non constants; la structure des prélèvements obligatoires et la façon de les percevoir par la population; l’histoire fiscale du pays, et le niveau habituel des prélèvements pour ce pays; la confiance dans l’avenir et le contexte économique général; le niveau de prise de risque par les investisseurs et les entrepreneurs ; le défit démographique du vieillissement des populations au regard des systèmes de pensions (…) En effet, la maxime du « trop d’impôts tue l’impôt » n’est pas une systématique à appliquer au pied de la lettre !
D’ailleurs, les cas du Royaume-Uni (sous Thatcher en 80) et Américain (sous Reagan) sont très révélateurs. Après l’économie vaudou (Reaganomics) de Reagan les effets des baisses d’impôts ont créé des déficits fiscaux alors que sous Thatcher, quelques années après, les mesures ont entraînée une hausse des rentrées fiscales (Big-Bang des marchés financiers). Toujours sous l’administration Reagan, certes, l’économie américaine a rebondi rapidement de 1979 à 1982, mais la majorité des économistes sont plutôt d’avis qu’il s’agit du résultat de la baisse des taux d’intérêts mis en place par la Réserve Fédéral et non pas les incitatifs fiscaux. Enfin, en 2003, l’administration Bush (fils) décida une baisse d’impôts (toutes relatives sur les classes moyennes) et les recettes fiscales augmentèrent comme sous Thatcher dans les années 80 (lors du Big Bang des marchés financiers). Enfin, si le monétarisme s’est imposé dans l’argumentaire des politiques de lutte contre l’inflation et les modèles néo-walrasiens ont fourni les hypothèses favorables à la réduction du coût du travail, que les théories néo-institutionnalistes ont expliqué les fusions acquisitions des grands groupes en termes d’efficience organisationnelle, il n’en demeure pas moins qu’en dépit des apparences cohérentes, les politiques néo-libérales en place depuis les années 1970 n’ont pas toujours atteint leurs objectifs, pire, elles se sont même avérées contradictoires les unes avec les autres lorsqu’elles furent appliquées simultanément (…)
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Enfin, pour l’anecdote sur l’injustice fiscale pathologique, l’on pourrait retenir que les baisses d’impôts sur les tenants du grand Capital n’ont pas eu les effets escomptés sur les finances publiques (et les dettes publiques par analogie) – bien au contraire – car seul le couple dérégulation des marchés financiers et les principes mêmes de la loi de Say aura permis ce monumental transfert des richesses du bas vers le haut, l’antithèse du ruissellement, tout ayant concédé le gigantesque fardeau de dettes à un océan de serfs, puis un détricotement du filet social de sécurité régalien comme ultime récompense. Désormais une fuite en avant. Que ce soit l’aile républicaine ou démocrate aux États-Unis, chacun à sa façon y a mis sa patte…
https://www.cadtm.org/spip.php?page=imprimer&id_article=6814
Il ne faudrait juste pas l’oublier s’agissant de Bill Clinton qui a expérimenté le libre-échangisme (capitalisme hautement financiarisé et globalisé) avec la dérégulation des marchés financiers US (c’est-à-dire en plantant le dernier clou au cerceuil du “Glass-Steagall Act” de 1933″) en leur offrant un blanc-seing (croissance par la dette privée) au prisme de cette loi: “The Gramm–Leach–Bliley Act” ou “Financial Services Modernization Act of 1999”. Sinon, il faudrait rétrospectivement reporter une partie du coût de la “Grande Récession de 2008” dans son propre bilan. Bien que l’administration Bush (fils) aura finit le job du subprime avec Alan Greenspan à la tête de la Fed.
