
La Chine tremble
Les nouveaux cas de Covid sont à leur plus haut niveau historique en Chine, ayant doublé ces 10 derniers jours.
La situation encore pire à Pékin qui est en confinement quasi-total.
Après 2 ans d’isolement, les chinois en sont arrivés au point de rupture avec des manifestations atteignant ces derniers jours une intensité équivalente à 1989 à l’époque de Tiananmen. Censé livrer alimentation et médicaments alors que ses citoyens sont enfermés, l’Etat est défaillant, induisant ainsi famine mais également maladies. Sans même évoquer les graves problèmes d’hygiène, d’ordures non collectées, d’eau courante parfois coupée…
Pourtant, à présent qu’il a été reconduit à vie et après avoir purgé le Parti des rares opposants qui y restaient, Xi n’est pas près de fléchir. Personne et aucune situation ne le feront reculer à briser, y compris par une violence extrême, cette contestation populaire. La Chine étant (toujours) l’usine du monde, la répression à venir aura des conséquences inévitables sur l’économie globale.
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Bien sincèrement,
Michel
Et si la politique “Zéro-Covid” de l’Empire du milieu cachait une face plus sombre?
D’ailleurs, par son histoire, les guerres chinoises démontrent à l’envi la “chair à canons” de son peuple. Un parallèle que nous pourrions transférer à nos jours. Du début de la première dynastie chinoise historique, la dynastie Zhou, à l’extrême fin du IIe millénaire avant notre ère, jusqu’à la chute des dernières dynasties de l’ancien régime, celle des Qing en 1911, les chroniques rapportent 3 779 batailles, soit en moyenne une par an. Surtout que les batailles de l’histoire de la Chine ont été en général beaucoup plus massives que celles de l’histoire du monde occidental. Bien que la “chair à canons” de la grande guerre de 14 en occident – pour des raisons économiques – reste dans nos mémoires. La politique “Zéro-Covid” – au stade d’outil invasif – peut aussi compter sur sa “chair à canons” comme autant de dégâts collatéraux pour atteindre son objectif.
Ceci étant précisé, j’estime qu’une guerre économique globalisée – qui ne dit mot – s’opère sous nos yeux avec pour caractère un Nouvel ordre monétaire mondiale! Revenons à présent au “paradoxe de Robert Triffin”, après le rôle hégémonique concédé au dollar américain suite à la conférence de Bretton Woods en 1944. Cette conférence avait pour initial objectif de fournir un cadre stable et propice à la reconstruction et à la croissance des économies affaiblies par la deuxième guerre mondiale. Cette dernière écartera néanmoins l’idée de l’économiste John Maynard Keynes pour la création d’une monnaie supranationale – un étalon monétaire international – “le Bancor”. Cette réunion qui accompagnera 44 nations alliées à repenser le “Système Monétaire International” proposera une monnaie internationale basée sur l’étalon-or (“Gold Exchange Standard”), en l’occurrence le dollar US afin d’assurer la stabilité des flux mondiaux “sans s’exposer” à des crises majeures telle qu’elle l’a été avec la Grande Dépression économique des années 1930.Toutefois, quelques années après la signature des accords de Bretton Woods, l’économiste américano-belge Robert Triffin portera un regard critique et avisé à l’égard de ce système dans son ouvrage “Gold and the Dollar Crisis. The Future of Convertibility” (1960). Selon les critères clairvoyants de Robert Triffin (à très juste titre), une monnaie nationale ne peut servir durablement de monnaie internationale, “à moins d’accepter un système monétaire et financier instable et inefficient”.
En 1971, cela s’est traduit par la suspension de la convertibilité du dollar en or (libéralisation des taux de change avec la décision de Nixon) marquant ainsi la fin du système de Bretton Woods, comme l’avait prédit Robert Triffin. Chacun connaît la suite à présent, car plutôt que d’être fixées en fonction de la valeur du dollar américain (taux de change fixe), les taux de change furent désormais déterminés par l’offre et la demande de chaque devise sur les marchés (taux de change flottant). Puis, comme il fallait plus de latitude au “schéma de Ponzi” à l’ère de la financiarisation, dans les années 1980 s’est amorcé alors un mouvement de libéralisation des taux d’intérêt. Les États sont passés d’un mode de financement de leurs déficits par la planche à billets (l’émission de monnaie) à un financement sur les marchés financiers spéculatifs (par l’émission d’obligations).
Dès lors, si le dollar américain a joué un double rôle de monnaie nationale et internationale, ceci n’est pas sans poser problème puisque nous connaissons aujourd’hui un “nouveau dilemme de Triffin”. Cette forme contemporaine du dilemme traduit l’incompatibilité entre la gestion des finances publiques américaines (mais pas que et loin s’en faut), la dette publique américaine et le déficit budgétaire en pourcent du PIB – et la demande extérieure excessive de titres américains, respectivement de “bons du Trésor” (titre obligataire souverain). Ainsi, via cette hégémonie, les Etats-Unis continuent de profiter du rôle international du dollar pour fournir “au reste du monde, notamment aux investisseurs publics (banques centrales) et aux banques commerciales “une dette” (un titre obligataire valant comme une reconnaissance de dette) liquide “sûre et sans risque”. Et ce, dans le but de financer leur déficit public et continuer à s’endetter sur le dos des autres. D’ailleurs, John Adams (1735-1826), deuxième président des États-Unis, l’avait compris très tôt lorsqu’il affirmait péremptoirement les deux façons d’asservir une nation: “l’une par l’épée et l’autre par la dette”.
