Le rêve Européen se terminera en cauchemar ou, plus vraisemblablement, dans une indifférence généralisée…
La globalisation, on le sait, est à bien des égards responsable de nos déboires financiers. Pour autant, l’univers anglo-saxon n’est pas seul en cause pour avoir imposé cette vision du monde car l’intégration Européenne – en fait l’Union (monétaire) Européenne – a contribué de manière éloquente à l’intensification de cette globalisation. Cette Union – on le constate depuis la fin 2009 – n’est-elle en effet pas fondée sur le principe – on le sait aujourd’hui erroné – qui veut que, dans cette Europe et dans ce monde idéal, les stabilités financières et monétaires seraient la résultante quasi mécanique de règlements bien appliqués par les Etats et par les institutions importantes? L’ensemble des développements (de nature financière) de l’Europe dès Maastricht n’ont-ils pas été construits selon le postulat d’une gouvernance allégée au possible?
Et que constate-t-on depuis un peu plus d’une année ou, en d’autres termes, quels sont les défauts de cette cuirasse volontairement trouée de tous côtés afin de faciliter toutes les interactions? Que la globalisation financière à outrance combinée à un cadre institutionnel déficient exacerbent la vulnérabilité d’un ensemble (l’Union Européenne) dont une poignée d’idéalistes étaient persuadés qu’il fonctionnerait grâce au préalable de la responsabilité commune. C’était hélas compter sans l’appât du gain et sans les tendances démagogiques de l’écrasante majorité…
Pourtant, cette Europe dont on rêvait avait tout pour elle tout en bénéficiant d’atouts considérables garants de son indépendance et de sa pérennité. Cet ensemble n’est-il ainsi pas totalement autonome du point de vue fondamental des échanges commerciaux? Pour certains, il fallait toutefois parachever l’intégration financière de cette Union dans un contexte international en libérant et en stimulant à l’extrême les flux de capitaux. C’est ainsi qu’une Union autonome commercialement fut paradoxalement transformée en une zone totalement dépendante des investissements étrangers et, donc, des marchés financiers … sans mise en place concomitante de garde fous ni de régulateur commun! Ainsi, même à ce jour et après toutes les tourmentes de ces derniers mois, nul instrument collectif n’existe en vue de juguler – ou simplement de limiter les dégâts – de crises financières initiées à l’autre bout du monde.
Voilà donc une monnaie unique, l’Euro, sciemment modelée dans le but de faciliter les échanges et transactions transfrontaliers mais qui n’est néanmoins nullement concernée par le processus de décision politique de l’Union qui suit ses propres logique et dynamique… Voilà donc un Traité – celui de Maastricht – basé sur le principe voulant que ce soient les forces du marché qui parviendraient à imposer discipline et stabilité au sein des membres de l’Union mais qui n’a (toujours) pas prévu de mécanismes corrigeant les ajustements majeurs subis par des économies adoptant cette nouvelle devise. En fait, le Pacte de Stabilité et de Croissance supposé régir cette union monétaire se bornait à établir un cadre pour les endettements respectifs de chacun des membres, établissant implicitement une suspicion selon laquelle si défaillance il y aurait, elle proviendrait des Gouvernements et non des marchés! Du reste, comment respecter (au sens premier du terme) un Traité qui favorise la stabilité des prix et la lutte contre l’inflation au détriment de la promotion de la croissance, de la création d’emplois et de mesures sociales?
Ce rêve semble aujourd’hui de plus en plus voué à une mort prématurée car nul doute que des remèdes purement nationaux seront trouvés afin de régler les problématiques de chacune des nations Européennes en péril. Cette Union ressemble étrangement à l’antique étalon Or qui fonctionnait bien tant que tout le monde en respectait les règles mais qui a périclité dès lors qu’il fut abandonné par une seule nation…
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