Un petit medley de mes posts datés:
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RAYMOND
11 mai 2020 à 15 h 20 min
(…) Après tout, aux USA, dans les années trente, avec la «Grande Dépression», la crise économique sévère n’amènera-t-elle pas Roosevelt (républicain) à modifier l’équilibre existant entre le marché et l’État en redistribuant ainsi les profits économiques avec le New Deal ? Précisément destiné à relancer l’économie américaine et qui fut accompagné du “Soak the rich tax”. Les personnes gagnant plus de 200’000 dollars (soit un million de dollars aujourd’hui) par an furent taxées plus fortement, à hauteur de 63%. La loi fut révisée en 1936, augmentant ainsi le taux à 79% pour atteindre 91% en 1941. Pendant près de 50 ans, les USA vivront avec un taux marginal d’imposition sur les très hauts revenus proche de 80% sans pénaliser leur croissance économique, bien au contraire (…)
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RAYMOND
8 juin 2021 à 12 h 33 min
(…) depuis 2008 et les crises successives, nous mesurons mieux la température d’un sentiment omniprésent dans nos sociétés réelles, celui marquant cette incapacité du pouvoir politique à contrôler l’économie et la finance, à influer sur ce qui s’est dématérialisé (l’argent, les flux financiers…), la complexité du monde laissant la financiarisation asseoir sa suprématie en profitant sans vergogne de statuts (et systèmes) fiscaux extra-ordinaires. D’ailleurs, cet asservissement contre nature fût aussi observé en matière d’inégalités lorsque le professeur et économiste hétérodoxe, Paul Krugman (prix “Nobel” d’économie en 2008), constatait cette même année ô combien les inégalités de revenus aux États-Unis sont redevenues aussi extrêmes qu’en 1920; les électeurs ayant pourtant voté en majorité – jusqu’en 2006 au moins – pour des candidats cultivant cette “évolution” (…) James M. Buchanan (prix “Nobel” d’économie en 1986) nous rappelait à cet égard que “si vous voulez améliorer la politique, changez les règles et reconsidérez la structure. N’attendez pas que les politiciens changent de comportement. Ils agissent en fonction de leurs intérêts” (…)
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RAYMOND
3 août 2021 à 11 h 44 min
(…) Avec son ouvrage “Arguing With Zombies” (Lutter contre les zombies – 2020) l’éminent Paul Krugman, célèbre éditorialiste du New York Times et prix “Nobel” d’économie dénonce les “idées-zombies” propagées depuis des lustres par la droite américaine. Des idées largement reprises sur le vieux continent; des mensonges que la science économique et les faits contredisent pourtant mais que cette droite (néolibérale) américaine continue d’entretenir – et véhiculer outre atlantique – pour biaiser le débat public et privilégier une poignée d’intérêts privés au détriment du plus grand nombre. À l’heure où les inégalités explosent et où les politiques d’austérité aggravent toujours la situation des plus démunis, Paul Krugman, s’insurge contre cette malhonnêteté intellectuelle. Ce dernier va jusqu’à révéler une série de manipulations politiques, tels le déni du changement climatique, les tentatives de baisser les impôts des plus riches, les attaques de mauvaise foi contre le système de protection sociale, autant de phénomènes qui résonnent aussi chez nous. Ces analyses particulièrement décapantes sur l’Amérique d’aujourd’hui (et par analogie sur les dogmes auquels nous sommes aussi contraint sur notre continent) sonnent comme un véritable appel : “Il est encore temps de se battre pour la vérité et pour la justice en éradiquant toutes les idées-zombies”, nous dit Paul Krugman (…) Il doit être le seul prix Nobel à avoir inspiré un tweet de Donald Trump (républicain) réclamant son congédiement immédiat. La virulence de ses chroniques ne pouvait que lui attirer l’inimitié de l’ancien président américain. Traité de gauchiste, ironie de la chose, le gradualisme de Krugman et sa défense des marchés réglementés sont néanmoins décriés par la gauche progressiste presque autant que par la droite. Et disons-le aussi, Krugman a débuté comme conseiller économique à la Maison-Blanche sous Ronald Reagan (à des années lumières du gauchisme des clivages réducteurs) à l’époque des mantras du ”Laisser-faire” (…) Le professeur en économie, Paul Krugman, a créé le terme “idée-zombie” pour parler du mythe, maintes fois réfuté, maintes fois ravivé, voulant que les Canadiens traversent la frontière en masse pour se faire soigner aux États-Unis. Il applique son néologisme, depuis, à d’autres croyances de la même farine : les “tribunaux de la mort” de l’Obamacare, la psychose autour du déficit ou encore, “zombie suprême”, la prospérité générale qui découlerait d’un allègement du fardeau fiscal des mieux nantis. Sa critique des politiques religieusement néolibérales à l’époque de George W. Bush (républicain), notamment, n’a pas pris une ride. Dès 1992, il s’insurge contre les entourloupettes rhétoriques de la droite américaine. L’économiste évoque souvent ce “zombie suprême” qui dominera le débat sur les politiques socioéconomiques américaines et qui se propageront telle une trainée de poudre au reste du monde animé par le même dogme du “trop d’impôt tue l’impôt”. Le zombie ultime pour Krugman ? Les avantages de la réduction des impôts payés par les riches et dont l’alibi de la théorie du ruissellement serva de levier.