Mais voilà, suite à l’aléa pandémique Covid-19 (ou l’opportunité?) Suelement six ans après la révolution Ukrainienne de Maïdan en 2014, que beaucoup semblaient avoir oublié – nos hommes politiques s’étonnent encore que l’aggravation du dernier conflit en Ukraine, mené par la Russie en 2022 précipite le grand renversement du monde. Un peu de sérieux puisque la mondialisation nous démontre bien, aujourd’hui, que l’Occident sous leadership américain (et dépendant de la Chine et de ses alliés) ne parvient plus à contenir les puissances émergentes opportunistes. D’où une prochaine cartographie de la géopolitique.
Avons-nous si vite oublié – alors que les USA craignent plus que tout un embrasement avec l’Asie (alors que leur guerre économique ne date pourtant pas hier, avant qu’elle ne devienne la nôtre) et – malgré les apparences trompeuses – que l’Union économique eurasiatique tombe d’accord avec la Chine pour mettre cette fois en place un système financier et monétaire indépendant du dollar US. Mais rien de nouveau sous le soleil en fait, car en 2009 – soit une année après la grande conflagration financière mondiale de 2008 débarquée des États-Unis, symbole par excellence des excès de la finance – le gouverneur de la Banque populaire de Chine, M Zhou Xiaochuan n’était-il pas revenu à la charge contre l’”hégémonie du dollar” dans le cadre d’une conférence intitulée “Reform the international Monetary System”? C’est-à-dire pour un nouvel ordre monétaire mondial. En 2018 – soit bien avant le choc sanitaire mondial aux conséquences économiques catastrophiques – Poutine et son homologue chinois Xi Jinping avaient réaffirmé leur volonté de se passer du dollar américain dans le cadre de leurs échanges commerciaux. Sans compter que l’Arabie saoudite eu récemment encore – en mars 2022 – envisagé d’accepter le Yuan pour ses exportations de pétrole.
Enfin, si l’ancienne Libye de Kadhafi et l’ancien Irak de Saddam Hussein se sont cassé les dents sur les “pétrodollars” – que le Vénézuela qui était le 4ème pays le plus riche du monde dans les années 1950, paie son addiction à l’empire américain ces dernières années – une entente de la Chine, des producteurs arabes d’hydrocarbures et de la Russie pour se passer du billet vert serait ainsi fatale pour l’économie américaine grevée par sa dette exponentielle. Et par analogie lourde de conséquences pour l’Europe. Le “Petroyuan” n’est donc plus un risque que “nos économistes mainstream” ne peuvent feindre d’ignorer (ou plutôt le cacher encore longtemps aux peuples d’Occident).
Comme le “bénéfice-risque” fut un terme à la mode (emprunté à la sphère financière de surcroît et à la discipline des sciences comportementales), nos pseudo-élites de la politique devraient s’en rappeler afin de respecter leurs prérogatives qui, soi-disant, viseraient l’Intérêt général et le bien commun (des chimères en 2022/2023).
Les frénésies d’achats d’or, cette année, alimentent le pronostic sérieux selon laquelle la Chine se dépêche de réduire son exposition au dollar américain. Si les banques centrales ont effectivement acheté 399,3 tonnes nettes d’or au cours de la seule période juillet-septembre, ce qui a plus que quadruplé sur l’année selon le rapport de novembre du groupe industriel World Gold Council, le dernier montant marque un bond en avant par rapport à 186 tonnes au trimestre précédent et à 87,7 tonnes au premier trimestre, tandis que le total depuis le début de l’année dépasse à lui seul toute l’année complète depuis 1967.
Par ses achats d’or “en sous-marin”, l’Empire du milieu s’est déjà prêté à l’exercice dans le passé. Après être restée muette depuis 2009, Pékin a stupéfié le marché en 2015 en révélant qu’elle avait augmenté ses avoirs en or d’environ 600 tonnes; se préparant déjà à la dé-dollarisation? Dans le contexte des sanctions actuelles contre son partenaire Russe, la Banque populaire de Chine a probablement acheté une partie des avoirs en or de la Banque centrale de la Fédération de Russie de plus de 2 000 tonnes. Par ailleurs, la Chine s’est récemment déchargée des obligations américaines en ayant vendu 121,2 milliards de dollars de dette américaine – l’équivalent d’environ 2 200 tonnes d’or – immédiatement après la première attaque russe contre l’Ukraine et jusqu’à fin septembre 2022, selon le département du Trésor américain. Des importations chinoises d’or en provenance de Russie qui ont bondi en juillet à environ 50 fois le niveau de l’année précédente, selon les autorités douanières chinoises.
En général, les banques centrales ne se déchargent pas facilement de leurs avoirs en or sur le marché pour raison de: “hedging”. Et s’il est utile de le préciser, je suis à des années lumières des cercles complotistes.
“la Chine s’est récemment déchargée des obligations américaines en ayant vendu 121,2 milliards de dollars de dette américaine – l’équivalent d’environ 2 200 tonnes d’or –”.
Si le stock de dollars détenus par la Chine est toujours d’environ 8000 Mds de dollars, où les chinois vont-ils trouver de l’or pour se débarrasser des dollars qui leur brûlent les doigts ?
Tant que la banque centrale chinoise est gouvernée par des crétins arriérés, il n’y a aucun risque à craindre pour l’économie mondiale venant de ce côté-ci de la planète.
La réserve de la Chine en dollars est de 3204 Mds de $ :
https://tradingeconomics.com/china/indicators
Mea culpa, la réserve de dollars de la Chine a plafonné à 4000 Mds de $ :
https://www.ledevoir.com/economie/491233/chine-la-chute-des-reserves-de-devises-un-signal-alarmant