Le message de Jeunesse Levantine à la férocité des détracteurs de François

“Comment un Pape, chef de l’Eglise Catholique Romaine, a pu favoriser une invasion musulmane en une Europe?
Un pape qui défend le développement de l’islam radical.
Ce jésuite rouge.
Il faut un Pape européen qui comprenne l’Histoire et voit la différence entre l’accueil et l’invasion…. Accueillir des êtres humains qui nous respectent et veulent s’intégrer, c’est une chance… accueillir des gens qui veulent nous remplacer, nous faire la peau, nous conquérir….Non!”
Voilà un florilège de ce que l’on trouve en masse sur internet concernant le Pape François décédé.
Je ne peux m’empêcher de mettre ces réactions en perspective avec ma propre expérience de chrétien ayant été à La Mecque, puis embauché dans la milice chrétienne radicale des Gardiens des Cèdres au Liban, plus tard devenu “disciple” de Khomeiny, fondateur de la République Islamique d’Iran et considéré comme un des personnages les plus monstrueux du XXème siècle.
Ce que le jeune Michel Santi a vécu, celui d’aujourd’hui aimerait expliquer à tous ces critiques acerbes d’un Pape nouvellement mort que la vie ne se résume pas à une prise de position pour ou contre.
Comment leur faire comprendre les extrêmes complexité et enchevêtrement de toutes les communautés qui peuplent ce monde, à plus forte raison une région géographiquement délimitée qui part du Liban à l’Iran, en passant par l’Arabie Saoudite ?
La première des richesses de mon récit consiste à déconstruire cette haine et cette incompréhension.
Car ce garçon dont l’histoire très concrète se situe dans une période dramatique (entre 1975 et 1982) est l’exemple vivant que l’acceptation et le respect de la différence n’exigent aucun effort herculéen, juste la connaissance de cet autre que l’on est si prompt à lyncher.
Chers lecteurs,
Ce blog est le vôtre : je le tiens assidument avec régularité et passion. Des milliers d’articles et d’analyses sont à votre disposition, dont les premiers remontent à 1993 !
Mes prises de position macro économiques furent autrefois qualifiées d’hétérodoxes. Elles sont aujourd’hui communément admises et reconnues. Quoiqu’il en soit, elles ont toujours été sincères.
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Bonjour mon cher Michel,
Au delà du stoïcisme qu’il me semble percevoir en filigrane de tes quelques lignes de sagesse, imaginons un instant, si tu le veux bien, que je sois agnostique et que le texte ci-dessous en lien avec une “organisation” [religieuse, économique et financière] me soit soumis à lecture. Que devrai-je en conclure sur le plan des “sciences économiques et sociales”; c’est-à-dire sur le plan des “sciences molles” et non de la théologie? Merci d’avance pour ton avis succinct et circonstancié!
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La religion peut être incroyablement lucrative parfois, et le meilleur exemple de ça est le Vatican. Plus petite nation souveraine du monde, avec une superficie de seulement 0,44 km², le Vatican se garde bien de mettre en avant sa véritable fortune car qui irait donner de l’argent à l’une des plus riches organisations du monde? D’ailleurs, feu le pape, à l’occasion de la Journée mondiale des pauvres, en 2020, n’affirmait-il pas que « les pauvres sont le trésor de l’Eglise »?
C’est intéressant puisque en 2021, l’Église catholique annonçait être en déficit alors que rien qu’en Australie, par exemple, elle disposait d’un patrimoine de 30 milliards de dollars. On peut s’amuser à faire une estimation très grossière en divisant cette somme par les 5,5 millions de catholiques vivant en Australie pour dire qu’en moyenne l’Église gagne environ 5400$ par fidèle. Sachant qu’il y a 372 millions de catholiques en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et en Australie, cela signifierai que l’église catholique a un peu plus de 2000 milliards de dollars de richesse, en prenant en compte uniquement les principaux pays occidentaux.
Mais même sans s’amuser à faire des estimations, le Vatican est un des plus redoutables acteurs économiques qui soit, avec un portefeuille financier totalisant l’équivalent de 5,6 milliards de dollars en 1970 et environ 10 milliards dans les années 80. S’ajoute à cela le fait que l’Église possède énormément de biens immobiliers, dont des églises évidemment, mais aussi des tonnes de propriétés acquises ou reçues (donations) des fidèles au cours des siècles. Étant l’une des institutions les plus stables de l’histoire, l’Église catholique peut alors contracter des prêts à des taux extrêmement favorables en utilisant ces propriétés comme garantie. Cet argent peut à son tour être investi dans un certain nombre de placements qui rapportent suffisamment pour couvrir facilement les intérêts et ainsi faire encore plus d’argent. Et ils ont pu faire ça décennie après décennie, siècle après siècle.
