Beaucoup de bruit pour rien ?
Les analystes sérieux n’anticipent pas vraiment que les Etats-Unis suspendent le règlement de leurs dettes ou de leurs intérêts, raison pour laquelle nous n’assistons pas à un violent décrochage des marchés, comme on aurait pu le prévoir… Néanmoins, et sauf miracle qui n’aura certainement pas lieu, la santé financière US ne se redressera pas prochainement et il y a fort à parier que ce pays perdra son AAA dans les semaines à venir. Et si, contrairement à toute attente, l’impact de cette dégradation sur les marchés financiers restait assez contenu ?
De fait, il semblerait que les marchés aient en réalité d’ores et déjà escompté cette baisse de notation sachant que, par ailleurs, l’histoire permet de relativiser quelque peu la panique et la catastrophe annoncées… C’est ainsi que les conséquences de la dégradation -trois fois de suite- de la notation japonaise entre 2001 et 2002 ne s’est nullement traduite en cataclysme ou en envolée des coûts de financement de l’Etat nippon mais plutôt en un tassement progressif de ces frais de financement de la dette publique de ce pays. Les taux japonais à 10 ans ont effectivement baissé de l’ordre de 25 points de base dans les jours ayant suivi la perte de son AAA en Février 2001 sachant que ces même rendements des Bons du Trésor nippons à 10 ans n’ont pas bronché suite à la dégradation de la notation du pays de AA+ à AA en Novembre de la même année… En outre, voilà que plus de dix ans après la perte de son AAA par le Japon, ses taux sont toujours autour de 1% et sa devise est aujourd’hui … à ses plus hauts niveaux historiques ! Du reste, le Canada et l’Australie n’ont-ils pas perdu sans états d’âme leur AAA pour le récupérer après quelques années d’assainissement financier ?
Si elle inaugurera certainement une période de trouble et d’incertitude, la rétrogradation de la notation américaine ne se traduira donc pas nécessairement par un renchérissement du loyer de l’argent dans ce pays. Bien-sûr, les Etats-Unis ne sont pas le Japon mais il me semble que, une fois le choc passé, les autorités de ce pays, et avec eux les marchés, devront se préoccuper de combattre sur un autre front, celui de l’inflation.
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Michel