
Cécité Européenne
Voilà, la notation Irlandaise vient d’être – à nouveau – rabaissée et ce alors que ce petit pays embarqué depuis deux ans dans une austérité sans précédent a subi une contraction totale de son P.I.B. de plus de 11% sur cette période! Quant à l’économie grecque, elle a perdu 7 points de P.I.B. en cinq trimestres, c’est-à-dire entre le quatrième trimestre 2009 et le dernier de 2010. Par quel tour de force ces deux nations pourraient-elles réduire davantage leurs déficits alors même que leur économie décroît? La seule option – en réalité – reste le défaut…
Est-il décent d’acculer ces pays à s’acquitter de taux d’intérêts entre 4 et 6% sur des subsides (accordées par l’Union Européenne et par le F.M.I.) qui totalisent respectivement 110 et 80 milliards d’Euros pour la Grèce et l’Irlande? Le Portugal – qui, lui, aura droit à 90 milliards – se retrouve dans une situation d’autant moins enviable que la BCE a jugé opportun d’entamer un nouveau cycle de hausse de ses taux d’intérêts. Le Portgual ira donc droit vers le défaut de paiement.
Qu’à cela ne tienne: les technocrates Bruxellois certifient que l’Espagne ne demandera aucune aide. Déclamations qui semblent pourtant très familières car tout le monde a encore en mémoire leurs assurances datant de moins d’une année selon lesquelles le Portugal s’en tirera correctement et par ses propres moyens. Toujours est-il que l’Espagne – dont le chômage est plus élevé et dont la croissance est plus faible qu’au Portugal -, cette Espagne aux caisses d’épargne régionales terriblement fragilisées à cause de l’implosion de sa bulle immobilière sera victime cette année – à n’en point douter – des marchés obligataires et des agences de notation.
Le sauvetage de ce pays nécessitera un minimum de 400 milliards d’Euros auxquels devront s’ajouter 85 milliards d’engagements de son système bancaire se devant d’être reconduits cette année (selon Bloomberg). Avec un Fonds de Stabilité Financière Européen riche de 440 milliards d’Euros, une garantie de la part de Bruxelles de 60 milliards et 250 milliards résiduels fournis par le F.M.I., c’est un total de 750 milliards d’Euros qui est à disposition des nations Européennes sinistrées.
La chute de l’Espagne combinée à celles de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal épuisera donc l’ensemble des ressources disponibles et les marchés pourront dès lors se déchaîner contre l’Italie ou la Belgique! Cet exercice consistant, pour les dirigeants de l’Union, a imposer la rigueur en espérant gagner du temps trouve ainsi aujourd’hui ses limites. L’Europe se retrouve acculée dans ses derniers retrenchements car les marchés ne pourront éternellement imposer des taux encore et toujours plus élevés en guise de rémunération de leur risque.
Ils ne sont pas dupes des artifices des responsables Européens: Il ne sert en effet à rien de prêter à un pays – même à des taux rédhibitoires – si la foi en ce pays, si le sérieux de cette Union, sont à l’agonie. La contagion généralisée menace. Elle est aujourd’hui plus imminente que jamais – non parce que la charge de financement des dettes souveraines augmente – mais tout simplement parce que l’ensemble des intervenants se rend compte que cette austérité ne fonctionnera pas.
Ces populations Européennes souffrent en vain. La croissance Européenne restera insignifiante. L’Allemagne sera la seule à tirer son épingle du jeu. Les disparités Européennes sont trop flagrantes. Et les cultures et niveaux économiques de nos dirigeants trop déficients.
Chers lecteurs,
Voilà plus de 15 ans que je tiens ce blog avec assiduité et passion. Vous avez apprécié au fil des années mes analyses et mes prises de position souvent avant-gardistes, parfois provocatrices, toujours sincères. Nous formons une communauté qui a souvent eu raison trop tôt, qui peut néanmoins se targuer d'avoir souvent eu raison tout court. Comme vous le savez, ce travail a - et continuera - de rester bénévole, accessible à toutes et à tous. Pour celles et ceux qui souhaiteraient me faire un don, ponctuel ou récurrent, je mets néanmoins à disposition cette plateforme de paiement. J'apprécierais énormément vos contributions pécuniaires et je tiens à remercier d'ores et déjà et de tout cœur toutes celles et tous ceux qui se décideront à franchir le pas de me faire une donation que j'aime à qualifier d'«intellectuelle».
Bien sincèrement,
Michel