Une BCE sous influence

avril 13, 2009 0 Par Michel Santi

La Banque Centrale Européenne se rend-elle seulement compte de la déroute des industries Européennes dont l’activité fond comme une peau de chagrin? Ignorant un secteur qui régresse de 24% en Espagne, de 23% en Allemagne, de 21% en Italie et de 14% en France, la BCE saborde l’activité économique de ces pays en négligeant les dangers bien réels d’une déflation qui la laisse relativement indifférente car pas (encore) complètement reflétée à travers les diverses statistiques économiques!

L’Espagne, qui compte 3’500’000 chômeurs – soit 15.5% de sa population active -, sombre déjà dans la déflation. Quant à la France, elle se débat désespérément du fait de la doctrine de l’Euro fort imposée par la BCE et dans un environnement o๠son secteur industriel est à l’agonie, le dernier épisode en date ou l’humiliation ultime étant le camouflet infligé en Lorraine par Arcelor Mittal…

Les préoccupations de la BCE semblent toutes orientées vers l’objectif de maintenir une inflation basse en Allemagne en dépit du risque majeur d’implosion déflationniste des pays du Sud et de l’Est Européen. L’Allemagne devra pourtant se résigner à tolérer une inflation comprise entre 4 et 6% afin d’éviter à certaines nations Européennes d’une part de crouler sous le poids de leurs dettes et d’autre part de procéder à des réductions salariales afin de gagner en compétitivité. Mais la BCE et les autorités Allemandes sont-elles disposées à faire preuve de réalisme et de solidarité alors même que des pays dits “du Nord” s’enfoncent également dans le marasme?

Avec un P.I.B. qui s’est effondré de 7.1% au dernier trimestre de 2008 et un déficit budgétaire prévisible de l’ordre de 17% de son P.I.B. pour 2009, l’Irlande souffre en effet cruellement de la crise dans un contexte gravissime o๠les prix baissent de 4% : Signe incontestable de l’installation d’une spirale déflationniste dans ce pays qui subit un des chocs économiques les plus rudes au monde depuis les années 30! Augmentation des taux d’intérêts réels afin d’attirer les capitaux en fuite et faillites de débiteurs n’étant plus capables d’assumer l’augmentation des coà»ts du crédit sont les conséquences terribles de la combinaison diabolique de deux fléaux – la déflation et la dette qui, en se combinant, condamnent irrémédiablement une économie. Authentique cas d’école rarement rencontré dans le monde réel et magistralement expliqué par Fischer.

Pourtant, ces pays comme l’Irlande et comme l’Espagne avaient déjà été une première fois, au début de cette décennie, trahis par la BCE qui, en violation de ses ratios sur la Masse Monétaire, avait maintenu à 2 % ses taux jusqu’à la fin de l’année 2005 afin de venir en aide à l’Allemagne qui traversait alors une mauvaise période. Sacrifiés l’Irlande, l’Espagne et d’autres pays du ” Club Med ” qui devaient gérer comme ils le pouvaient une bulle nationale qui avait porté, par exemple, le secteur de la construction Irlandaise à gonfler jusqu’à atteindre 21% du P.I.B. du pays ! Pendant ce temps, ce chiffre n’était que de moitié aux Etats-Unis, atteints comme on le sait par la frénésie immobilière.

La Banque Centrale Européenne est la seule Banque Centrale du monde développé à n’avoir pas encore atteint le stade des baisses de taux quantitatives, stade vital si son intention est d’éviter à certains pays Européens l’humiliation de la faillite en bonne et due forme. La tâche de la BCE n’est certes pas de définir sa politique monétaire en fonction de la seule Irlande mais son devoir absolu est de sauvegarder les intérêts de l’ensemble des pays Européens et non d’une seule nation, aussi puissante fà»t-elle.

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