La saignée, la purge ou le lavement ?

septembre 10, 2011 0 Par Michel Santi

On le sait, on le sens et on le lit partout: l’économie globale traverse une des périodes les plus incertaines et les tourmentées des temps modernes. Ce que l’on nous dit moins en revanche, c’est que l’interconnection et interdépendance des économies – en fait la globalisation – ne fera qu’exacerber ces tensions. Et l’idée ou l’espérance selon laquelle les nations émergentes viendront nous sauver la mise
– à nous occidentaux – tout en délivrant le monde entier de son marasme est plus que saugrenue. Comment diable ces pays pourraient-ils tirer ne serait-ce que leur propre épingle du jeu alors que leur prospérité est entièrement basée sur leurs exportations précisément vers un occident qui n’a plus les moyens de sa consommation? Car ne nous y trompons pas : le nerf de la reprise sera la consommation et, à cet égard, les prévisions de croissance globale sont encore trop optimistes, en tout cas ne reflètent pas une réalité quasiment désespérée.

 

C’est en effet la tempête parfaite qui se prépare car l’austérité concoctée par nos Etats a bien peu de chances de déboucher sur les résultats escomptés. Comment un climat général oppressant de rigueur (à l’instar de celui qui commence à s’installer aujourd’hui dans nos mentalités et dans nos actes) est-il susceptible de relancer une consommation qui a, au contraire, un besoin impérieux de bonnes perspectives d’avenir ? C’est pourtant exactement l’inverse qui se profile de nos jours grâce au concours actif de nos gouvernements : l’austérité – qui s’accompagne tout naturellement d’une perte sévère de confiance – pèse sur la consommation et sur le chômage avec une propension nettement réduite à la prise de risque ou tout simplement à l’esprit d’entreprenariat de la part de nos acteurs économiques… En fait, la mixture que l’on nous force boire semble d’autant moins digeste que les Keynésiens se contentent d’étudier les expériences du passé en espérant en tirer quelque remède à nos maux actuels et que les théoriciens au service des Banques Centrales utilisent des modèles dépassés.

 

La vérité est que le système – notre système économique et financier – se retrouve aujourd’hui à l’état de panne totale en dépit de taux d’intérêts (américains entre autres) et de rendements du Bons du Trésor qui sont à leur plus bas niveau depuis 60 ans ! Pourtant, les acteurs économiques et financiers en sont toujours au stade puéril – ou inconscient ? – d’appeler de leurs vœux encore et toujours plus de baisses de taux quantitatives américaines quand il est aujourd’hui devenu évident que les précédents et fort généreux rounds n’ont pu ni su relancer de manière durable la demande agrégée ou l’emploi ou le marché immobilier (aux USA)… Nos économies modernes sont toutes devenues japonaises et certains espèrent encore que des réductions supplémentaires de taux d’intérêts feront un miracle… n’ayant pas eu lieu au sein même du pays en ayant usé et abusé.

 

Que nos dirigeants admettent que la situation se complique sérieusement, voire qu’elle devient inextricable : c’est le probable défaut de paiement de certaines nations, c’est l’austérité qui siphonnera de manière certaine le peu de croissance dont nous bénéficions, c’est la montée incompressible du chômage, c’est le deleveraging (réduction des endettements) parmi les ménages et les entreprises, c’est la descente aux enfers de l’immobilier US, c’est la perte de confiance en nos gouvernants, c’est la guerre des monnaies (dont le tout dernier rebondissement est l’épisode tragi-ridicule de la Banque Nationale Suisse qui lutte contre son Franc fort), c’est la dérision d’un G 20 pitoyable qui pense encore berner le monde avec force déclarations d’intention… notre monde et son système financier en sont à l’état de moribond alors que c’est sempiternellement les vieilles recettes qui nous sont encore et toujours servies.

 

Faudra-t-il donc en passer par la douloureuse case des bouleversements sociaux pour leur faire comprendre que ce n’est vraiment pas des injections supplémentaires de liquidités qui soulageront durablement un système usé jusqu’à la corde ? Car il ne set à rien d’entretenir l’illusion de richesse pendant encore quelques mois, voire un an ou deux, si c’est pour retomber encore plus bas par la suite. Pourquoi – par exemple – ne pas commencer de suite à mettre en faillite certaines banques qui ne représentent plus pour nos économies que des boulets …ou des parasites?

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