En attendant l’esprit européen

février 10, 2012 0 Par Michel Santi

En dépit des récentes démonstrations d’amitié et de soutien entre les chefs d’Etat français et allemand ponctuées d’interventions médiatiques inédites, l’Axe Paris-Berlin n’existe plus. La synergie entre les deux plus importantes économies de l’Union (représentant à elles seules plus de 50% du P.I.B. de l’Union) aurait pourtant été précieuse pour faire avancer les dossiers délicats mais voilà : depuis la perte du AAA français, le G 2 européen s’est réduit en un G 1, plus précisément en un « one woman show ». Car désormais toutes les décisions cruciales européennes se prennent à Berlin et avec la bénédiction de Berlin.

 

Cette prospérité européenne censée émaner de l’avènement de l’Euro ne fut en réalité qu’un leurre. Et pour cause : le défaut de conception de la monnaie unique s’articulait autour d’un  gouvernement économique fantôme, d’un budget commun inexistant et d’une absence de coordination fiscale et budgétaire. Pour autant, cet état des lieux européen truffé de déficiences indique clairement la voie à suivre pour remettre le projet sur les rails sachant que la mise en place d’institutions communes devra impérativement se doubler d’un élan et d’un esprit de solidarité poussant à redistribuer les excédents. Pas de budget fédéral européen car chaque Etat membre dispose aujourd’hui du sien propre tout en mettant à disposition de l’Union une faible partie de ses ressources. Comment comprendre que dans un contexte de crise financière sans précédent le budget global de l’Union Européenne n’ait représenté en 2011 que 1.23% (en moyenne) des revenus bruts de chacune des 27 nations membres ? Et l’austérité – comme l’instauration de la règle d’or – réduiront davantage les marges de manœuvre des pays les plus fragilisés. En effet, loin de leur prodiguer sa générosité et de leur insuffler une partie de la croissance dont bénéficient certains de ses membres privilégiés, l’Union achève de les étouffer avec la rigueur et avec les politiques déflationnistes qu’elle leur dicte. Car cette règle d’or comme cette discipline budgétaire extrême qui leur sont imposées produiront des effets diamétralement opposés en l’absence de mécanismes et d’institutions fédérales à même de redistribuer pour soulager.

 

De telles institutions et une telle intensification de la solidarité européenne ne verront pourtant le jour que sous l’impulsion de leaders politiques courageux et clairvoyants. Depuis Septembre 2008 – date de la faillite de Lehman Brothers- la montagne européenne a ainsi accouché de 23 sommets pour ne démontrer qu’une cruelle absence d’efficience et qu’un chacun pour soi honteux. Les européens mériteraient pourtant moins de paroles et plus d’actes.

Chers lecteurs,

Voilà plus de 15 ans que je tiens ce blog avec assiduité et passion.
Vous avez apprécié au fil des années mes analyses et mes prises de position souvent avant-gardistes, parfois provocatrices, toujours sincères.
Nous formons une communauté qui a souvent eu raison trop tôt, qui peut néanmoins se targuer d'avoir souvent eu raison tout court.
Comme vous le savez, ce travail a - et continuera - de rester bénévole, accessible à toutes et à tous.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient me faire un don, ponctuel ou récurrent, je mets néanmoins à disposition cette plateforme de paiement.
J'apprécierais énormément vos contributions pécuniaires et je tiens à remercier d'ores et déjà et de tout cœur toutes celles et tous ceux qui se décideront à franchir le pas de me faire une donation que j'aime à qualifier d'«intellectuelle».

Bien sincèrement,

Michel