
L’Amérique est déjà l’Europe
Les Républicains et leurs extrémistes du Tea Party peuvent se lancer dans des tirades enflammées à l’encontre de l’intervention de l’Etat et peuvent stigmatiser à volonté les Démocrates, soupçonnés de vouloir élargir le rôle du gouvernement fédéral dans la vie économique du pays… Les faits – incontestables – sont le reflet d’une tendance lourde aux Etats-Unis et, ce, quelle que soit la couleur de l’administration en place. En effet, alors que les dépenses publiques du gouvernement fédéral américain se montaient à 15% du P.I.B. national en 1938. Elles ont grimpé à 36% du P.I.B. US en 2010, sachant qu’elles ont connu une escalade de 27% depuis 2001, donc sous deux présidences Républicaine avec George W. Bush !
Similaires, en proportion, aux dépenses publiques d’une nation européenne comme l’Espagne, les déficits en plus puisque ceux des Etats-Unis dépassent 100% de son P.I.B. tandis que ce chiffre frôle les 70% en Espagne. Les idéologues Républicains et leur base n’ayant de cesse de qualifier les Démocrates et Obama de « socialistes » feraient donc mieux de revoir leur copie car les dépenses publiques de leur pays sont similaires à celles d’une nation qualifiée d’ »étatiste » comme le Canada. En fait, le gouvernement fédéral US est même comparable à…la Suède sur le plan de son implication dans la vie économique de son pays ! Les calculs du F.M.I. prévoient en outre que les dépenses publiques des Etats-Unis, à l’horizon 2016, seront 10% supérieures à celles du Canada, et même 25% plus élevées que la dépense publique canadienne, en y incluant les frais de l’assurance santé américaine.
Encore plus surprenant : les dépenses US comprenant les frais liés à la santé dépasseront de 46% leur équivalent suédois en 2016, ramenées au P.I.B. de chacun de ces deux pays. Pour autant, les points de comparaison entre les USA et la Suède ne s’arrêtent pas là. En effet, après ajustements relatifs à la progressivité de l’impôt et au mode de taxation entre ces deux pays, la F.M.I. parvient à la conclusion que leurs dépenses sociales sont du même ordre de grandeur.
Une autre étude menée par la « Heritage Foundation » avec le Wall Street Journal ayant par ailleurs classé les Etats-Unis à la 10 ème place, juste avant la Norvège ! – au niveau de la liberté économique, du taux de taxation, des dépenses publiques et, d’une manière générale, du rôle de l’Etat.
Quant à la comparaison avec la zone euro, le graphique ci-dessous nous indique très explicitement que l’ensemble des dépenses publiques US – au niveau fédéral, de chaque Etat et relatifs à la santé – sont très approximativement similaires à celles de l’Union Européenne.
(voir graphique ci-dessous)
En réalité, les programmes économiques des Présidents Obama et Hollande offrent des points communs troublants : augmentations d’impôts substantielles sur les plus aisés, mise en place de taxes financières et bancaires, création d’emplois dans le secteur éducatif (les fameux 60’000 emplois à créer dans l’éducation nationale française par rapport au « Jobs Act proposal » d’Obama)… Le candidat Hollande ayant même revendiqué ces similitudes de plate formes en citant explicitement Obama qui avait émis le vœu (dans son précédent discours sur l’état de l’Union) que « la secrétaire du milliardaire paie moins d’impôts que son patron ».
Autrement dit, que ce soit sur le plan de la progressivité de l’impôt, de la proportion – et de la propension – à la dépense publique ou du niveau de régulation, les Etats-Unis sont d’ores et déjà une social-démocratie. Quelque soit le nom de leur futur Président.
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