Nouveau plan de relance en Allemagne

janvier 18, 2009 0 Par Michel Santi

Le stimulus fiscal et économique dévoilé par l’Allemagne le 12 Janvier dernier se montera donc à 50 milliards d’Euros, soit 1.8% de son P.I.B., et comprendra tout à la fois réductions d’impôts et dépenses Gouvernementales vers les infrastructures du pays. De plus, un fonds spécial de 100 milliards d’Euros est alloué afin de cautionner des entreprises ne parvenant plus à obtenir des crédits bancaires et afin de soutenir la consommation intérieure d’autos.

Ayant vu son économie décimée après la Seconde Guerre Mondiale ( tout comme le Japon ), l’Allemagne a axé sa croissance sur ses exportations, ce secteur y occupant ainsi une proportion inégalée parmi les autres grands pays Européens puisque le P.I.B. Allemand dépend pour 45% de ses exportations! Particulièrement sensibles étant les exportations d’automobiles et de machines-outils pour l’industrie lourde qui comptent pour respectivement 19% et 15% des exportations Allemandes. Cette dépendance aux exportations couplée à une consommation domestique habituellement anémique expliquent pourquoi ces stimuli fiscaux et économiques sont moins efficaces en Allemagne et montrent sous un autre jour les hésitations des autorités Allemandes à participer à grande envergure aux divers stimuli Européens.

Ainsi, seul un tiers du plan de relance de 31 milliards d’Euros adopté en Octobre dernier comprenait en réalité de nouvelles dépenses Gouvernementales. De plus, le fonds de garantie et les diverses injections de liquidités en faveur des banques ayant totalisé 500 milliards d’Euros mis en place à l’époque ne représentaient que 17% du P.I.B. du pays, chiffre à mettre en parallèle aux plans Hollandais de 35% du P.I.B., Autrichien de 31%, Belge de 72%, Suédois de 47%, Irlandais de 220% et Danois illimité…

En réalité, la réticence Allemande aux dépenses intérieures importantes est également motivée par les efforts entrepris par la Chancelière Merkel pour réduire les déficits nationaux, le déficit budgétaire ayant du reste été réduit de 3.7% du P.I.B. en 2005 à 1.7% en 2006, l’année 2007 ayant connu l’équilibre budgétaire. Dans ce contexte, on comprend pourquoi la solidarité du Gouvernement Allemand vis-à -vis des autres pays Européens a tardé à se matérialiser même s’ils se rendaient parfaitement compte qu’elle visait également à relancer des pays qui, à leur tour, importeraient des produits Allemands…

L’économie Allemande, qui est donc étroitement dépendante de ses exportations intra-Européennes, souffre à l’évidence de la baisse de régime des économies Européennes, le P.I.B. Européen s’étant contracté de 0.2% aux second et au troisième trimestre 2008, les chiffres du troisième devant s’avérer pire encore. Les exportations Allemandes se sont ainsi effondrées de plus de 10% en Novembre 2008 par rapport aux mois de Novembre 2006 et 2007, l’excédent commercial du pays ayant été divisé par deux en moins d’une année! Ce dernier stimulus Allemand tente donc de compenser la baisse substantielle des exportations Allemandes par une relance de la consommation intérieure et ce dans une conjoncture o๠ces exportations devraient encore se tasser du fait de la récession Européenne en 2009!

Ce stimulus dévoilé il y a quelques jours est par ailleurs fortement marqué d’une connotation de politique intérieure du fait des élections générales Allemandes de Septembre prochain et d’une popularité en baisse pour Merkel taxée d’immobilisme et d’indécision par ses adversaires politiques mais également – et surtout – par un monde syndical mécontent de la baisse du pouvoir d’achat. Ce stimulus est en fait une bouée de sauvetage qui, dans le cadre de la prochaine campagne électorale, donnera des arguments à Mme Merkel vis-à -vis de ses détracteurs.

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