Les mentalités allemandes changeraient-elles?
Telle qu’elle est structurée, l’Union européenne avantage nettement les petits pays dans le cadre de la crise actuelle. Quoique moins importants dans le fonctionnement de la zone euro, les petits pays jouissant d’excédents – ou à tout le moins d’équilibre budgétaires – ne se privent néanmoins pas de faire la leçon à leurs alter ego dans la tourmente. Comme les garanties récemment exigées aux grecs par les finlandais. Ou les menaces autrichiennes d’éjecter de l’Union les mauvais élèves. A l’extrême, ces nations européennes privilégiées, mais de taille modeste, peuvent également décider de quitter l’Union, sans conséquences dramatiques pour cette dernière. Ce que l’Allemagne ne pourrait à l’évidence faire, sans effets dévastateurs pour l’Union certes, mais aussi pour elle-même. Cette hypothèse où certains petits pays aux comptes publics sains quitteraient l’euro est du reste tout à fait probable, si les tourmentes devaient s’amplifier, ou simplement se prolonger encore quelques mois. A tout le moins, ils pourraient menacer de façon crédible d’abandonner l’union monétaire, ce dont l’Allemagne est incapable…car nul ne la prendrait au sérieux, tant les conséquences globales seraient incalculables et catastrophiques. Comme la monnaie unique se retrouverait simultanément dissoute, nul ne peut ni ne veux assumer en Allemagne de tettes responsabilités induisant un chaos incontrôlable, y compris au sein même du pays. En effet, la valeur du deutschemark retrouvé flamberait en ravageant la compétitivité de ses entreprises, sachant que les 2 trillions d’euros dus à l’Allemagne par Target 2…ne vaudraient plus rien !
Mais interrompons là ce cauchemar absolument irréaliste car le temps joue incontestablement en faveur des pays européens périphériques et, en conséquence, contre l’Allemagne. Se rendant progressivement compte que le remède de l’austérité est pire que le mal des déficits publics, elle sera immanquablement amenée à revoir ses positions, comme ses exigences. Il y a fort à parier que des compromis seront trouvés – au fil de négociations marathons dont seule l’Europe a le secret – entre les tenants de la stricte orthodoxie budgétaire et les nations sinistrées et convaincues que la rigueur pour la rigueur conduira au désastre. L’Allemagne est aujourd’hui parfaitement consciente –elle l’a enfin compris ! – qu’elle ne pourra jamais modeler l’Union européenne à son image. Comme les dirigeants et politiciens allemands se sont rendus compte de leur échec à solutionner l’intense crise du continent par des mesures d’austérité totalement contre productives, et ravageuses pour l’image de leur pays. Ce glissement imperceptible d’un leadership allemand ayant admis les limites de sa vision est du reste tout à son honneur. Il dénote le pragmatisme de responsables comprenant progressivement que les seules mesures d’assèchement budgétaire ne contiendront nullement la crise.