La Chine est en guerre

Elle exporte cette année 6 millions de voitures à destination d’une centaine de pays.
Première exportatrice de véhicules au monde, son prix moyen est de 19’000 $, en-dessous des Etats-Unis et de l’Europe.
Pendant ce temps, ses concurrents occidentaux n’ont aucune stratégie, ils nagent dans la confusion, et sont subjugués par l’offensive chinoise.
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Mes prises de position macro économiques furent autrefois qualifiées d’hétérodoxes. Elles sont aujourd’hui communément admises et reconnues. Quoiqu’il en soit, elles ont toujours été sincères.
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Eh oui, l'”Art de la guerre” de Sun Tzu se réplique également à la géopolitique de l’économie.
Mais avec son idéologie irrationnelle dans l’économie de l’offre – plutôt que la demande – l’Occident a aussi offert à la Chine ce “modèle” (un mantra !) du bâton pour se faire battre. Car même avec la participation non négligeable des importations du reste du monde, la capacité industrielle de la Chine est tout simplement trop importante pour être entièrement absorbée, ce qui signifie que les capacités excédentaires (surstock) continuent de s’accumuler dans de nombreux secteurs, dont l’automobile. La conséquence de cette situation emblématique est la déflation des prix à la production qui exerce non seulement une pression à la baisse sur la marge des entreprises (en partie compensée par les subventions étatiques dans la filière de l’automobile électrifiée) mais bien évidemment sur “les prix à la consommation” (vente/achat des véhicules électriques) qui demeurent très bas par rapport au reste du monde.
L’économie fait partie des mathématiques, dans lesquelles il existe le domaine de la géométrie.
En géométrie, il existe le concept de symétrie.
Alors que les constructeurs automobiles aux États-Unis, en Allemagne et en France produisent des véhicules électriques à des niveaux inférieurs de 40 à 45% aux prévisions – que Ford US est en train de rétropédaller sur la fabrication de véhicules électriques – Bruxelles va imposer une taxe de 48% sur les véhicules électriques importés de Chine afin de protéger les constructeurs européens, tandis que les constructeurs européens fabriquent de plus en plus de voitures électriques en Chine. Par contre, pour l’américain Tesla, qui fabrique ses voitures en Chine et les exportent en Europe, la taxe pourrait n’être que de 19%. Sans compter que le Canada impose une taxe de 100% sur les véhicules électriques chinois, ainsi que 25% sur les importations d’acier et d’aluminium chinois – une matière première dans la construction des véhicules électriques en Amérique du nord – alors que le constructeur automobile Stellantis (PSA, Fiat, JeeP) va devoir réduire son stock de voitures invendues “qui va au-delà du raisonnable” (encore des errements propres à la “Loi de Say”) notamment aux USA (dans l’attente de nouveaux emplois à passer à la trappe). Et bien que ce constructeur veuille ouvrir les portes de l’Europe à son partenaire chinois Leapmotor pour mieux se positionner sur le secteur des véhicules électriques à prix plancher. Un euphémisme (ou le boss de Stellantis cherche-t-il à justifier ses rémunérations stratosphériques dans nos économies disruptives mais ô combien financiarisées?) sachant déjà le nombre d’opérations d’acquisitions chinoises dans les infrastructures maritimes européennes de 2004 à 2021 (i.e étude menée pour le Parlement européen – septembre 2023), notamment des investissements portuaires qui ont connu un essor fulgurant durant la crise de l’Euro (cette “vente forcée” des bijoux de famille durant les cures d’austérité). Tandis qu’en Suède, par exemple, les fabriques de batteries pour voitures électriques sont devenus des gouffres financiers à l’instar de Northvolt qui a perdu plus de 2 milliards de dollars. Le constructeur BMW étant l’un de ses plus gros clients. Cherchons les erreurs au prisme de nos économies disruptives où précisément le “libre-marché” n’est plus qu’un vulgaire artefact, avec une propagande occidentale qui n’a rien à envier aux régimes autoritaires. D’ailleurs, ceci me renvoie à une de mes interventions rappelant [RAYMOND
12 janvier 2018 à 10 h 55 min], que (…) “dans son ouvrage Psychologie des foules (1895), Gustave Le Bon (1841-1931) – un des précurseurs des théories des médias – affirme que les individus, lorsqu’ils sont en groupe, raisonnent de manière plus simpliste et sont facilement influençables. Selon lui, un meneur habile peut aisément mettre une foule dans un état proche de l’hypnose. Le Bon ne traite pas directement des médias, mais ses idées ont influencé les théories sur la communication, la propagande et la publicité. Lorsque les médias de masse en sont encore à leurs débuts, Gabriel Tarde (1843-1904) rend ainsi les médias responsables de la manipulation que Le Bon attribue au meneur et affirme que l’âge des foules sera remplacé par l’”âge des publics”, qu’il définit comme une foule à distance (…) bref !
