La mort des Bourses ?
S’il est indiscutable que la conjoncture économique (principalement aux Etats-Unis) s’est dégradée ces derniers mois, les fluctuations boursières, elles, sont quelque peu déconcertantes. En fait, les prévisions macro économiques très sombres – où l’on évoque le fameux “double dip” – de nombre d’analystes et d’observateurs sont relativement incompatibles avec une bourse qui, nonobstant sa volatilité, n’est que 10% en-dessous de ses niveaux les plus élevés enregistrés lors de ce cycle actuel… La raison fondamentale de cette résilience des bourses trouve son explication en des entreprises réalisant des profits assez remarquables en dépit de la faiblesse conjoncturelle. Car il va de soi que, hors évènement géopolitique dramatique ou autre faillite spectaculaire d’une institution financière voire d’un Etat, les bourses ne subiront nul krach majeur tant que les bénéfices des entreprises ne connaîtront pas d’effondrement… En réalité, la situation actuelle n’est en rien semblable au grand cycle baissier des années 2007 et 2008 marqué par des pans entiers de secteurs économiques qui voyaient successivement s’effondrer leurs revenus.
Cette divergence entre des perspectives marco économiques délétères et un monde de l’entreprise toujours optimiste reflétant une conviction – ou une espérance ? – auprès des investisseurs boursiers selon laquelle l’activité économique ne sera affectée que de manière transitoire par une conjoncture qui finira par se rétablir dans les mois à venir… Autrement dit, ces entreprises – financières ou pas – qui continuent à gagner de l’argent dans un contexte de grandes incertitudes économiques (et sociales) affichent très clairement ce que l’on soupçonnait, au moins de manière intuitive: A savoir que l’essentiel pour une société réside nettement moins en la fluctuation du P.I.B. de son pays qu’en l’évolution de ses propres bénéfices qui ne lui sont pas forcément corrélés! Le rapport entre les marges bénéficiaires des entreprises Américaines et le P.I.B. des Etats-Unis n’es-il pas aujourd’hui au plus haut depuis 40 ans? Pour autant, pourquoi ces mêmes sociétés – supposées accélérer dépenses et embauches dans un tel cycle d’activité favorable – se montrent-elles actuellement très réticentes à se lancer dans des politiques d’expansion? En fait, les PME comme les sociétés à fortes capitalisations – conscientes que leur croissance sera naturellement limitée par leurs investissements anémiques – réagissent de manière défensive et avec circonspection dans une conjoncture où leurs profits pourraient bien se révéler éphémères en cas de persistance de la morosité économique.
Néanmoins, la situation semble loin d’être aussi dramatique et désespérée qu’elle ne l’était en 2008 même si le sentiment négatif prévalant parmi les analystes, lui, ressemble à s’y méprendre à l’atmosphère noire de Mars 2009… Attitudes unilatérales révélatrices car le cycle haussier actuel des bourses avait précisément démarré au printemps 2009, le précédent cycle baissier étant né en plein sentiment de prospérité, c’est-à-dire en 2007! En outre, la période actuelle inspire méfiance car elle est profondément marquée par un engouement sans précédent en faveur des produits de taux au détriment des actifs boursiers. Période qui ne va pas sans me rappeler la couverture d’un “Business Week” de 1979 annonçant la mort des Bourses (“death of equities”) !
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