Crise Financière: Episode combien… ?

février 13, 2010 0 Par Michel Santi

Etrange semaine de négociations – disons plutôt de tergiversations – Européennes à propos du prétendu sauvetage de la Grèce. Au final, la montagne accouchant tout au plus d’une souris et les pays riches du Nord comme l’Allemagne et les Pays-Bas refusant de se saigner pour ceux du Club Med, il semblerait que les 27 Chefs d’Etat et de Gouvernement n’aient abordé que la problématique du respect par la Grèce de ses obligations Européennes… Comment ce pays parviendra-t-il à lever 30 nouveaux milliards d’Euros indispensables à sa survie ces trois prochains mois? Nul ne le sait.

Toujours est-il que le risque systémique est aujourd’hui similaire à celui de l’époque cauchemardesque de la chute de Lehman avec une Union Européenne qui devra se porter au chevet de l’intégralité de son système bancaire si elle ne soulageait pas rapidement la Grèce! L’exposition des Banques françaises à la Grèce étant en effet de l’ordre 76 milliards d’Euros tandis que celles de l’Allemagne et de la Suisse y sont engagées respectivement à hauteur de 43 et de 64 milliards d’Euros… En fait et à elles seules, la France et l’Allemagne ont une exposition combinées de l’ordre de 909 milliards d’Euros aux nations du PIGS -Portugal, Italie, Grèce et Espagne (selon la B.R.I.), sachant que l’ensemble des Banques Européennes, elles, risquent 2’100 milliards sur les PIGS, dont 253 milliards sur la seule Grèce!

Effectivement, l’enchevêtrement des relations économiques et financières intra Européennes est à un niveau d’intégration tel que certaines nations ne sont vulnérables que par le biais des relations contractuelles de certaines de leurs entreprises avec certains pays dans l’oeil du cyclone. Pire encore: certains pays dans la tourmente subissent une exacerbation de leur vulnérabilité du fait de leurs liens étroits avec d’autres nations en faillite virtuelle: l’exposition des Banques Portugaises envers l’Espagne et envers l’Irlande n’est-elle ainsi pas équivalente à 19% du P.I.B. Portugais?

Pourtant, sauvetage de la Grèce ou pas, l’Europe semble devoir effectuer une longue traversée du désert. Un renflouement de la Grèce précèderait une lente liquéfaction de règles Européennes de convergence qui auraient dès lors de moins en moins de crédibilité avec à la clé certains pays qui n’auraient plus aucune raison de limiter leurs dépenses ou de résorber leurs déficits. Une banqueroute grecque focaliserait quant à elle les attentions – ainsi que l’appétit vorace du marché – sur la prochaine victime, en l’occurrence le Portugal!

Pour autant, le sauvetage de la Grèce aurait sensiblement les mêmes conséquences que le renflouement de Bear Stearns, à savoir la disparition du “moral hazard”, cette sanction qui pèse en permanence sur tout intervenant économique: Quelle enseignement a-t-on tiré de la crise si les comportements à risque et peu rigoureux ne se traduisent en effet pas par une disparition économique?

Nos Etats ayant allègrement et le coeur léger intégré les actifs toxiques du secteur bancaire au sein des comptes publics via l’argent du contribuable. Dès lors, quel sens y a-t-il à être sévère avec le système financier accusé de manquer de discipline si même des Etats appartenant à l’Union Européenne ne se montrent pas capables d’auto régulation?