Vous avez dit « démocratie » ?

avril 23, 2010 0 Par Michel Santi

Nos pays Occidentaux seraient-ils devenus des Républiques Bananières? S’il est vrai que collusion entre pouvoir public et oligarchie est une constante qui débouche systématiquement sur une confiscation des profits et sur une mise en commun des pertes, alors nous sommes bien en république bananière…

Roubini n’affirme-t-il en effet pas que “ceci est une crise de solvabilité (…) car les pertes des institutions financières ont été socialisées et reportées sur le bilan de l’Etat.”?

Stiglitz n’évoque-t-il pas un “socialisme pour les riches”?

Et Taleb ne déplore-t-il pas que la masse des passifs “appartient aujourd’hui au Gouvernement (…) qui les transformera en dettes à régler par nos enfants et petits enfants”?

Depuis l’éclatement de cette crise en 2007, la stratégie des Etats-Unis – et de certains Etats Occidentaux – a consisté à absoudre la finance et à exiger des sacrifices à un citoyen qui se devait d’ingérer les ardoises des Banquiers et à qui l’on expliquait que la croissance économique passée avait en réalité été édifiée sur du vent! Les Etats-Unis, et avec eux l’Union Européenne qui était pertinemment au fait des tricheries grecques, des excès espagnols, de la folie des grandeurs irlandaise, etc… – sont des républiques bananières (sans banane! ) qui animent et transforment nos économies en partie de poker dont les jetons ne sont distribués en quantités suffisantes qu’à certains joueurs privilégiés.

En réalité, Banques Centrales et autorités économiques – bien conscientes que ce jeu d’un capitalisme tronqué ne saurait perdurer que si les joueurs mineurs disposent d’un minimum de liquidités – prodiguent parcimonieusement ces jetons à ceux qui en ont le plus besoin – les consommateurs – et ce dans le seul but que cette partie, lucrative pour une infime minorité, ne se termine pas. Il est inutile de se lancer dans de savants débats opposant adeptes de Keynes à ceux de Friedman ou droite contre gauche car les dés sont pipés sinon pourquoi nos Gouvernements n’auraient-ils pas distribués ces gigantesques liquidités créées ces derniers mois directement et sans l’intermédiation du système financier au citoyen-consommateur qui, lui, aurait ainsi contribué à une rapide sortie de crise?

En réalité, jetons et liquidités sont concentrés dans les mains d’une infime minorité pendant que les autres (petits) joueurs sont priés d’emprunter pour continuer la partie! Nos démocraties s’accommoderont-elles éternellement de la défense et de la préservation systématiques de certains intérêts privés? L’hyper concentration des richesses et des ressources est absolument et fondamentalement inconciliable avec les préceptes démocratiques et c’est pourquoi le sauvetage acharné des institutions financières ou l’usage des deniers publics pour payer de gigantesques rémunérations transforment insidieusement nos pays en Républiques Bananières o๠nous, simples citoyens, sommes réduits à l’état de figurants, voire de bêtes de somme…

En privilégiant une élite et en mettant au régime sec la masse des citoyens, nos dirigeants politiques et financiers tuent le capitalisme et mettent nos démocraties en péril. Car point de démocratie politique sans démocratie économique.

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