La France en deuil de ses millionnaires !

Le «World Wealth Report» 2025 de Capgemini annonce que la France est en deuil de ses millionnaires ! Notre pays en compte effectivement 21’000 de moins en 2024, tandis que les États-Unis en affichent 562 000 supplémentaires sur la même période.
Que se passe-t-il sur cette terre appelée «France» dont la place boursière fut, l’an dernier, la seule au monde à dévisse (-2.5% pour la CAC 40), tandis que même une Allemagne en mauvaise posture s’en sortait avec un Dax à +18 ? Nous n’avons hélas pas de «7 Magnifiques» (Nvidia, Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet, Meta, Tesla) comme aux Etats-Unis, mais pouvons tout de même nous targuer d’avoir des joyaux faisant notre fierté : nos Kering, nos L’Oréal, nos LVMH…dont la capitalisation s’est effondrée de respectivement 40%, 24 et 13% en 2024.
La hausse de 6% sur 2024 de notre indice Stoxx Europe 600 fait si pâle figure face aux indices US (Nasdaq et S&P 500), envolés tous deux de plus de 30%.
Notre continent est terrifié, tétanisé, par son aversion au risque, ceinturé par ses réglementations fragmentées. L’Europe est désormais subjuguée, reléguée.
Les fortunes migrent vers les Etats-Unis – et s’y créent – car l’Europe a fini d’être un territoire de l’innovation. Et pour cause, puisque c’est 60 milliards qui y sont consacrés au capital-risque contre…200 aux US ! C’est 3.5 % du PIB américain qui sont dépensés en faveur de la R&D (soit 990 milliards $) en rapport aux 440 milliards $, ou 2,3 % du PIB, chez nous.
Ils caracolent en tête, les Etats-Unis, avec une productivité du travail 1,55 fois supérieure à la nôtre (productivité/heure travaillée 85 $ contre 55 $ en Europe), induisant mécaniquement une création de richesse plus rapide.
Nos banques centrales respectives elles-mêmes reflètent la peur panique que nous avons d’intervenir dans l’économie et en faveur des entreprises et des consommateurs. Une seul chiffre, tout s’éclaire, car c’est 8’500 milliards de $ qui ont été injectés par la Réserve Fédérale entre 2007 et aujourd’hui, contre 4’700 milliards euros par notre BCE Frankfurtienne.
Bien-sûr, le coup de grâce pour nous, aura été L’«Inflation Reduction Act (IRA)» de Biden planifiant 783 milliards $ d’investissements sur 10 ans dans l’énergie propre, dans la santé et dans l’agriculture, dont une part significative fut dépensée en 2024. Avec un impact de 1% de PIB en plus sur 2024, et 1,5 million d’emplois supplémentaires (souvent bien rémunérés) d’ici 2030.
Alors, nous pouvons à l’évidence nous congratuler en Europe pour notre hétérogénéité fiscale (27 régimes) qui pousse nos grandes fortunes à déplacer leurs capitaux. Nous pouvons aussi, en France, nous vanter de notre fiscalité de 45 % sur les hauts revenus, la plus rédhibitoire de l’Union. Une PME française doit consacrer en moyenne 140 heures par an à la conformité fiscale, contre 80 heures aux États-Unis, selon la Banque mondiale. C’est l’AVC qui menace ce pays, champion du surmenage fiscal.
Chômage moyen de 5.9 % contre 4.1, croissance moyenne de 0.9% contre 2.6, PIB à 40’000 euros/habitant contre 80’000…Même le Mississippi, État américain le plus pauvre, dépasse en PIB la plupart des grandes économies européennes (sauf l’Allemagne).
Quo vadis Europe ?
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“En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées” [foireuses depuis cinquante ans]!
James McGill Buchanan [“Public Choice Theory”] : “Good games depends more on good rules than they depend on good players”. En d’autres termes: “si vous voulez améliorer la qualité de l’action publique, améliorez les règles du jeu et non pas les joueurs”.
