L’Union Européenne: une coquille vide ?

mars 30, 2011 0 Par Michel Santi

L’augmentation du fonds européen de stabilité financière à 440 ou même à 500 milliards d’Euros n’y fera rien. Les tergiversations de nos technocrates européens seulement préoccupés à apaiser les marchés ne remédieront pas plus au profond malaise européen. Nos dirigeants ont en effet abdiqué tout contrôle politique de l’Union au profit d’une instance dont ils sont persuadés qu’elle réussira à réguler et à remettre de l’ordre dans la Maison Europe. Cette autorité – présentée comme incorruptible et infaillible – censée imposer les mécanismes de fonctionnement et de contrôle de notre Union Européenne serait ainsi les marchés financiers!

Ainsi, le rêve de Monnet et l’enthousiasme de nos pères se réduiraient aujourd’hui à la sélection darwinienne de marchés et d’investisseurs dont le rôle salutaire serait de faire chèrement payer les nations ayant fait preuve de légèreté financière et de gratifier de taux d’intérêts bas sur leurs emprunts les autres ayant démontré de la rigueur fiscale…

La solidarité européenne est aujourd’hui vide de sens. Un pays comme l’Allemagne qui se comporte certes de manière exemplaire se doit néanmoins de soutenir à fond une nation sinistrée comme l’Irlande. Que l’on ne s’y trompe pas car il ne s’agit pas là pour les Etats européens riches et disciplinés de porter assistance à ceux sinistrés et par la crise et du fait de leur mauvaise gestion. L’Union Européenne ne peut en effet se penser que comme un mariage pour le meilleur et pour le pire, faute de quoi assistance et solidarité sont assurées de susciter rancœurs, incompréhensions et non dits…

De nos jours, le peuple allemand s’identifie de moins en moins avec le projet européen. En fait, un sentiment anti européen semble même voir le jour au sein d’une frange de la population de ce pays qui ne comprend pas en vertu de quelle règle elle devrait aider financièrement un pays comme l’Irlande dont les citoyens ont un revenu plus élevé que le leur? Comment ne pas comprendre les allemands qui travaillent beaucoup et qui consomment assez peu et comment les blâmer de rechigner à voler au secours de nations ayant vécu de longues années très au-delà de leurs moyens?

Le citoyen allemand ne saurait en effet être pointé du doigt, les responsabilités étant entièrement imputables à nos responsables politiques d’hier et d’aujourd’hui. Car il devient jour après jour évident que l’Euro ne survivra pas sur le long terme tant que les problèmes cruciaux n’auront pas été solutionnés, en fait tant que la question fondamentale restera en suspens: L’union monétaire (assurait l’ancien Chancelier allemand Helmut Kohl) ne fonctionnera pas sans union politique…

Autrement dit, sans volonté politique forte et en l’absence de femmes et d’hommes prêts à prendre le risque de l’impopularité tout en faisant néanmoins preuve de ce leadership qui fait cruellement défaut à toute la classe dirigeante de l’Union, nul mécanisme ne sera mis en place afin de motiver – je n’ai pas employé le terme de “contraindre” – ses membres à emprunter la voie de l’orthodoxie financière.

En l’absence de dirigeants qui porteront – au sens physique du terme – le projet européen, la multitude de décisions Bruxelloises n’y changera strictement rien et, pire encore, elle continuera à royalement désintéresser le citoyen européen.

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