«It’s the economy stupid !»
Graphique des satisfaits et des insatisfaits de l’économie américaine, et explication de la victoire de Trump.

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Mes prises de position macro économiques furent autrefois qualifiées d’hétérodoxes. Elles sont aujourd’hui communément admises et reconnues. Quoiqu’il en soit, elles ont toujours été sincères.
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Plus rien n’est surprenant depuis l’ère de Bill Clinton (démocrate) et sa troisième voie – alors que les républicains s’impatientaient durant deux décennies pour jouer les apprentis-sorciers des “sciences économiques” en testant grandeur nature leur idéologie. Cette maxime de Jim Carville (1992) est d’autant plus intéressante si on la replace dans le contexte de la “loi sur le libre-échange nord-américain (ALENA)”, puis sur l’abrogation du “Glass-Steagall Act” par son remplaçant: le “Gramm–Leach–Bliley Act”. Plusieurs crises économiques et financières étant passées par là – avec leurs lots de désolation – si le revenu national par habitant a bien augmenté de presque deux fois plus aux Etats-Unis (souvent désignés comme un modèle de réussite) qu’en Europe (Union Économique et Monétaire dysfonctionnelle dans le cadre de cette zone monétaire NON optimale; Union européenne dysfonctionnelle par le système TARGET2 de sa propre banque centrale et dysfonctionnelle par ses institutions non réformées) depuis l’an 2000, la dette/habitant aux États-Unis se montait tout de même à 20.930 €/habitants vs 14.883 €/habitants dans l’UE. Alors qu’en fin d’année 2023, la dette/habitant aux États-Unis atteignait 90.797 €/habitant vs 29.000 €/habitant au sein de l’UE. Ainsi, la dette/habitant a triplé aux États-Unis. Étonnante conception, en effet, de cette maxime qui postule comme objectif: l”‘économie rien que l’économie”.
Autant dire déjà que les mantras du républicain Donald Trump ne vont qu’exacerber le fossé des inégalités au sein de la “middle class” américaine et paupériser encore un peu plus la situation économique et financière des “rednecks” américains. Quant au modèle démocratique étasunien, si nous savons depuis longtemps qu’il demeure gangréné au “crony capitalism”, une ploutocratie devant l’éternel où le déclin du courage des politiques n’est que son excroissance, les prochaines “dérégulations” pourront ainsi s’incrire au cœur du logiciel, à savoir cette énième “sélection darwinienne” et la chute de nos civilisations occidentales.
Beau programme !
En son temps, un paradoxe avait été souligné par l’économiste récipiendaire du prix de la banque de Suède en mémoire à Alfred Nobel, Paul Krugman, qui observait – en 2008 – ô combien les individus demeurent si attachés à leur “propre servitude” face aux pouvoirs forts, notamment lorsqu’il se référençait à ce fossé des inégalités qui était redevenu aussi extrême qu’en 1920, alors que les électeurs avaient pourtant voté en majorité – jusqu’en 2006 au moins – pour des choix publics ayant conduit à ce triste constat.
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RAYMOND – 19 décembre 2020 à 15 h 13 min
(…) “Public Opinion”, l’ouvrage de Walter Lippmann, n’étudie-t-il pas la manipulation par les médias en définissant le concept de “fabrique du consentement” ? Harold Lasswell, n’a-t-il jamais défendu que la propagande est utile aux démocraties car elle permet aux citoyens d’adhérer à ce que les “spécialistes jugent bon pour eux” (les spécialistes de la pensée dominante?) – et d’autre part, pour reprendre le titre de l’ouvrage de George Akerlof et Robert Shiller, publié en 2010 : “Animal Spirits – Comment nos comportements irrationnels gouvernent l’économie”, doit-on s’en étonner ? (…) “Nous pouvons être désolé des conditions dans lesquelles les questions surviennent, mais la chose à faire est d’essayer de les faire sortir de leur prison intellectuelle qui n’est pas simplement accidentelle” (i.e. prof. Noam Chomsky du Massachusetts Institute of Technology), reprenant à son compte l’expression figurant dans l’oeuvre clé d’Adam Smith (La Richesse des nations – 1776), à savoir que de gros efforts sont nécessaires pour arriver à rendre les gens “aussi stupide et ignorant qu’il est possible de l’être pour un humain”. Le consumérisme débridé s’inscrit également dans la suite paradoxale des ouvrages prémonitoires de science fiction (Le Meilleur des monde & Retour au meilleur des mondes) de l’écrivain Aldous Huxley (1891-1963) pour qui “la dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader, un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude”. Ceci étant dit, Bernard Stiegler, philosophe et essayiste nous le faisait aussi très bien remarquer – dans une tribune datée de 2009 – en appuyant sur le fait que “notre modèle a détourné tous les désirs du consommateur vers les objets de consommation en se développant tout d’abord de manière heureuse (modèle fordien et keynésien) mais il s’est transformé par la suite en machine à détruire la libido. Alors règne la consommation addictive fondée sur la satisfaction immédiate des pulsions. Le résultat est que la société de consommation ne devient plus productrice de désirs mais de dépendances. C’est un modèle dangereux: le consommateur y devient malheureux comme peut l’être le toxicomane qui dépend de ce qu’il consomme mais déteste ce dont il dépend. D’où une frustration grandissante et des comportements qui inquiètent comme la destruction de la structure familiale, la peur des adultes à l’égard de leurs propres enfants ou une déprime généralisée conduisant aux extrêmes” (…)
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La seule victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine a rapporté 63.5 milliards de dollars aux dix plus grandes fortunes mondiales, selon l’indice Bloomberg Billionaires. CQFD