La dérive de la Réserve Fédérale US
L’économie communiste se distinguait en son temps en ce que les contraintes budgétaires des entreprises n’existaient pratiquement pas. Effectivement, le système bancaire national et nationalisé – volait immédiatement au secours d’une entreprise en difficultés en lui fournissant des liquidités.
La Réserve Fédérale Américaine met actuellement en place aux Etats-Unis un environnement similaire à celui en vigueur à l’époque en Union Soviétique : en inondant tout le monde et tout de suite d’un maximum de liquidités et sans exercer de contrainte sur les bénéficiaires de ces liquidités, elle encourage – via une allocation inefficiente car indifférenciée des ressources – tous types de comportements inconséquents, voire irresponsables, en tout cas à des années lumière d’une gouvernance disciplinée. La Banque Centrale Américaine achetant ainsi tous azimuts obligations émises par des entreprises, hypothèques et, d’une manière générale, tout papier valeur susceptible de freiner la débâcle des marchés a annoncé il y a deux jours qu’elle élargirait encore cette politique expansionniste en faisant l’acquisition des crédits à la consommation ainsi que des crédits aux petites entreprises!
Par sa boulimie, la Fed révolutionne donc le subtil métier de banquier central en laissant d’une part son bilan gonfler de manière totalement démesurée puisqu’il a plus que doublé en quelques mois atteignant à présent 2’000 milliards de Dollars et en décidant unilatéralement de ne pas réinjecter ou recycler sur les marchés ses réserves excédentaires. Dans une tentative quasi désespérée de prouver aux marchés qu’elle contrôle la crise financière, la Réserve Fédérale US néglige ainsi ouvertement les menaces inflationnistes qui ne manqueront pas de se matérialiser.
Pour des raisons purement cosmétiques, elle préfère du reste qualifier ses actions d'”encouragements au crédit”, récusant le terme de “baisses quantitatives ” qui rappelle évidemment la très longue traversée du désert Japonaise. Son Président, Ben Bernanke, qui se justifie en évoquant “une combinaison de prêts et de papier valeurs qui affecteront favorablement les conditions du crédit aux entreprises et aux ménages” accuse ses détracteurs de trop se concentrer sur le bilan de la Fed qui ne reflète pas, selon lui, la complexité des opérations initiées par la Banque Centrale. Le bilan d’une Banque Centrale reste pourtant un indicateur fondamental du volume des liquidités en réserves, chiffre qu’il est totalement irresponsable de reléguer au second plan et tout particulièrement dans le contexte hyper expansionniste actuel! Comportement inconséquent de la Réserve Fédérale US qui n’a en fait aucune stratégie de sortie de cette politique expansionniste en cas d’un retour brutal de l’inflation, retour prévisible – voire inéluctable – du fait de la masse de nouveaux billets imprimés se reflétant évidemment à son bilan…La seule parade consiste donc en une restriction chiffrée et volontariste de ce bilan.
Enfin, la Banque Centrale Américaine risque sur le long terme d’hypothéquer son indépendance et sa neutralité en faisant l’acquisition de certains papiers valeurs : Effectivement, certains groupes de pression n’hésiteront pas à la dissuader de les revendre sur les marchés le moment venu!
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Michel