
Défaillances allemandes
Comment faire encore confiance à la gouvernance allemande quand ses réglementations et systèmes de surveillance sont si déficients ? Celle qui fut la «fintech» la plus en vue de ces dernières années – Wirecard AG – a implosé ces derniers jours car c’est environ 2 milliards de dollars censés figurer à son bilan qui, en fait, n’existaient. Ont-ils jamais existé ? En l’espace de quelques jours seulement, Wirecard a ainsi subi une déchéance accélérée, se transformant d’entreprise visionnaire symbole d’une Allemagne aux avant-gardes en montage frauduleux éclaboussant à son passage et le régulateur et son auditeur qui avait ignoré les signaux avant-coureurs et qui n’avait même plus (semble t il) révisé ses comptes depuis 3 ans. La BAFIN, «Bundesanstalt fuer Finanzdienstleistungsaufsicht«, organisation de surveillance étatique allemande de l’industrie a beau qualifier cette déroute de «désastre total», elle fut assez rapidement nuancée par le Ministre des Finances en personne qui assura que les régulateurs accomplissaient un «travail très dur et avaient fait le job».
Scandales à la chaîne
Ce qui aurait été recevable et admissible si Bayer ne venait pas de régler à coup de 12 milliards de dollars son contentieux avec le système judiciaire américain. Après Volkswagen qui avait dû payer 30 milliards. Après Siemens, qualifiée de «gang criminel» s’étant acquittée de près de 2 milliards en 2008 pour des accusations d’escroquerie. Si une autre entreprise – Cum-Ex- n’était aujourd’hui sur le devant de la scène pour un des plus grands scandales financiers du pays mêlant fraude fiscale à des stratégies de trading opaques. Doit-on évoquer enfin le cas de Deutsche Bank enlisée dans nombre d’affaires, dont certaines très politiques et sensibles où se retrouve le nom et les intérêts de Donald Trump ?
Urgence absolue
Je pose donc à nouveau la question : Comment faire encore confiance à la gouvernance allemande quand autant de pratiques contestables et condamnables au fil de ces années n’ont pas abouti à une intensification quantitative et qualitative de la surveillance et de la réglementation? Et aussi quand ces affaires furent quasiment toutes révélées par des juridictions et instances non allemandes ? Le schéma fut en effet quasiment identique à chaque fois car c’est l’Etat allemand qui dut réagir, enquêter et apporter des réponses à des dossiers ayant échappé à son contrôle, et même à sa connaissance. Ce pays donc doit mener aujourd’hui et dans l’urgence une réflexion profonde, l’image des entreprises allemandes – toutes tailles et spécialisations confondues – risquant d’être ternies pour les années à venir.
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Bien sincèrement,
Michel
Eh oui, cher Michel, encore une déficience de plus à porter au bilan du patient allemand. Le Roi est nu !
Durant plus de dix ans d’évolution à contre courant, lors des querelles intestines frappant dangereusement l’Euroland, certains d’entre-nous, les hétérodoxes, ont vainement posé l’anamnèse du patient Allemand tandis que les aficionados de la pensée dominante préconisaient les saignées à ses voisins, sans même osculter le patient allemand sous ses propres coutures, ou à tout le moins, l’observer dans le blanc de l’oeil, à l’instar des pratiques thérapeutiques d’antan. Pourtant, bien que le malade ne cessa de se draper sous l’étiquette du « miracle économique » – ai-je dis mirage? – évitant soigneusement d’avouer ses nombreuses déficiences structurelles, les économistes « mainstream » se sont enferrés sans surprise dans un authentique « syndrome des habits de l’empereur », pour emprunter cette formulation à Frank Gross qui, lors d’un article publié en 1971 dans le New England Journal of Medecine, concernant « cette maladie » en référence au conte d’Andersen, décrivit comment un diagnostic erroné peut être confirmé par plusieurs médecins par « contamination » du diagnostic précédent.
Dix ans d’orthodoxie à la teutonne (ordolibérale) déversée dans le plat de l’Euroland pour en arriver encore là – en 2020 – concernant l’endettement pharamineux des entreprises: “Pour chaque dollar levé sur le marché obligataire, un autre est emprunté aux banques”, note le gérant d’actifs Janus Henderson dans une nouvelle étude. A la première place peu enviable de ce classement des entreprises les plus endettées au monde figure l’Allemand Volkswagen qui cumule une dette nette de 192 milliards de dollars. Six ans après l’étude de William Lazonick (2014 – Harvard Review / “Profit sans Prospérité”), une certaine frange semble soudainement réaliser que la théorie du ruissellement dans l’économie réelle (Trickle down theory) fût un leurre cette dernière décennie emprunte d’austérité et d’absence de levier budgétaire (en Euroland) comme outil de transmission aux politiques monétaires non conventionnelles. Un peu de sérieux car suffit-il déjà d’observer un tant soi peu les torrents de rachats d’actions propres réalisés depuis 2010, ainsi que l’escalade vertigineuse des principaux indices boursiers (et du versement des dividendes) pour comprendre ce phénomène qui n’a rien de nouveau. D’ailleurs, notre hôte, Michel Santi, y a consacré suffisamment de chroniques en son temps. En effet, en 2020, et à la lueur secondaire du Cygne noir “Covid-19”, il n’est plus nécessaire de franchir un autre pas pour affirmer qu’il s’est produit – cette dernière décennie – un authentique transfert des richesses (du bas vers le haut) en direction des tenants du grand Capital (l’économie de marché) et, ce, au détriment de l’économie réelle.
[…] sa récente publication qui pour titre: « Défaillances allemandes », Michel Santi, un expert des questions […]
C’est voulu monsieur Santi,
” le dernier verrou qui doit sauter est la nation “. Edmond de Rothschild.
Le chao engendré par le covid19 est en train de disqualifier les politiques nationales.
Les réponses à nos problèmes doivent êtres au niveau continentale.
Les politiques anarchistes écologistes ne sont que des rouges déguisés qui nous prépare à avaler la casse sociale inévitable sous couvert du respect de l’environnement.
Ce que vous prenez pour un disfonctionnement est organisé pour passer à un ordre nouveau, un socialisme révolutionnaire planétaire. La république socialiste universelle gèrera des blocs continentaux monsieur Santi.
Derrière la dictature verte se cache les disciples de Lénine qui font avancer le monde dans l’ ordo ab chao.
Et, si ces milliards de dollars avaient bel et bien existé ?
Et si le montage frauduleux avait servi à camoufler de l’argent destiné à renflouer la Deutsche Bank qui ne va toujours pas mieux que la Société Générale en France ? Pas de nouveau Kerviel en France, et une Grèce bradée pour pas grand chose (sauf pour les grecs).
Cela permet de comprendre les paroles nuancées du Ministre des Finances.
Il faut surveiller pour savoir s’il y a des dépôts de plainte. Si oui, milliards il y avait.
[…] sa récente publication qui pour titre: « Défaillances allemandes », Michel Santi, un expert des […]