Les américains en ont déjà conscience et l’ont fait aussi savoir par le biais de leur nouveau président – démocrate – (Biden) lorsque ce dernier déclarait: “La théorie du ruissellement n’a jamais fonctionné”. Dans un discours tourné vers les classes populaires et moyennes, il martelait : “Mes compatriotes, la théorie du ruissellement économique n’a jamais fonctionné… 20 millions d’Américains ont perdu leur emploi pendant la pandémie alors que 650 milliardaires ont augmenté leur richesse de 1000 milliards de dollars” !!! Une récente étude publiée fin décembre 2020 par le prestigieux Kings College de Londres a apporté un soutien à l’argument selon lequel cette théorie n’a jamais apporté les effets escomptés. Alors que les impôts des plus aisés ont reculé dans les économies développées au cours des 50 dernières années, les effets de ces mesures ne se retrouvent nulle part, ni au niveau des performances du pays, du taux de chômage ou du PIB par habitant. Supprimer (ou baisser) un impôt dans l’espoir de voir les revenus économisés servir au plus grand nombre est parfaitement aléatoire. Toutes les études tendent à démontrer que la réponse à la baisse des impôts est assez faible. Même le FMI, considéré aussi comme un temple du néolibéralisme, l’a constaté dans une étude. On peut ainsi y lire : “Nous constatons que l’augmentation de la part du revenu des pauvres et de la classe moyenne augmente la croissance, tandis qu’une augmentation de la part du revenu des 20% supérieurs entraîne une croissance plus faible – c’est-à-dire que lorsque les riches s’enrichissent, les avantages ne se répercutent pas sur le revenu”.
Krugman donne ses quatre règles d’or de l’analyste politique. Les deux premières (“privilégier les sujets simples” et “utiliser un langage courant”) ne prêtent pas à controverse, mais les deux autres (“dénoncer les arguments malhonnêtes” et “révéler les conflits d’intérêts sous-jacents”) sont sans doute plus polémiques. Il exhorte également les journalistes, tout comme ses collègues (les experts), à éviter l’impartialité exagérée. Son exemple préféré? Admettre la divergence d’opinions sur la forme de la Terre. À ses yeux, ceux qui la déclarent plate ne méritent pas la moindre couverture médiatique. Ces règles reflètent ce que pense Krugman de certains analystes conservateurs inébranlables. S’il écoute volontiers les arguments de ses collègues économistes conservateurs modérés, il s’insurge contre de prétendus analystes au conservatisme outrancier, qui ne répandent pas des idées qu’ils croient vraies. Non. Comme on l’a vu à l’ère Reagan, elles sont fausses et ils le savent pertinemment. Paul Krugman juge ces analystes plus traîtres encore que les partisans de la Terre plate. Il avance que la théorie du ruissellement (la richesse cascadera vers le bas, dit-on) est précisément détournée à des fins politiques pour favoriser les plus fortunés (…)
Enfin, je termine avec cette expression tellement d’actualité empruntée à l’économiste Richard Thaler (professeur à l’université de Chicago – titulaire du prix en l’honneur d’Alfred Nobel en 2017 – considéré avec Daniel Kahneman comme le père fondateur de l’économie comportementale):
“Aujourd’hui, les fous sont à la tête de l’asile!”
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