Iran : un cœur et une âme nucléaires

Iran : un cœur et une âme nucléaires

mai 28, 2025 0 Par Michel Santi

 

 

Les revenus pétroliers représentent 40 à 50 % des recettes budgétaires de l’Iran et 80 à 90 % de ses recettes à l’exportation. La menace existentielle pèse – à nouveau – sur le pays, car l’activisme du Président américain sur le front des “tariffs” a fait chuter les cours du baril d’environ 20 % cette année, et jusque-là. La pression exercée sur l’exécutif iranien – et ressentie par lui – devient donc intense. D’autant plus que l’Iran est contraint de casser ses prix vis-à-vis des acheteurs étatiques et privés de pétrole qui prennent le risque de s’y approvisionner en dépit des sanctions.

Comme d’habitude, la boîte à outils des responsables consistera, dans un premier et primaire réflexe, à poursuivre la privatisation de ses entreprises et en transférer la propriété à des acteurs semi-privés : Gardiens de la Révolution et fondations religieuses et privées. Rien à espérer, en d’autres termes, pour dynamiser l’économie iranienne, car les expériences calamiteuses des précédentes vagues de privatisation ont démontré les défaillances de ces groupes semi-privés (ou semi-publics) dans la gestion d’entités stratégiques, pétrochimiques, de raffineries, de centrales électriques.

L’Iran n’est donc pas prêt à bénéficier du développement d’un secteur privé solide et digne de ce nom, dans un environnement de corruption intense et généralisée. C’est même tout le contraire, puisque les entreprises vraiment détenues par les privés se retrouvent marginalisées, et ne comptent que pour 10 à 13 % de l’activité globale du pays ! Celles qui parviennent à se maintenir sont, en outre, fortement entravées par les incessantes nouvelles régulations et nouvelles lois adoptées, soit du fait de la gouvernance quasi nulle du législateur, soit volontairement sous la pression du secteur semi-public, qui y voit là une manière détournée de saper et de fragiliser ses concurrents du privé.

Dans l’immédiat, pour tenter de faire face à l’érosion certaine de ses revenus pétroliers, le gouvernement iranien a annoncé l’arrêt, avec effet immédiat, des subsides accordés à 17 millions de ses citoyens. Cette décision, qui achèvera de rendre décidément impopulaire (mais une fois de plus ?) une nouvelle administration (du Président Pezeshkian), lui permettra de réduire de 25 % ses dons en faveur des foyers iraniens.

La seule bouée de sauvetage, et unique raison d’espérer, serait un accord sur le nucléaire avec les États-Unis. À cet égard, les marchés, dans leur infinie prescience, ne s’y sont pas trompés, puisque la monnaie iranienne – le rial – a bondi de son plus bas historique à plus de 1 million par rapport au dollar US enregistré début avril, à 850 000 il y a quelques jours. Quelques heures et séances de pourparlers avec les États-Unis ont permis une appréciation de 20 % du rial : ce que n’avait pu obtenir la banque centrale du pays malgré l’injection de centaines de millions dans le cadre de ses interventions pour enrayer la dégringolade de sa monnaie.

Une désescalade graduelle serait assurément le scénario idéal – et pour l’économie et pour la population de l’Iran – qui autoriserait son retour sur les marchés internationaux, et qui soulagerait immédiatement la pression par la libération de ses substantiels avoirs bloqués. L’équipe Pezeshkian semble faire preuve de bonne volonté et d’esprit d’ouverture dans ses pourparlers avec les représentants américains. Le chef négociateur iranien, Araghchi, s’est même fendu d’un tweet méprisant à l’encontre de Biden et à la gloire de Trump, présenté comme un responsable sage.

Et pourtant, les attentes légitimes du peuple iranien risquent d’être une fois de plus déçues, car une bataille se joue en arrière-plan – comme d’habitude en Iran – entre partisans de la ligne dure et rénovateurs. Les jusqu’au-boutistes eux-mêmes comptent une fraction – certes peu nombreuse mais très active et bruyante – qui s’oppose à tout accord avec les USA et qui souhaite venger le chef de la Force Qods, Qassem Soleimani, assassiné en 2020, ainsi que tous les autres par la suite.

Le nucléaire, enfin – et peut-être avant tout ? – est bien plus qu’une arme pour le guide suprême, Ali Khamenei. Il reste sa dernière carte pour affirmer ce pouvoir qu’il détient depuis 1979. Un compromis serait équivalent à une trahison de l’héritage et des volontés de Khomeiny. Sans le nucléaire, l’Iran deviendrait un « pays normal », et perdrait son exceptionnalisme et le sens de sa destinée conférés par sa croyance chiite.

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Presse : Une jeunesse levantine, un témoignage brûlant d’actualité au cœur des fractures du Moyen-Orient

Dans un monde où le Moyen-Orient reste un épicentre de tensions géopolitiques – conflits en Syrie, rivalités Iran-Arabie Saoudite, guerre Israël-Palestine – Une jeunesse levantine de Michel Santi offre un éclairage unique et captivant sur les racines de ces crises.

Fils d’un diplomate français et d’une Libanaise chrétienne, Michel Santi, dès l’âge de 11 ans, est plongé dans la tourmente de la guerre civile libanaise (1975-1982).

De Beyrouth à Jérusalem, en passant par Djeddah, Paris et Téhéran, son adolescence se déroule au carrefour des cultures, des religions et des conflits, croisant des figures qui ont façonné l’Histoire : Premiers Ministres, Princes, miliciens, et même l’Ayatollah Khomeiny, qui l’invite à bord de son vol triomphal vers Téhéran en 1979.

Un récit intime qui éclaire l’actualité Ce témoignage haletant n’est pas qu’un voyage dans le passé.

Les rencontres de Santi – du futur Roi d’Arabie Saoudite au jeune Commandant Massoud, en passant par le “Prince Rouge” des attentats de Munich – révèlent les origines des dynamiques qui secouent encore la région : l’essor du chiisme révolutionnaire, les rivalités régionales, et les luttes identitaires.

Son amitié avec des miliciens chrétiens radicaux, ses amours transgressifs dans le chaos libanais, ou sa fuite de Jérusalem sous la protection du Mossad face à des soupçons d’espionnage, résonnent avec les fractures communautaires et les drames humains d’aujourd’hui.

Pourquoi ce livre captive maintenant ?

  • Pertinence géopolitique : À l’heure où le Moyen-Orient reste un foyer de crises, ce récit décrypte les racines historiques des conflits actuels, des tensions Iran-Israël aux divisions confessionnelles.
  • Dimension humaine : Santi mêle l’intime au politique, racontant une quête d’identité dans un monde fragmenté, un thème universel qui touche les lecteurs face aux polarisations contemporaines.
  • Rencontres extraordinaires : De Khomeiny lui confiant sa vision d’un Iran révolutionnaire à un après-midi avec Massoud, ces moments saisissants offrent une proximité rare avec l’Histoire.

Une jeunesse levantine est un thriller géopolitique et un récit de résilience qui transcende les frontières. Santi y pulvérise les lignes rouges, défiant préjugés et tabous, pour tirer de cette période chaotique une force intérieure qui le mènera à une carrière dans la finance.

Un livre pour comprendre le Moyen-Orient d’hier et d’aujourd’hui, à travers les yeux d’un témoin d’exception.

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