La France en deuil de ses millionnaires !

La France en deuil de ses millionnaires !

juin 9, 2025 5 Par Michel Santi

 

Le «World Wealth Report» 2025 de Capgemini annonce que la France est en deuil de ses millionnaires ! Notre pays en compte effectivement 21’000 de moins en 2024, tandis que les États-Unis en affichent 562 000 supplémentaires sur la même période.

 Que se passe-t-il sur cette terre appelée «France» dont la place boursière fut, l’an dernier, la seule au monde à dévisse (-2.5% pour la CAC 40), tandis que même une Allemagne en mauvaise posture s’en sortait avec un Dax à +18 ? Nous n’avons hélas pas de «7 Magnifiques» (Nvidia, Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet, Meta, Tesla) comme aux Etats-Unis, mais pouvons tout de même nous targuer d’avoir des joyaux faisant notre fierté : nos Kering, nos L’Oréal, nos LVMH…dont la capitalisation s’est effondrée de respectivement 40%, 24 et 13% en 2024.

La hausse de 6% sur 2024 de notre indice Stoxx Europe 600 fait si pâle figure face aux indices US (Nasdaq et S&P 500), envolés tous deux de plus de 30%. 

Notre continent est terrifié, tétanisé, par son aversion au risque, ceinturé par ses réglementations fragmentées. L’Europe est désormais subjuguée, reléguée.  

Les fortunes migrent vers les Etats-Unis – et s’y créent – car l’Europe a fini d’être un territoire de l’innovation. Et pour cause, puisque c’est 60 milliards qui y sont consacrés au capital-risque contre…200 aux US ! C’est 3.5 % du PIB américain qui sont dépensés en faveur de la R&D (soit 990 milliards $) en rapport aux 440 milliards $, ou 2,3 % du PIB, chez nous.

Ils caracolent en tête, les Etats-Unis, avec une productivité du travail 1,55 fois supérieure à la nôtre (productivité/heure travaillée 85 $ contre 55 $ en Europe), induisant mécaniquement une création de richesse plus rapide. 

Nos banques centrales respectives elles-mêmes reflètent la peur panique que nous avons d’intervenir dans l’économie et en faveur des entreprises et des consommateurs. Une seul chiffre, tout s’éclaire, car c’est 8’500 milliards de $ qui ont été injectés par la Réserve Fédérale entre 2007 et aujourd’hui, contre 4’700 milliards euros par notre BCE Frankfurtienne. 

Bien-sûr, le coup de grâce pour nous, aura été L’«Inflation Reduction Act (IRA)» de Biden planifiant 783 milliards $ d’investissements sur 10 ans dans l’énergie propre, dans la santé et dans l’agriculture, dont une part significative fut dépensée en 2024. Avec un impact de 1% de PIB en plus sur 2024, et 1,5 million d’emplois supplémentaires (souvent bien rémunérés) d’ici 2030. 

Alors, nous pouvons à l’évidence nous congratuler en Europe pour notre hétérogénéité fiscale (27 régimes) qui pousse nos grandes fortunes à déplacer leurs capitaux. Nous pouvons aussi, en France, nous vanter de notre fiscalité de 45 % sur les hauts revenus, la plus rédhibitoire de l’Union. Une PME française doit consacrer en moyenne 140 heures par an à la conformité fiscale, contre 80 heures aux États-Unis, selon la Banque mondiale.  C’est l’AVC qui menace ce pays, champion du surmenage fiscal. 

Chômage moyen de 5.9 % contre 4.1, croissance moyenne de 0.9% contre 2.6, PIB à 40’000 euros/habitant contre 80’000…Même le Mississippi, État américain le plus pauvre, dépasse en PIB la plupart des grandes économies européennes (sauf l’Allemagne). 

Quo vadis Europe ?

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