Le Dollar n’est plus Empereur mais est-il encore Roi?

juillet 19, 2010 0 Par Michel Santi

La roue tourne en effet car, étant généralement considéré comme une des valeurs refuges de prédilection en période de tourmentes, le billet vert se retrouve aujourd’hui à l’épicentre des problèmes de ce monde. En fait, après avoir anticipé la déchéance de l’Euro, les marchés et investisseurs ont rapidement changé de psychologie en bradant ces dernières semaines le Dollar sous prétexte que l’économie Américaine sombrerait à nouveau dans le marasme… Très mauvaises statistiques économiques US combinées à un endettement public global de ce pays frôlant 100% de son P.I.B. et à un déficit budgétaire dépassant 10% de son P.I.B. ont attisé cette hantise du “double-dip”.

Il faut dire que les dernières minutes publiées par la Réserve Fédérale et faisant état d’un enlisement probable dans la déflation dans un contexte où les taux d’intérêts seraient maintenus au zéro actuel pendant un temps indéterminé n’ont pas vraiment contribué à dissiper ces craintes. Ainsi, et en dépit d’un montant de l’ordre de 1’750 milliards de Dollars injectés dans le système, la Fed semble abattue par les performances peu réjouissantes de son économie et s’apprête à renouveler les injections de cortisone-baisses-de-taux-quantitatives tout en reconnaissant que l’activité pourrait ne regagner ses niveaux d’antan qu’en 2016!

C’est donc dans un tel contexte que le billet vert semble vaciller de son piédestal où il régnait jusque là quasiment sans partage dans l’univers très fermé des devises de réserves mondiales, ce rôle étant quelque peu rogné depuis une petite décennie par l’Euro. De fait, les Banques Centrales et autres grosses institutions mondiales – dérangées par sa volatilité excessive ces dernières années – préparent déjà l’alternative où le successeur à ce Dollar (néanmoins toujours détenu à hauteur de 64% dans les réserves étrangères) ne serait en tout cas pas l’Euro… En effet, les agences spécialisées des Nations-Unies comme la Chine ou d’autres nations non Occidentales qui comptent de plus en plus sur l’échiquier mondial lorgnent attentivement en direction des Droits de Tirage Spéciaux du F.M.I.

Cette monnaie de réserve internationale crée en 1969 qui n’est pas une monnaie fiduciaire (dans le sens où elle ne peut servir de moyen de paiement au jour le jour pour le consommateur) et basée sur un panier de devises comme le Dollar, l’Euro, le Yen ou la Livre Sterling n’est à l’évidence pas aussi volatile qu’une seule et unique monnaie – quelle qu’elle soit – considérée isolément. C’est pourquoi, à la faveur de la crise financière qui a remis au goût du jour le besoin impératif de diversification – en tout cas pour des Banques Centrales soucieuses de stabiliser leur bilan -, il est aujourd’hui temps d’alléger graduellement leurs réserves en une monnaie – le Dollar – qui, bien que s’étant apprécié pour solde ces derniers mois a tout de même perdu le quart de sa valeur (par rapport à l’Euro) ces huit dernières années! Ce scénario étant particulièrement redoutable pour des Banques Centrales Asiatiques qui détiennent des proportions considérables de billets verts parmi leurs réserves et ce dans un contexte où le rendement sur les papiers valeurs US est en outre tout à fait négligeable…

Bref, les DTS – soutenus en leur temps par Keynes – ne font pas encore l’unanimité mais le Dollar est de plus en plus contesté.