L’Europe étouffe de sa bureaucratie !

septembre 27, 2011 0 Par Michel Santi

La bureaucratie, la technocratie, bref l’eurocratie se rend enfin compte de l’extrême urgence de la situation du continent sur lequel elles règnent. Alors que les débats s’enlisaient pendant de nombreux mois à propos de ce que l’Union ne devait pas ni ne pouvait entreprendre, il s’orientent aujourd’hui vers les possibles solutions à apporter au mal européen endémique. Il a donc fallu que les marchés décrochent pour accélérer leur cadence apathique vers un mécanisme de sauvetage nettement plus conséquent (on évoque des chiffres de l’ordre du millier de milliards d’Euros !) et vers une intégration fiscale progressive, clé absolue de la pérennité du projet européen. 

 

L’Allemagne se résigne donc lentement – mais sûrement semble-t-il – à des concessions substantielles, signe qu’elle a enfin compris que ses intérêts vitaux ne seront préservés que dans le cadre de l’union monétaire. A cet égard, la démission de son poste à la BCE de Jürgen Stark – mal accueillie par l’ensemble des opérateurs et observateurs – fut en réalité salutaire puisqu’elle consacrait – et démontrait – le renoncement des tenants de la ligne dure contre la Grèce et les autres « cigales » européennes. En fait, le ton qui était récemment monté à l’encontre de ces nations présageait de leur prochain échec à convaincre leurs propres autorités et c’est ainsi que Madame Merkel put enfin publiquement admettre il y a quelques jours que l’Allemagne ne laisserait jamais la Grèce sortir de la zone Euro. N’est-il pourtant pas déplorable que ce soit sous la menace d’un crack boursier qu’elle reconnaisse que la Grèce ne constituerait que la première victime de spéculateurs qui s’attaqueraient alors à d’autres pays en difficultés ? Conclusion de Madame Merkel, prévision effectuée il y a de cela une année par certains analystes lucides : seul un petit groupe de nations resteraient dans l’Euro qui s’apprécierait dès lors irrémédiablement en perdant tous ses avantages…

 

Pour autant, les autorités européennes devront passer par le très long chemin de croix des ratifications parlementaires nationales et ce pour l’intégralité des mesures de soutien. C’est ainsi que le Bundestag votera cette semaine l’élargissement des attributions du Fonds de Stabilité (destiné en réalité à secourir les banques allemandes et françaises) avant de voter en Octobre une autre tranche de prêt en faveur de la Grèce et de se prononcer en début d’année prochaine sur un authentique mécanisme supposé remplacer le Fonds de Stabilité. De même, aura-t-il à statuer d’ici là sur un troisième plan d’aide à la Grèce, voire sur des seconds programmes de subsides en faveur de l’Irlande ou du Portugal… qui nécessiteront chacun un vote séparé succédant à de multiples débats. Etapes similaires obligées dans la quasi-totalité des membres de l’Union qui devront ratifier même la moindre des mesures avec un risque de blocage en Finlande et en Grèce où, pour mémoire, le récent plan d’austérité n’a pu passer l’épreuve parlementaire qu’à une majorité de cinq voix ! Autrement dit, à supposer même que les dirigeants s’entendent et s’accordent enfin sur des amendements substantiels à l’édifice européen, l’incertitude règnera toujours quant aux ratifications nationales. Comment s’étonner dans un tel contexte trouble que la politique européenne soit systématiquement et éternellement à la traîne et comme en retard d’une – voire de deux – guerres ?

 

Sans négliger la problématique majeure – intrinsèquement allemande – des exportations de ce pays vers ses confrères de l’Union et alors même qu’il exerce d’intenses pressions pour une rigueur généralisée au lieu de plaider pour un rétablissement de la croissance via une relance de la demande. En effet, par quel tour de passe-passe des nations ayant subi une réduction dramatique de leurs dépenses  publiques et une majoration de leur taxation seraient-elles bien capables de puiser croissance et nouveaux emplois dans une conjoncture où leurs PME – souvent fortement endettées – ne parviennent plus à investir ? Comment lutter à armes égales sur le marché européen avec l’Allemagne alors que seules les exportations sont en réalité susceptibles de tirer ces pays sinistrés de leur marasme sans aucun moyen de dévaluer leur monnaie pour promouvoir leurs exportations? Comment expliquer à l’élite dirigeante européenne qu’elle se fourvoie totalement à s’entêter dans le dogme de l’austérité ?

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