McCain/Obama : quel programme économique?

octobre 28, 2008 0 Par Michel Santi

John McCain est certes un franc tireur au sein du Parti Républicain, Barack Obama le Démocrate plaide certes pour sa part pour une entente bi partisane, ces postures ne sont pourtant en rien reflétées dans le programme économique de chacun de ces deux candidats, programmes qui obéissent à la lettre et à l’esprit traditionnellement défendus par chacun des deux partis. L’absence de tout élément innovant et de toute proposition économique ou financière rafraà®chissante tant chez McCain que chez Obama nous conduit donc à étudier les performances respectives de chaque parti, une fois parvenu au pouvoir, afin de tenter de prévoir à quoi pourrait ressembler la Présidence McCain ou celle d’Obama dans le domaine économique.

De fait, McCain a annoncé il y a peu un plan de 52.5 milliards de dollars consistant notamment en 36 milliards de réductions d’impôts envers les contribuables retirant des avoirs de leurs fonds de pension et en 10 milliards d’abattements sur les gains en capitaux. Ces avantages fiscaux favorisant clairement les investisseurs – donc les contribuables disposant d’un certain niveau de fortune – McCain pousse sa logique encore plus loin et annonce que, parvenu à la Présidence, il mettra en place un plan d’allègement fiscal des entreprises tout en poursuivant la politique de réduction d’impôts massive de Bush, y compris vis-à -vis des contribuables dont le revenu annuel est supérieur à 250’000 dollars…

De fait, ces propositions émises par McCain ne sont que le strict reflet de l’obédience Républicaine classique qui cherche à promouvoir la consommation et l’investissement par le biais d’allègements fiscaux envers les plus fortunés et les entreprises. Fidèle en cela à une politique pratiquée à grande échelle sous Reagan, McCain espère ainsi – selon ses propres dires – créer des millions d’emplois même s’il y sous les yeux le contre exemple flagrant de la Présidence de George W. Bush qui a vu le chômage se creuser de manière significative en dépit d’une politique fiscale ouvertement orientée en faveur des plus fortunés!

Il est incontestable que, ces soixante dernières années, baisse du chômage et croissance solide ont principalement été l’apanage des régimes Démocrates. Vingt-deux millions d’emplois ont ainsi été crées sous Clinton, ce même Clinton qui avait au contraire alourdi la charge fiscale des personnes les plus aisées et qui avait accordé des crédits d’impôts aux pauvres…Depuis le milieu des années 70 o๠les Républicains se convertissent à une politique favorisant des réductions d’impôts dans l’espoir de sortir le pays du marasme subséquent au choc pétrolier à aujourd’hui, la moyenne du taux de chômage sous un Président Républicain a été de 6.7% alors qu’elle a été de 5.5% sous un Président Démocrate. Encore plus parlante est la comparaison si l’on remonte depuis les années ayant suivi la Seconde Guerre mondiale à nos jours : 6.3% de chômage sous les Républicains et 4.8% sous les Démocrates!

La baisse du chômage sous les régimes Démocrates, ayant amélioré les revenus de la classe moyenne et des familles pauvres, a déroulé ses effets sur le long terme puisque des études ont démontré que chaque point de base de réduction du chômage augmentait de 10’000 dollars le revenu d’une famille moyenne sur une période de huit ans…Ces conséquences bénéfiques étant autrement plus constructives qu’un chèque épisodiquement envoyé à ces familles – comme il y a encore peu par l’administration Bush – et ne pouvant, par essence, que produire un effet ponctuel et limité. La hausse des revenus de la classe moyenne peut certes sembler minime en valeur absolue mais il n’en reste pas moins que l’impact de l’amélioration du marché de l’emploi revêt une importance significative sur le long terme proportionnellement à leur budget annuel. Les Républicains ayant, eux, traditionnellement favorisé la lutte contre l’inflation au détriment de la lutte contre le chômage.

Le programme d’Obama prévoit certes aussi des réductions d’impôts mais en faveur des employeurs qui procèdent à de nouvelles embauches et ce à raison de 3’000 dollars par embauche pendant deux ans. Cette proposition destinée à réduire le chômage sera couplée à une subvention de 50 milliards de dollars accordée aux Etats qui se lancent dans des chantiers d’amélioration de leurs infrastructures, projets par définition créateurs de milliers d’emplois…Une telle politique économique, typique en fait des Présidents Démocrates depuis Kennedy, permet l’assainissement du marché du travail, la croissance du revenu tout en stimulant les productions industrielles et économiques. Sur soixante ans, les revenus des familles moyennes ont progressé deux fois plus vite sous une administration Démocrate que sous un Président Républicain et, mieux encore, les revenus des familles pauvres ont progressé six fois plus vite sous les Démocrates que sous les Républicains!

Ces statistiques donnent ainsi d’autant plus à réfléchir que McCain et Obama ont chacun totalement embrassé le programme économique de leur propre parti. Ces statistiques démontrant les performances respectives des administrations Républicaines et Démocrates devraient également inspirer les électeurs américains.

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