
Unions soviétique et européenne: mêmes mensonges et mêmes destins
Les parallèles entre l’Union Européenne de 2017 et l’Union Soviétique de 1989 sont troublants. Ces deux systèmes ne se targuaient-ils pas d’être «apolitiques», dans le sens d’être dirigés par une élite technocratique déconnectée de la vie réelle et des «vrais gens» ? Face à la stagnation économique, ces deux systèmes n’ont-ils pas réagi en faisant appel à des mesures incohérentes ayant davantage aggravé leur marasme ? Dès 1997, Milton Friedman n’avait-il pas prévu la fin de l’Union Européenne à la faveur de la première récession venue ?
Toujours est-il qu’à leurs carences politiques et qu’à leur déficiences économiques, tant l’Union Européenne que l’Union Soviétique cumulent en outre une tare congénitale institutionnelle. A l’instar de l’Union Soviétique où Gorbatchev avait tenté en vain d’insuffler un vent nouveau avec sa «perestroika» et sa «glasnost», notre Union Européenne pourrit de l’intérieur car elle est irréformable. Le déficit démocratique est effectivement si poussé à son extrême aujourd’hui en Europe qu’il n’est même plus la peine de commencer à tenter de restructurer la bureaucratie bruxelloise. La perte de légitimité des plus hautes instances européennes a fait les ravages escomptés au sein d’une population européenne désormais blasée –et dégoûtée– qui se contentera de regarder avec une curiosité zoologique l’implosion européenne, à l’instar des soviétiques trop heureux de voir leur Union rendre l’âme.
Pour autant, la contradiction inhérente au système européen dépasse encore celle de la feue Union Soviétique. L’Union Européenne est rongée par un immobilisme destructeur qui exige encore et toujours plus d’abandon de souveraineté des nations membres et d’autonomie de peuples prix en otages de décisions incompréhensibles et déconnectées des réalités. En finalité, ces réformes éthérées décrétées dans des cabinets cloisonnés et hermétiques par des décisionnaires ayant autant de contacts avec le peuple que Louis XIV à Versailles donnent des coups de boutoir incessants à l’esprit même de la démocratie, censée théoriquement inclure l’ensemble des citoyens dans le processus décisionnel. Il est vrai que les pères de l’Europe concentrèrent sciemment tous leurs efforts sur l’union monétaire, au mépris de toute considération politique. Un peu comme s’ils en avaient peur et comme si le bonheur européen serait miraculeusement secrété par la monnaie et par l’économie…
De fait, tout comme l’Union Soviétique de l’époque, l’Union Européenne est modelée et conçue comme un rouleau compresseur à broyer des peuples. Tout comme la Révolution de 1917 –censée être la toute dernière-, l’Union Européenne est quotidiennement présentée comme le système ultime, quasiment comme la théologie messianique suprême ne souffrant nulle remise en question. Selon le modèle soviétique censé – par la grâce de l’abolition de la propriété et du marché libre- accoucher de l’Homme parfait, l’Union Européenne fut édifiée sur un mensonge radioactif exigeant jour après jour –comme un ogre– sa ration de souveraineté des Etats, pour prix d’un prétendu bonheur collectiviste. A l’instar de Brejnev, de Tchernenko et d’Andropov pertinemment conscients de cette hypocrisie, nos élites bruxelloises se complaisent dans leur rigidité bureaucratique et jouissent de la stagnation économique exigée par des critères européens débiles, car elles se rendent compte –exactement comme avec l’Union Soviétique de Gorbatchev– que leur Union est irréformable. Pire encore :que toute tentative de lui insuffler vie et démocratie participerait activement de son implosion. Et pour cause :que peut-on faire avec un fruit pourri ?
Tout comme les tentatives désespérées de Gorbatchev qui avaient accentué le repli sur soi d’une élite agonisante, la seule réponse européenne suite à la crise de 2008 fut de préserver sa routine institutionnelle aux dépens du salut et du bien-être de ses populations. Aujourd’hui, les Eurocrates sont notre nouvelle nomenklatura jalousement agrippée à ses sinécures et bloquant –en toute logique– toute tentative de redonner voix et autonomie à des peuples meurtris, tout simplement oubliés, à qui l’on n’a de cesse de répéter que leur salut ne viendra que de la supranationalité, leur prospérité que de la globalisation, et leur paix que de l’Union.
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Michel