La dépense publique est-elle l’opium du peuple ?
Le Produit Intérieur Brut est devenu étroitement corrélé – voire confondu ! – avec la dépense publique car, dans notre contexte au keynésianisme compulsif, le P .I.B. semble évoluer en tandem avec les stimuli gouvernementaux. Dans cet univers où l’économie se contenterait de recycler l’argent imprimé par la banque centrale, le P .I.B. devrait également croître en permanence… pour notre plus grand bonheur.
La statistique du P.I.B. est une synthèse opérée entre la consommation privée, l’investissement brut, la dépense publique et la balance commerciale. Il va donc de soi que toute réduction d’une de ces composantes affecte négativement la lecture du chiffre final. Pour autant, on ne sait trop bien d’où nos Etats occidentaux seraient bien capables de pourvoir à encore plus de stimuli tant il est vrai que leurs finances sont au bord du précipice et ce au grand dam des Robins des bois de la finance qui voudraient que l’économie vive exclusivement aux crochets de l’Etat. Cessons donc de vivre dans ce monde monocolore et manichéen dans lequel quiconque serait opposé aux stimuli gouvernementaux serait aussi opposé à la croissance, monde dans lequel la croissance du P.I.B. serait la voie royale de la prospérité de nos nations… Les partisans de l’indicateur « P.I.B. » – c’est-à-dire la quasi totalité de l’humanité ! – semblent en effet négliger ou ignorer que cette statistique – autrement dit la croissance du P.I.B. – est une (et n’est qu’une) mesure de la dépense ! La jauge de la santé économique d’un pays se résumerait donc à une quantification et à une énumération des diverses dépenses ?
On comprend mieux dès lors le fétichisme des économistes et des politiques qui ne jurent que par ce chiffre et pour cause puisque, à l’instar des empereurs romains soucieux de donner à leur populace du pain et des jeux, nos élites nous anesthésient avec de la dépense publique… Impossible en effet, dans ce climat d’intoxication généralisée, de considérer ou de mesurer la prospérité autrement que sous l’angle du P.I.B., c’est-à-dire de la dépense ! Selon ces critères, comme la fièvre dépensière serait génératrice de richesses, il est bien-sûr très difficile de réduire la dépense publique car l’impact sur le P.I.B. en serait à l’évidence catastrophique. Que l’Etat s’endette encore et toujours afin d’éviter la rigueur car – en effet – tant que le P.I.B. continue de croître – et peu importe comment il le fait – eh bien nous aurons toujours cette illusion de richesse et de prospérité. Comme nous nous endettons pour sur consommer – confortés moralement par des P.I.B. en progression -, il va de soi que toute sobriété qui perturberait malencontreusement cette ivresse serait à honnir.
Une indispensable prise de conscience s’impose donc mais elle ne se fera pas sans que les économistes expliquent pourquoi l’indicateur « P.I.B. » n’est aujourd’hui plus approprié. On a bien compris pourquoi la classe politique, soucieuse de montrer sa générosité à son électorat, met ostensiblement en avant cette jauge basée comme on l’a vu exclusivement sur la dépense… Il faudrait néanmoins être cynique – ou au mieux autiste – pour noter nos économies hyper endettées avec un thermomètre qui ne prendrait pas ces mêmes dettes en considération. A quoi sert-il de croître indéfiniment en sachant que l’on manque cruellement d’un ingrédient majeur, à savoir la qualité ?
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