Cependant, la migration des ultra-riches s’inscrit également à l’aune de choix publics irrationnels à l’égard de l’économie réelle…
2013 [France]
https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20130107trib000740997/la-france-ce-paradis-fiscal.html
2025 [États-Unis]
https://www.allnews.ch/content/points-de-vue/l%E2%80%99am%C3%A9rique-est-en-train-de-devenir-le-plus-grand-paradis-fiscal-au-monde
Pourtant, et plus près d’elle, l’Europe a son voisin helvète sous les yeux mais il ne lui viendrait même pas à l’idée d’essayer de comprendre sa réussite insolente et bien incompréhensible pour un pays de montagnes, au climat assez rude avec des voies de communication difficiles sans ressource de son sous sol, sans accès à la mer, avec 4 langues officielles 26 fiscalités différentes, etc…
mais il est vrai que les décisions les plus importantes de notre voisin ne se prennent pas dans une commission toute puissante dont personne ne connait ni les membres ni même l’étendue de son pouvoir.
Qui sait où va l’Europe ? mais surtout qui veut encore l’accompagner?
Oui. La France, un pays en perdition.
La Suisse, une nation dont les forces peuvent se retourner contre elles, je pense à l’extrême fermeté du franc qui est son talon d’Achille.
“En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées” [boiteuses depuis cinquante ans]!
James McGill Buchanan [“Public Choice Theory”] : “Good games depends more on good rules than they depend on good players”. En d’autres termes: “si vous voulez améliorer la qualité de l’action publique, améliorez les règles du jeu et non pas les joueurs”.
Cependant, la migration fiscale des millionnaires s’explique également à l’aune de choix publics irrationnels à l’égard de l’économie réelle…
2013 [France]
https://michelsanti.fr/analyses/france-paradis-fiscal
…tandis que le nombre d’ultrariches a progressé de 3.5% en Europe [2024] “traduisant une concentration accrue de la richesse” ! [Donc un facteur d’accroissement des inégalités et par analogie un frein à la croissance]
2025 [États-Unis – ou ploutocratie à la mesure du “crony-capitalism”?]
https://www.allnews.ch/content/points-de-vue/l%E2%80%99am%C3%A9rique-est-en-train-de-devenir-le-plus-grand-paradis-fiscal-au-monde
En effet, tout n’est pas rose pour la Suisse et je suis parfaitement en accord avec Michel Santi.
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Raymond dit : septembre 11, 2024 à 6:49 pm
(…) Quant à la Suisse, pays qui ne connaît quasiment pas le phénomène des grèves et dont l’épaisseur du code du travail ressemble plus à une peau de chagrin qu’à la lourdeur du mille-feuille français, par exemple, sa valeur Travail connaît encore du sens. Un phénomène culturel qui ne qualifie pas encore le salarié de base soumis à l’équivalent d’un smic suisse de 3800 euros…de riche, selon la perception de la richesse à la sauce française. Certes, la Suisse jouit encore d’une marge de manœuvre pour tirer les salaires domestiques vers le bas (déflation salariale compétitive) en recourant à une main-d’œuvre frontalière (française; italienne et allemande) qui, elle, y trouvera largement son compte dans cet îlot de cherté. Mais apparemment en contrepartie de la qualité “Swiss Made” qui tend déjà à s’étioler à l’aune d’une “conscience professionnelle” dégradée.
Évidemment, cette économie axée principalement sur les services à hautes valeurs ajoutées bénéfice d’une stabilité politique qu’elle doit à son autre héritage culturel, axé sur la démocratie directe et le Fédéralisme; bien que sa stabilité géopolitique prit du plomb dans l’aile à cause des multiples dérapages de son industrie financière, ainsi que ses récentes prises de position (dans le conflit Russo-Ukrainien) qui mettent désormais à mal son statut de “neutralité”. Autant de grains de sable qui s’ajoutent à ceux que représentent les voies bilatérales avec l’Union Economique et Monétaire (UEM) arrivant à bout touchant. N’ignorant pas cet autre phénomène qui qualifie l’économie helvétique, car nous savons bien que la Suisse a toujours besoin d’une devise faible (le Franc) afin de maintenir ses exportations compétitives, cependant son taux de change reste positivement corrélé à la volatilité qui se renforce lorsque la croissance mondiale s’effondre.
À cet égard – et malgré les tentatives irrationnelles de sa propre Banque centrale nationale (BNS) dans la conduite de la politique monétaire du pays (ayant déjà pris en otage l’ensemble des cantons, les contribuables et les épargnants/investisseurs helvétiques), cet îlot économique en Europe demeure entre le marteau et l’enclume du ralentissement économique globale. Difficile à se stade de poursuivre la voie des aubaines (vécues). Peut-être une bombe à retardement (en sommeil) pour ses citoyens.
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