Cette BNS qui cherche à nous faire peur
Nous y voilà: la Banque Nationale Suisse utilise désormais les bonnes vieilles ficelles de la stratégie de la peur.
Pour justifier de l’absorption du Crédit Suisse par l’UBS, en catimini et face aux critiques généralisées, son Vice-Président nous confie que -1 seul jour plus tard – cette banque aurait fait faillite et aurait plongé le monde dans un marasme généralisé.
Que ce monsieur justifie ses déclarations qui – si étaient vraies – sont très graves. Qu’il ne se contente pas de lancer de telles phrases creuses.
Je le réaffirme : Une banque centrale ne devrait pas faire ça !
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Bien sincèrement,
Michel
Absolument en accord avec ce constat.
09 avril 2023 – Euhhh, “Qui a caché à Qui” jusqu’au dernier instant? Les informations communiquées précédemment par Credit Suisse à Bloomberg seraient alors manifestement trompeuses!
“Il ne faut pas oublier que sans une intervention déterminée des autorités, l’alternative aurait été une faillite de Credit Suisse le lundi matin, accompagnée d’un probable effondrement de l’économie suisse”, a fait valoir la ministre des finances, Karin Keller-Sutter.
https://www-bfmtv-com.cdn.ampproject.org/v/s/www.bfmtv.com/amp/economie/entreprises/la-fusion-credit-suisse-ubs-a-probablement-sauve-l-economie-helvetique-selon-berne_AD-202304090114.html?amp_gsa=1&_js_v=a9&usqp=mq331AQIUAKwASCAAgM%3D#amp_tf=Source%C2%A0%3A%20%251%24s&aoh=16810502093492&referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com&share=https%3A%2F%2Fwww.bfmtv.com%2Feconomie%2Fentreprises%2Fla-fusion-credit-suisse-ubs-a-probablement-sauve-l-economie-helvetique-selon-berne_AD-202304090114.html
“…accompagnée d’un probable effondrement de l’économie suisse” : il faut, dès lors, imaginer les conséquences sur la Suisse (PIB de 700 milliards) de l’effondrement de ce futur géant au bilan de 1’600 milliards.
On nage dans l’aberration la plus totale, car nettement au-delà du Too Big to Fail.
Bravo la Suisse!
Je n’ai même plus de mots assez forts, Michel, mais j’éprouve une immense colère à l’égard de la Suisse. La dernière fois – comme tu t’en doutes – remonte à 2007 lorsque je fus “whistleblower” au…Credit Suisse (crise du subprime).
Le MPC ferait bien d’enquêter plus en profondeur sur la longue tradition helvétique des relations incestueuses entre les homo-politicus du gouvernements, le Filz de St-Gall, les banques commerciales, le régulateur et la Banque Nationale Suisse. Presque de quoi faire pâlir le réseau de la banque d’investissement américaine, Goldman Sachs.
Alors, au-delà des apparences, je m’interroge au travers d’un autre prisme en revenant sur quelques vieux démons, car aujourd’hui la “Behavioral economics” à des limites!
A cet effet, et bien que j’aurai pu reprendre certains travaux de Noam Chomsky, j’ai choisi pour cet angle une partie du travail de recherche historique issu du fascicule « Les médias en suisse », paru aux éditions LEP, qui offre un point de départ intéressant pour la réflexion: « Dans son ouvrage Psychologie des foules (1895), Gustave Le Bon (1841-1931) – un des précurseurs des théories des médias – affirme que les individus, lorsqu’ils sont en groupe, raisonnent de manière plus simpliste et sont facilement influençables. Selon lui, un meneur habile peut aisément mettre une foule dans un état proche de l’hypnose. Le Bon ne traite pas directement des médias, mais ses idées ont influencé les théories sur la communication, la propagande et la publicité. Lorsque les médias de masse en sont encore à leurs débuts, Gabriel Tarde (1843-1904) rend les médias responsables de la manipulation que Le Bon attribue au meneur et affirme que l’«âge des foules» sera remplacé par l’«âge des publics», qu’il définit comme une «foule à distance». Les premières études sur les médias en tant que tels et sur leur influence apparaissent dans les années 1920 et appréhendent généralement le phénomène de la propagande. Dans son ouvrage Public Opinion, paru en 1922, Walter Lippmann (1889-1974) étudie la manipulation par les médias et définit le concept de «fabrique du consentement». Il remarque que notre expérience du «monde réel» n’est que très limitée et que notre vision de la réalité se fonde avant tout sur ce que les médias nous en montrent. Toutefois, le prétendu pouvoir d’endoctrinement des médias n’est pas toujours perçu négativement. Harold Lasswell (1902-1978) défend ainsi que la propagande est utile aux démocraties, car elle permet aux citoyens d’adhérer à ce que les «spécialistes jugent bon pour eux ».
En ce qui concerne à présent la question « des spécialistes », comment ne pas être projeté à nouveau vers Walter Lippmann et à son colloque organisé à Paris du 26 au 30 août 1938 ? Un cercle d’influence auquel participent 26 économistes, entre autres, Hayek, Mises, Rueff, Rüstow, Röpke, et des intellectuels « libéraux ». S’il y fut discuté de la capacité du libéralisme à faire face aux problèmes de l’époque, c’est aussi une des premières fois où les participants s’interrogèrent pour savoir s’il convenait de conserver le mot « libéralisme » ou bien d’adopter celui de néo-libéralisme. Pour l’économiste français François Bilgert, le colloque Walter Lippmann « peut être considéré comme l’acte de naissance officiel du nouveau libéralisme ». Dans la continuité à démolir le modèle keynésien dès le début des années 1930 – et suite au colloque Lippmann – ce n’est qu’à la fin de la seconde guerre mondiale que la société du Mont-Pélerin sera fondée par Hayek et Mises (1947). La première réunion, à laquelle participent trente-six personnalités « libérales » a lieu à l’Hôtel du Parc au Mont-Pèlerin près de Vevey.
Ce réservoir d’idées et de promotion du néo-libéralisme fut financé par des banquiers et patrons d’industrie helvétiques, ce même genre de groupes d’influences qui n’a d’ailleurs jamais cessé sa générosité, notamment, auprès des partis politiques suisses.
Lors de cette réunion d’avril 1947, trois importantes publications des Etats-Unis (Fortune , Newsweek et The Reader’s Digest) y ont envoyé des délégués. Le Reader’s Digest venait d’ailleurs de publier une version résumée d’une œuvre clé de Hayek, « La route de la servitude ». On y trouve notamment le rayonnant passage: « C’est la soumission de l’homme aux forces impersonnelles du marché qui, dans le passé, a rendu possible le développement d’une civilisation qui sans cela n’aurait pu se développer ; c’est par la soumission que nous participons quotidiennement à construire quelque chose de plus grand que ce que nous tous pouvons comprendre pleinement ». Dès lors, en appréhendant la logique de Walter Lippman, je ne peux m’empêcher à percevoir dans le pragmatisme helvétique – érigé comme un temple et dont l’une de ses fondations n’est autre que le quatrième pouvoir – la « fabrication d’un consentement » face à la construction que sera l’ordre nouveau, c’est à dire le néo-libéralisme. Harold Lasswell n’a-t-il jamais défendu « que la propagande est utile aux démocraties car elle permet aux citoyens d’adhérer à ce que les spécialistes jugent bon pour eux » ? Les soi-disant spécialistes de la pensée dominante n’ont-ils jamais porté en eux l’incandescence qui affecte de plus en plus nos démocraties, au point d’en avoir corrompu le capitalisme et saccagé l’intérêt général ? La « Public Choice Theory » semble encore plus révélatrice en 2023!