Parce qu’il nous faut aujourd’hui “jouer plus vite que la musique” dans ce nouveau monde orwellien, pour les uns, la mort du moteur thermique est déjà actée tout comme la mise à ban des énergies fossiles (principes moraux du “tout électrique”) alors que l’Empire du Milieu s’effondrerait sur ses bases. Quant à d’autres, l’économie de son allié russe serait à bout de souffle depuis deux ans, malgré une croissance récente de quatre pourcent sur un an, au deuxième trimestre, et des investissements domestiques notoires. Soit! Oui, la Chine émet plus de CO2 que l’Europe et les USA en terme de pollution, cependant ses investissements en énergies propres dépassent largement l’Europe et les USA. En 2023, Pékin installait pour 300 GW de solaire et d’éolien mais des signes d’essoufflement pointent déjà le nez et “seulement” 100 GW pourraient être installés par année. Selon Pékin, les barrières protectionnistes des USA et de l’Europe bloquent l’industrialisation et une adoption plus large dans le périmètre du “guerre commerciale et économique” (pour ne pas dire monétaire, puisqu’en juillet 2024, 53% des transactions monétaires entrantes et sortantes de la Chine ont utilisé la monnaie chinoise, selon les données de l’Administration nationale des changes, contre environ 40% pour le même mois en 2021. La Chine s’éloigne donc du dollar américain. Un phénomène entamé en 2009 – post Grande Récession américaine de 2008 et durant la décennie perdue de la crise de l’Euro). Par ailleurs, Pékin est en train de créer une nouvelle entité contrôlée par l’État qui regrouperait les producteurs actuels, combinant les pétroliers China National Petroleum Corporation et Sinopec, ainsi que des entreprises d’acier et d’équipement industriel. Objectif : trouver du pétrole ultra-profonds et du pétrole de schiste. Ceci étant précisé – dans le thème des paradoxes, entre-autres des principes moraux et des principes économiques – d’après le rapport du CREA (Centre de Recherche sur l’Énergie et l’Air Pur)…
https://energyandcleanair.org/publication/sanctions-hypocrisy-g7-imports-eur-1-8-bn-of-turkish-oil-products-made-from-russian-crude/
…la Fédération russe a vendu près de 2 milliards de dollars de pétrole à des pays occidentaux via des intermédiaires, malgré les sanctions “américaines”, alors que les États-Unis, faut-il le rappeler, jouissent quasiment de l’indépendance énergétique. Si ce contournement des sanctions (principes économiques) confirme bien l’existence d’un réseau sophistiqué et bien organisé, notamment via la Turquie, l’Inde et la Chine, l’alliance élargie des BRICS continuent sans réelle surprise d’acheter du pétrole russe dans le contexte géopolitique actuel. Comme le souligne le rapport du CREA: “Les BRICS jouent un rôle capital dans l’émergence d’une nouvelle architecture commerciale qui contourne l’hégémonie du dollar américain ”. Cette réorientation stratégique va donc au-delà du contournement des sanctions : elle vise à redéfinir les règles du commerce mondial (et le système des Pétrodollars). Avec l’Arabie Saoudite qui a rejoint l’organisation cette année, l’influence des BRICS sur le marché pétrolier mondial devrait considérablement augmenter les mois à venir selon le CREA.
De quoi fragiliser les ambitions européennes irrationnelles, alors même que l’Union économique et monétaire (UEM) n’est toujours pas parvenue à se réformer en profondeur.