Un constat sans appel !
La majorité des investisseurs et analystes considérant les Bourses comme un indicateur puissant et fiable, les envolées des indices sont dès lors interprétées comme autant de signaux précurseurs anticipant une embellie économique. C’est ainsi que les appréciations notoires des Bourses en 2009 avaient été motivées par les multiples stimuli et autres plans de sauvetage mis en place quelques mois plus tôt qui avaient suscité une vague d’optimisme parmi les investisseurs persuadés que l’économie bénéficierait (au moins à la longue) des ces injections de liquidités. Pourtant, ce processus tend également à s’inverser lorsque les marchés se rendent compte que les économies ont du mal à suivre, l’euphorie boursière se dégonflant dès lors dans de misérables pschitts…
En fait, les tourmentes boursières actuelles pourraient – et devraient – s’intensifier davantage tout en perdurant encore quelques années! Ce n’est ainsi qu’en 1945 que la Bourse Américaine avait, en valeurs actualisées de l’époque, recouvré pleinement les niveaux des années 30… Le parallèle entre cette période et aujourd’hui étant au demeurant intéressant puisque, tout comme la fin des années 1930 marquées par la conclusion de la Grande Dépression et par la queue de comète constituée par son lot de mesures plus ou moins discutables, la crise de 2007 et de 2008 s’est soldée par une montagne d’endettements qu’il renvient à nos économies aujourd’hui d’ingérer tant bien que mal… Le réflexe compulsif de nos Etats ayant été limité à la mise en place successive de toutes sortes de mesures stimulatoires, il est impératif de reconnaître aujourd’hui que les Etats-Unis (que je cite car c’est eux qui ont été les plus généreux en la matière) sont toujours en récession et ce 18 mois après avoir réduit à zéro leurs taux d’intérêts!
Dès lors, comment réagir face aux baisses de taux quantitatives frénétiques ayant propulsé leur déficit budgétaire au-delà de 10% du P.I.B.? Les Bourses – celles-là mêmes qui avaient prédit une reprise notable pour 2010 – commencent donc par accuser le coup: En fait, les indices, qui sont en train d’être fatalement rattrapés par les mauvaises nouvelles économiques, subiront d’autant plus la pesanteur qu’ils prennent conscience que la vague d’optimisme à laquelle ils avaient cédé l’an dernier … ne s’est en définitive jamais matérialisée. Toutes choses étant égales par ailleurs, les Bourses (comme la Grèce) ne sont – de loin – pas seules à se retrouver à la croisée des chemins.
L’exemple seul de la Californie suffirait, si besoin était, à tomber de très haut: Voilà un Etat Américain (et non des moindres!) qui licencie 200’000 fonctionnaires tout en réduisant de 14% le salaire de ceux toujours en poste dans une tentative quasi désespérée de réduire son déficit qui se monte à 19 milliards de dollars… Un autre Etat de moindre importance comme l’Illinois (au déficit de 12 milliards!) étant pour sa part en retard de paiement sur ses écoles, centres de soin et prisons pour un montant de 5 milliards de dollars… Reconnaissons donc que la conjoncture économique s’aggrave progressivement, un million de citoyens US ayant littéralement été boutés hors du marché du travail, seule raison pour laquelle la statistique officielle n’atteint aujourd’hui pas les records historiques! Saviez-vous qu’un chômeur Américain mettait en moyenne 35.2 semaines à retrouver du travail, ce chiffre étant ainsi le pire depuis la seconde guerre mondiale?
A présent que les effets (artificiels) des stimuli s’évaporent, on se croirait vraiment revenu … en 1932! Les déséquilibres ayant débouché sur la crise de 2007 et de 2008 ayant encore été exacerbés – sciemment cette fois! -, le temps n’est plus aux interrogations académiques ni au déni car nous sommes revenus en récession.
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Michel