Après la convergence, accueillez la divergence Européenne !
Le marché du crédit Européen reprend des couleurs et prospère même à nouveau puisque les crédits immobiliers y ont récemment connu leur plus forte expansion en deux ans! En effet, selon les chiffres de la BCE, les prêts hypothécaires ont progressé de 3.4% en Juin (base annualisée) – au mieux depuis Septembre 2008 – traduisant ainsi une générosité accrue des établissements de crédit coïncidant avec un regain de confiance des consommateurs, des acquéreurs de biens immobiliers et du secteur privé en général… Pour autant, une analyse de cette statistique encourageante révèle une situation Européenne complexe où certaines nations se débattent dans une conjoncture de taux d’intérêts uniques loin d’être idéale pour tous les membres de l’Union.
C’est ainsi que deux pays Européens, pourtant limitrophes, se situent aux antipodes du point de vue de cette statistique des prêts hypothécaires puisque, alors que ces crédits ont augmenté de 5.3% en France – soit nettement mieux que la moyenne Européenne! -, cette activité hypothécaire démontre une conjoncture stagnante en Espagne où elle atteint péniblement 0.9%! Idem pour les crédits accordés aux ménages qui ont progressé de 4.4% sur Juin en France et de seulement 0.5% en Espagne sur cette même période. La crise du crédit Espagnole et son lot de souffrance suite à la dégradation de sa notation internationale combinée à une certaine fragilité de son système bancaire ne suffisent pas à expliquer ce décalage notoire entre une activité qui redémarre de manière convaincante en France et une stagnation quasi déflationniste en Espagne. En fait, la clé réside dans un phénomène qui, dans le cadre de toute reprise économique, revêt une importance considérable car, tandis que les ménages espagnols sont très lourdement endettés, leurs alter ego français, eux, ont encore une capacité non négligeable de contracter des dettes pour consommer et ainsi relancer la machine. L’endettement privé espagnol est en effet de l’ordre de 90% du P.I.B. ou environ 900 milliards d’Euros alors que cette proportion atteint tout juste 50% du P.I.B. en France, soit 1’000 milliards d’Euros… Cette situation pour le moins divergente où l’Espagne n’est plus en mesure d’actionner le précieux levier de l’endettement reflète des choix Cornéliens à venir pour la BCE tout en prouvant une fois de plus les limites de cette politique Européenne du taux d’intérêt unique.
Car la BCE est aujourd’hui tiraillée entre son devoir de remonter progressivement ses taux afin d’empêcher une flambée spéculative du marché immobilier français et une obligation morale de maintenir sa politique monétaire à un statut quo qui éviterait des défauts de paiement espagnols en masse car 90% des prêts hypothécaires de ce pays sont à taux variables et donc de ce fait extrêmement sensibles à toute fluctuation des taux directeurs! Faute de remonter les taux afin d’éviter une nouvelle crise des subprimes qui serait espagnole cette fois, M. Trichet n’a donc d’autre choix que de les maintenir aux niveaux actuels et ce en dépit d’un phénomène sans précédent en France qui vit aujourd’hui dans un environnement de taux réels négatifs !
En effet, le taux d’inflation prévalant en France étant supérieur depuis au moins six mois à l’inflation moyenne de l’Union, ces taux réels négatifs résultants y alimentent ainsi une fièvre immobilière en inadéquation avec la récession subie par le Contient… L’économie française (et allemande) émet certes des signaux positifs de reprise mais cette fièvre immobilière – qui a un je-ne-sais-quoi d’artificiel – représente un vrai casse-tête pour les brillants cerveaux qui dirigent la BCE.
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