Le Vatican devient naturellement l’organisation ultime qui a résisté à l’épreuve du temps comme aucune autre ! Même si le Vatican a des milliards de dollars aujourd’hui, il n’en a pas toujours été ainsi. Des siècles avant que l’église catholique ne devienne une holding capitaliste, le Vatican était un empire séculier dont l’existence n’était pas directement liée au catholicisme. Les papes étaient avant tout les rois du Vatican et agissaient également en tant que chefs suprêmes de l’Église romaine en Italie. A l’époque des papes rois, le Vatican contrôlait plus de 39 000 km² de terres en Italie, appelées états pontificaux. Et autant de fidèles [« des serfs »] reçus en héritages. Le fait d’avoir autant de terres aidait grandement à la gestion de l’une des cours les plus luxueuses d’Europe, les impôts des fidèles servant principalement à maintenir le style de vie des rois-papes et de leurs cardinaux.
Au fil du temps, les impôts ne suffisaient plus à financer le style de vie somptueux auquel les responsables de l’Église s’étaient habitués mais le pape imposait déjà les états pontificaux en prélevant des taxes pour le commerce et vendait la plupart de la production régionale. Il fallait donc trouver un nouveau moyen de gagner de l’argent rapidement. C’est là que les dirigeants du Vatican auront un éclair de génie. Ils remarquent que la plupart des ressources naturelles vendues sont limités en quantité [des économistes et financiers dans l’âme avec la bénédiction des fidèles ayant un amour inconditionnel à cette forme de servitude]. Le concept économique était donc simple puisque le pape était le représentant de Dieu sur terre et qu’il avait des milliers de fidèles. Il peut leur vendre un moyen de réduire les punitions qu’ils recevraient pour leurs péchés. Après tout, des années de pénitence et de peur du purgatoire avaient rendu les gens terrifiés par la colère de Dieu [gouverner par la peur] alors payer quelques sous pour ne pas brûler en enfer éternellement était une excellente affaire. L’Église a donc commencé à vendre des indulgences, des sortes de garanties qui feraient que Dieu ne punirait pas trop ceux qui les achètent. Le commerce des indulgences a permis au Vatican de réaliser des profits encore jamais vu auparavant, et de les maintenir pendant plus de 1000 ans jusqu’à ce que la révolution française de 1789 ne vienne tout chambouler. D’ailleurs, Napoléon exigera un énorme tribut de la part du Vatican chaque année avant que d’autres dirigeants européens ne commencent à faire de même. Plus les états européens demandaient d’argent au Vatican, plus les taxes sur les états papaux ne cessaient d’augmenter, avant que le Vatican ne trouve une solution, le peuple s’est rebellé.
En 1848, une foule s’est massée dans la ville du Vatican et a assassiné le premier ministre papal. Le peuple des États pontificaux en a assez d’être traité comme une réserve d’argent et le Vatican s’endette massivement. Désespéré, le pape doit prendre une décision difficile et va demander de l’aide à une famille de banquiers [accord d’un prêt qui servira à couvrir le budget du Vatican pendant une année entière] mais en 1870, les Italiens envahiront Rome et mettront fin au contrôle du Vatican sur les États pontificaux. Les 39 000 km² contrôlés par le Vatican seront réduits à un ridicule 0,44 km². Les milliers de sujets que le Vatican pouvait imposer ne sont désormais plus qu’environ 700. L’immense empire papal était tombé et était devenu la ville du Vatican que nous connaissons aujourd’hui. Pendant un certain temps, les investissements du Vatican ont été couronnés de succès mais en 1887, le marché de l’immobilier s’effondre et le Vatican revient à la case départ. A ce moment là, l’Église décide d’investir plus que jamais. Puis, la première guerre mondiale [WW1] éclate et les principes moraux seront à nouveau supplantés par les principes économiques, dont les investissements par l’Église dans les fabriques d’armements au grand dam des fidèles. En 1933, le Vatican perdait à lors environ 100 millions de lires par an et, pour éviter la faillite, le pape finira par engager un conseiller financier qui l’aidera à réaliser des investissements plus diversifiés. C’est ainsi que débutera une nouvelle période de prospérité [quant à l’origine des flux financiers] pour l’Église, ainsi que toutes « relations politiques incestueuses » [durant WW2] qui lui seront prêtées.
À juste titre car le conseiller financier du pape fera une proposition financière à l’époque. Construire une banque au Vatican ! Après tout, le Vatican est son propre pays, alors pourquoi n’aurait-il pas une banque nationale ? Cette banque, ne figurant sur aucune liste noire, n’était donc pas soumise aux réglementations de guerre et pouvait opérer partout dans le monde sans afficher ses bénéfices, ses bilans ou justifier la provenance de son argent. De plus, elle n’avait qu’un seul actionnaire : le pape. Désormais, le Vatican pouvait accepter tout l’argent possible « les yeux fermés ». Au milieu des années 50, l’Église comptait 600 millions de membres et dépendait principalement des dons pour fonctionner et investir et ça continue toujours aujourd’hui – après avoir quasiment triplé le nombre de fidèles des années 50 – alors même que l’archevêque actuel de New York serait à lui seul le plus grand propriétaire foncier de Manhattan.
Aujourd’hui, l’État du Vatican peut être considérer comme « la combinaison parfaite entre une banque centrale, un fond offshore et un fond spéculatif ».
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Bien à toi